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La désillusion chilienne

jeudi 8 novembre 2018 par Charles

Editorial -

Le rêve chilien est vite transformé en désillusion pour certains de nos compatriotes. Ces derniers, après avoir dépensé les yeux de la tête pour se rendre au Chili, ont accepté, sans se faire prier, l’aide du gouvernement chilien pour retourner au bercail. Un premier groupe de plus de 150 compatriotes est arrivé à l’aéroport Toussaint Louverture ce mercredi. D’autres vols payés par le gouvernement chilien vont suivre.
Le rêve d’intégrer la société chilienne a vite tourné au cauchemar pour les centaines d’Haïtiens qui se sont inscrits au plan de retour volontaire en Haïti. « Lakay se lakay », reconnaissent nos compatriotes qui fuient les dures conditions de vie qui leur sont imposées au Chili. Ces derniers ont expérimenté l’autre face de la migration à laquelle l’opinion publique n’est pas toujours attentive. La migration n’est pas que les acteurs de cinéma, les artistes, les sportifs qui font des exploits dans leur pays d’accueil, mais c’est aussi ceux qui sont exclus du marché du travail et qui sont condamnés à vivre en marge de la société. C’est cette triste réalité que nos compatriotes ont choisi de fuir au Chili en raison des incertitudes qui planent sur leur avenir en Haïti.
Cette situation était prévisible depuis l’élection de Sebastián Piñera à la tête du Chili. Si les conditions imposées par le successeur de Michèle Bachelet, celle qui a favorisé l’arrivée des Haïtiens au Chili, ont favorisé la régularisation de bon nombre de nos compatriotes, elles ont cependant poussé d’autres vers la sortie. Quel accueil réserve-t-on à ceux qui nous reviennent ? Il n’y a pas de doute qu’ils auront besoin du support de l’État et de toute la société pour recommencer leur vie. Le support ne devrait pas être seulement économique, mais aussi moral et psychologique.
Ce support doit être plus que de belles paroles ou des discours. On se rappelle que l’ancien Premier ministre Evans Paul avait promis de recevoir dans la dignité nos compatriotes qui revenaient volontairement de la République dominicaine. On connait la suite.

Avec l’élection de l’extrême droite dans la plupart des pays de la région, on peut prévoir que nos compatriotes qui y vivent illégalement n’auront pas la vie facile. Une telle projection devrait interpeller les autorités politiques et les élites du pays à chercher des solutions aux problèmes qui poussent les Haïtiens à quitter le pays à la recherche de cieux plus cléments. Mettre fin à l’instabilité politique qui décourage les investisseurs tant haïtiens qu’étrangers devrait être notre premier objectif. C’est le prix à payer pour attirer des investisseurs dans le pays en vue de créer des emplois au profit de notre population active. Le pays pourrait ainsi retenir ses jeunes et recevoir dans la dignité ses fils et filles qui se font humilier à l’étranger.
C’est un objectif qui ne semble pas être à notre portée à court terme dans la mesure où les autorités politiques comme les élites continuent de voir Haïti comme une terre de transit.
Après le Chili qui nous ramène certains de nos compatriotes, les Etats-Unis, qui annoncent la fin du TPS accordé aux Haïtiens après le séisme du 12 janvier 2010, la République dominicaine qui cherche à se débarrasser à tout prix des illégaux haïtiens, attendons la surprise que le Brésil avec son nouveau gouvernement de droite nous réserve.

Jean Pharès Jérôme
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