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Nos plus gros contribuables

dimanche 21 octobre 2018 par Charles

Le Nouvelliste publie dans cette édition la liste des deux cents plus grands contribuables du pays. Entendez par-là les entreprises qui paient le plus de taxes dans le pays et qui sont répertoriées par la Direction générale des impôts (DGI).

Editorial -

La Unibank occupe la première place dans le palmarès pour l’exercice fiscal 2017-2018. La banque cinq étoiles a payé au fisc pour l’exercice 2017-208 la somme de trois milliards trois cent vingt millions de gourdes et des poussières (Gourdes 3.320.964.210,19). La Maison Villedrouin et Co Succrs, classée 200e, a payé onze millions de gourdes et des poussières (Gourdes 11.992.721,89).
Pour compléter le gros des rentrées fiscales, il existe une autre liste, celle des deux cents plus grands importateurs, selon les statistiques de l’Admintration générale des douanes (AGD). Le journal se propose de la publier ultérieurement.
L’AGD et la DGI collectent la quasi-totalité des recettes qui alimentent le Trésor public. Bien entendu, il y a d’autres apports qui complètent la partie ressources du budget national, mais ces deux entités représentent le gros de l’effort endogène.
Sur la liste des deux cents plus grands contribuables, figurent les principales entreprises du pays. Il y a aussi le gros des entrées. Qu’en est-il de ceux qui ne sont pas dans la liste des deux cents ? Sont-elles moins importantes que celles qui y sont ou déclarent-elles moins ?
Ces questions demeurent sans réponse depuis que les taxes existent. L’État ne perçoit jamais tout ce qui lui est dû.
Si la taxe sur le chiffre d’affaires (TCA), celle sur la masse salariale, l’impôt sur le revenu des individus (IRI) et l’impôt sur les sociétés constituent les principales mamelles de la fiscalité, il existe des veines ouvertes où une vraie hémorragie rend exsangue le Trésor public.
En tête de liste, il y a la frontière avec la République dominicaine. Autant les échanges commerciaux augmentent entre les deux pays, autant le manque à gagner joue en défaveur d’Haïti.
En douane en général, sur toutes nos frontières (maritime, terrestre et aérienne) il y a toutes sortes de formes de contrebande, d’évasion et de sous-facturation qui grèvent le potentiel des recettes de la TCA. Les faux bilans, les chiffres d’affaires non déclarés et les taxes sur le pétrole non perçues complètent le tableau des pertes, taxes non perçues et coulages qui affectent les recettes.
Ajoutez à cela les individus et les entreprises qui échappent totalement à la taxation, les champs d’activité qui ne sont pas dans les radars de l’administration fiscale, et vous aurez un portrait des milliards qui ne sont pas perçus et les services qui ne peuvent pas être donnés à la population.
Depuis l’indépendance, taxer et collecter sont des enjeux que l’État haïtien ne maîtrise pas. Les efforts entrepris pendant l’occupation américaine ou dans les années 80 avec les ministres réformateurs comme Marc Bazin, Frantz Merceron ou Leslie Delatour n’ont pas été jusqu’au bout de leurs visées.
En 2018 comme en 1805, il y a un consensus national pour payer le moins possible à l’État. Qui pis est, nous ne sommes pas tous égaux devant l’impôt ni même tous soumis à la taxation.
Haïti va mal parce que nous ne construisons pas l’État haïtien à partir de nos redevances envers cet Etat. Si tous nous payions tous, nous serions sans nul doute plus exigeants. Et les résultats seraient meilleurs.

Frantz Duval
Auteur


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