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Monique Olivier : Michel Fourniret « m’a trompée sur toute la ligne »

mercredi 14 novembre 2018 par Charles

Michel Fourniret et Monique Olivier jouent des partitions séparées au premier jour de leur procès pour le meurtre de Farida Hammiche, qui se tient à Versailles (Yvelines).

Plus que leur biographie détaillée, que le président les invite tour à tour à raconter, c’est la façon dont Michel Fourniret et Monique Olivier se présentent dans le box de la cour d’assises de Versailles (Yvelines) que l’on scrute. Dix ans ont passé depuis leurs condamnations à la perpétuité pour avoir tué sept jeunes filles. Trente depuis l’assassinat pour lequel ils sont jugés - celui de Farida Hammiche, épouse d’un ex-codétenu dont ils voulaient s’approprier le magot et dont le corps n’a jamais été retrouvé. Alors bien sûr, qui plus est en prison, le duo a vieilli.
Lui, 76 ans, petit sec aux cheveux peignés en arrière et à la barbe blanche soignée, a l’allure d’un vieil homme, du moins tant qu’il se tait. « Physiquement ça va, moralement ça peut aller », confirme, en se raclant la gorge, celui qui souffre de surdité dès qu’une question ne lui sied pas. Elle, 70 ans, joues tombantes, yeux cernés, a la mine d’une femme épuisée dont la main tremble dès qu’elle veut mieux s’expliquer. « Je me suis rendu compte trop tard qu’il m’a trompé sur toute la ligne », exprime-t-elle plus tard en demandant pardon aux familles des victimes.

Sincère ? Qui sait, tant leurs réponses successives, sous couvert d’interrogatoires de personnalité, ont viré à l’échange de piques (lui) et de regrets (elle)… Comme si ce couple uni par le crime voulait signifier que leur divorce, prononcé en 2010, n’était pas que de papier.
« Lorsqu’il s’agit d’actes inexcusables, plus rien n’est à dire »
Un long silence. Bras écartés, ses grandes mains agrippées au rebord du box, Michel Fourniret se fait prier. « Lorsqu’il s’agit d’actes inexcusables, plus rien n’est à dire », entend-on. Ou : « A quoi bon étaler une rétrospective ! » Il répond pourtant, d’un phrasé abscons et ampoulé. Pourquoi, après le meurtre de Farida Hammiche, leur départ de l’Yonne pour les Ardennes ? « Je n’en ai pas souvenance. » Le choix du mari de la victime, l’ancien braqueur Jean-Pierre Hellegouarch, pour parrain de leur fils ? « C’est une figure, une personnalité exceptionnelle. »
Et ces propos aux psys sur Monique Olivier, qu’il traite de « pauvre créature », de « pure idiote » ou de « pétrin à modeler » ? « Je ne renie pas ces déclarations, un peu abusives, mais pas tout à fait infondées. »
« Si je ne l’avais pas rencontrée, tout cela ne serait pas arrivé »
Conseil d’Hellegouarch, et partie civile dans d’autres dossiers, Me Didier Seban connaît le bonhomme. Il insiste sur cet autre propos à un psy par lequel Fourniret attribue la responsabilité de ses meurtres à sa première épouse : « Si je ne l’avais pas rencontrée, tout cela ne serait pas arrivé. » Face à lui, Fourniret, qui jamais n’use du mot vierge, finit par perdre son calme : « Ce connard pas peu fier d’être puceau épouse une dame de sept ans et trois mois son aînée qui manquait d’inexpérience ! Elle lui dit : J’ai déjà fait dodo avec quelqu’un. Ces syllabes D-O-D-O (il les compte sur ses doigts) explosent comme un obus dans sa tête ! Pigé, mec ! »
Quand Monique Olivier se lève à son tour, accablée, lui se ratatine à l’opposé du box. De son récit de leurs dix-sept ans d’une vie commune, nouée par 750 pages de lettres maintes fois décryptées comme un pacte criminel, ne transpirent que solitude et contrition. « J’ai essayé de la quitter, mais je ne savais pas où aller », dit-elle. « J’ai fait le mauvais choix », répète-t-elle. « Je n’ai pas tué Farida ! » proteste-t-elle. Et la problématique de la virginité ? l’interroge Me Corinne Hermann. « Je me demande si c’était vraiment ce qu’il recherchait », lâche Monique Olivier, qui l’a pourtant tant aidé dans sa chasse aux jeunes filles.


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