MosaikHub Magazine

Le choix du 21e Premier ministre est-il dans l’impasse ?

jeudi 26 juillet 2018 par Charles

Editorial -

La mise en scène qui s’est déroulée lors de la séance d’interpellation du Premier ministre Jack Guy Lafontant le samedi 14 juillet 2018, à la Chambre des députés, constitue un acte inédit d’un Premier ministre depuis l’entrée en vigueur de la Constitution de 1987.

Aucun Premier ministre interpellé par l’une des deux chambres n’avait utilisé cette procédure maladroite pour annoncer sa démission devant une assemblée à la suite de l’intervention de l’un des députés interpellateurs sur la raison d’être de la séance. Ce cas d’espèce ne pourra pas se reproduire sous forme de précédent, étant donné qu’il constitue une entorse à la procédure législative en la matière. Deux des six Premiers ministres interpellés, à travers l’histoire de ce régime politique en vigueur, en l’occurrence Jean-Marie Chérestal et Michèle Duvivier Pierre-Louis, qui avaient remis leur démission, ne s’étaient pas présentés au Parlement. La présence de Jack Guy Lafontant avec son cabinet ministériel devant la Chambre des députés est la preuve qu’il n’avait pas remis sa démission au président de la République avant de se présenter au Parlement.
En dépit de la déclaration publique du chef de file du groupe majoritaire à la Chambre des députés, vingt-quatre heures avant la séance d’interpellation, mettant le gouvernement sur la sellette, Jack Guy Lafontant était encore confiant samedi matin en se rendant au Parlement. Les dégâts causés par l’augmentation des prix des produits pétroliers, les 6 et 7 juillet 2018, ont poussé les parlementaires proches du pouvoir à avoir une lecture différente de leur rapport avec le gouvernement. Les critiques de différents secteurs sur la responsabilité du gouvernement dans la mauvaise gestion de ce dossier ne sauraient les laisser indifférents. Il revient aujourd’hui au président de la République de jouer sa partition, conformément à la Constitution en vigueur, afin de trouver les voies et moyens nécessaires à la gestion de ce climat d’incertitude susceptible de nuire à la stabilité des institutions.
Etant donné qu’aucun parti politique n’est majoritaire dans les deux chambres, le président de la République dispose de la latitude de consulter différents secteurs de la vie nationale avant de se fixer sur un choix consensuel capable d’inspirer confiance. Dans cette conjoncture controversée, il ne sera pas de bon ton pour Jovenel Moïse de choisir une personnalité qui ignore le fonctionnement de l’administration publique au même titre que Jack Guy Lafontant. Ensuite, il faudrait que ce soit un homme ou une femme de bon commerce. Si le chef de l’Etat parvient à diriger son choix de cette façon, son calvaire ne sera autre que les négociations avec les parlementaires. Aucune autre législature ni des sénateurs en fonction n’ont jamais été aussi insatiables que ces parlementaires actuels. Mis à part les privilèges de toutes sortes dont ils jouissent, les députés et sénateurs vont exiger des postes ministériels et des prébendes mirobolantes pour approuver la politique générale du 21e Premier ministre. L’approbation de la politique générale du Premier ministre par les deux chambres ne devrait pas être conditionnée à l’attribution de postes ministériels à chaque bloc politique.
Jovenel Moïse n’est-il pas dans une impasse politique ?
Bonneau2005@yahoo.com

Lemoine Bonneau
Auteur


Accueil | Contact | Plan du site | |

Creative Commons License

Promouvoir & Vulgariser la Technologie