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Jean Roody Aly dans son univers à lui…

lundi 3 décembre 2018 par Charles

Entre « le bal est fini » il y a quelques mois et « changer de métier » aujourd’hui, le ministre de la Justice, Me Jean Roody Aly, ne semble avoir que ses mots pour assommer les bandits qui gagnent du terrain, répandent la terreur. Sur d’autres sujets, le ministre Aly, dans un one man show, était presque dans un univers à lui…

National -

Le ministre de la Justice, Me Jean Roody Aly, a présidé une réunion avec l’état-major de la police et les commissaires du gouvernement des 18 juridictions du pays, au ministère, le vendredi 30 novembre 2018. L’un des motifs de la réunion, « harmoniser » les rapports entre ces entités en charge de la sécurité et de l’application de la politique pénale, sans que le ministre s’en rende compte, peut donner du grain à moudre. Cette synergie recherchée, parce que la police est l’auxiliaire de la justice, devrait être automatique dans les rapports entre ces deux entités de l’appareil répressif de l’État.
Plus volubile que précis, un tantinet langue de bois, abonné aux redites devant la presse, le ministre de la justice, Me Jean Roody Aly, a joué ou plutôt rejoué la carte de l’intimidation des bandits. Le ministre de la justice, il y a quelques mois, lors d’une visite à la prison civile de Port-au-Prince qui avait prévenu les bandits que le « bal est fini », a indiqué cette fois que les « bandits peuvent changer de métier ». « La place des bandits est au Pénitencier national. La police est mobilisée. Nous traquerons les bandits dans leur retranchement », a assené le ministre de la Justice, comme si la place des bandits, dans les sociétés normales, était ailleurs qu’en prison, comme si la mobilisation de la police, sa volonté d’être quotidiennement sur les talons des malfrats était si rare que cela devenait un évènement.
Entre le bal est fini et le conseil aux bandits de changer de métier, si une chose a changé, c’est l’insécurité et la peur qui prennent de l’ampleur ; ce sont les bandits comme Arnel, Ti Je, les assassins de Canaan, des bandits incendiaires de Carriès, les seigneurs de guerre de Martissant qui imposent leurs lois. Le ministre de la justice, Me Jean Roody Aly, le sait. L’un des objectifs de cette réunion, a-t-il ajouté, est de définir des stratégies « pour donner une réponse appropriée » aux bandits qui empêchent les citoyens de vaquer à leurs occupations, à ceux qui ont tué et brûlé des policiers, incendié et brûlé vifs les douaniers à Malpasse.
Le ministre de la Justice, interrogé sur le constat de faillite de l’État fait par Me Robert Conand Massé, de la direction juridique de l’AGD parce les quatre douaniers ont été brûlés vifs à l’intérieur du commissariat de Malpasse après avoir lancé des appels de détresse pendant sept heures, a esquivé la question. Il n’a ni nié ni reconnu cette faillite. Jean Roody Aly a indiqué que des enquêtes ont été diligentées « pour fixer les responsabilités dans ce qui s’est passé à Malpasse », que l’action publique a été mise en mouvement. « Nous voulons attirer votre attention sur le fait que cela ne doit pas se reproduire, que cela ne doit pas se répéter », a indiqué le ministre de la Justice, Me Jean Roody Aly, soulignant que la police a pris toutes les dispositions pour que les gens qui travaillent à Malpasse et ailleurs sur la ligne frontalière puissent travailler comme il convient. « Nous menons une lutte contre la contrebande. C’est difficile mais nous prenons toutes les dispositions avec la PNH et le commissaire du gouvernement pour renforcer la capacité de la police dans la zone frontalière », a promis le ministre de la Justice, autorité de tutelle de la PNH.
Sans que cela fasse grand bruit, le point de passage de Malpasse, étant la deuxième antenne de la douane à rapporter le plus d’argent à l’État, est maintenant en quatrième position à cause de la contrebande. Le ministre, pince-sans-rire, après la mise en déroute de l’État à Malpasse samedi dernier par un « puissant réseau de contrebandiers et trafiquants » dont les visages sont connus, selon la douane, ont indiqué que les autorités, dans le cadre de la réactivation de la commission nationale de désarmement, de démobilisation et de réinsertion décidée par le chef de l’État, entendent récupérer les armes des bandits et empêcher l’entrée d’armes et de munitions illégalement, par contrebande, sur le territoire. En ce qui a trait aux dénonciations du sénateur Joseph Lambert, président du Sénat ayant dénoncé l’intervention d’un parlementaire pour exfiltrer le chef de gang Arnel Joseph au moment d’une opération de la police à Cité-de-Dieu, le ministre de la Justice Jean Roody Aly n’a pas annoncé de réunion célère au plus haut niveau pour agir et poursuivre ce parlementaire ayant aidé l’homme le plus recherché en Haïti actuellement à passer dans les mailles du filet de la PNH. Personne n’est au-dessus de la loi. Il y a des procédures pour soumettre n’importe quelle autorité ayant commis un acte répréhensible devant la justice, a insisté le ministre de la Justice, Jean Roody Aly. « S’il est révélé que des parlementaires couvrent des bandits, la procédure nécessaire sera mis en branle pour établir la vérité »,a indiqué le ministre de la Justice, Me Jean Roody Aly. « Je ne veux pas croire qu’il y ait des autorités qui empêchent la police de fonctionner », a-t-il précisé, soulignant que nous sommes dans un État démocratique et que tout le monde doit contribuer pour permettre à chaque institution de faire son travail.
Le ministre, chantre de l’État de droit, de l’État démocratique mais assez transparent, discret alors que la juridiction de Port-au-Prince est paralysée depuis plus d’un mois par la grève des avocats qui réclament l’éjection du commissaire Clamé-Ocname Daméus du parquet de la capitale, a annoncé que « sous peu tout rentrera dans l’ordre ». Pour le ministre qui carbure au diesel, il est inacceptable que des citoyens ne puissent pas voir leur juge naturel à cause de la grève des avocats. Sensible aux revendications des avocats, Jean Roody Aly a indiqué qu’il faut « un dépassement de soi », un consensus pour trouver une solution ».
Pour le ministre de la Justice, soucieux du fait que la population ne peut pas s’occuper de ses affaires en toute tranquillité, la police « plus efficace », « fait un travail de titan » en dépit de ses problèmes d’effectif et de moyens. « La police est sur la bonne voie, elle donne de très bons résultats. La police est efficace », a insisté Me Jean Roody Aly qui ne fait pas grand cas de l’avis de l’ambassade américaine permettant au personnel non essentiel de quitter Haïti et décourageant ses ressortissants à venir au pays à cause des crimes devenus monnaie courante, des obstructions de routes sporadiques et imprévisibles lors de manifestation.
Le ministre de la Justice a fait savoir qu’il n’a pas à commenter une note interne de l’ambassade. Sa responsabilité, en tant qu’autorité, est d’assurer la sécurité de tous les Haïtiens. Interrogé sur ce qui est plus qu’une tendance des autorités à déplorer, condamner les actes de banditisme, de vandalisme et d’atrocité, Me Jean Roody Aly a assumé cette ligne mais souligné qu’il faut voir les actions effectuées par la police, dont les arrestations. Les réquisitoires définitifs et les poursuites effectuées par le parquet, au nom de la République, a expliqué le ministre de la Justice qui n’a pas eu un message particulier après que des individus lourdement armés ont attaqué, vendredi vers 2 a.m., la résidence du juge Dieunel Lumérant, en charge de l’instruction du dossier d’importation illégale d’armes et de munitions en septembre 2016 ayant conduit jusqu’ici à l’inculpation de l’ex-chef de la police, Godson Orélus, de l’ex-ministre de l’Intérieur, Réginald Delva. Pour Jean Roody Aly, il faut créer un cadre général de sécurité pour tous.

Roberson Alphonse
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