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Ronald Décembre : « La décote de la gourde, conséquence d’une série de décisions »

samedi 15 décembre 2018 par Charles

L’engagement pris par les autorités budgétaires et monétaires à travers le cash management, avant le début de l’année fiscale 2017-2018, s’est révélé néfaste. Cet engagement était insuffisant pour empêcher pour empêcher l’économie du pays d’être victime d’un niveau de financement monétaire record. Conséquences : accélération de l’inflation et décote de la gourde.

Economie -

Conscient de la responsabilité des décideurs, le ministre de l’Économie et des Finances, Ronald Décembre, intervenant ce vendredi sur les ondes de Magik 9, a déclaré que la décote de la gourde est la conséquence d’une série de décisions sans pour autant indexer personne. « Dès mon entrée en fonction en septembre dernier, j’avais signalé un niveau de financement qui avoisinait les 20 milliards de gourdes (...) J’avais exprimé, à ce moment et tenant compte du flux de gourdes injectées dans l’économie, mon étonnement de constater qu’il fallait seulement 70 gourdes pour un dollar », a rappelé le titulaire du Ministère de l’Économie et des Finances (MEF).
Quand dans une économie, a poursuivi le patron du MEF, il y a des injections de monnaies qui ne correspondent pas au niveau des ressources disponibles, c’est le taux de change qui paie le pot cassé. M. Décembre a aussi souligné le déficit enregistré dans la balance commerciale comme un autre élément dévastateur pour le change. « Le volume d’importations d’Haïti est autour de cinq milliards de dollars contre un milliard de dollars pour les exportations », a affirmé le ministre.
Au cours de cette interview, le ministre des Finances a compris la nécessité d’expliquer le concept de financement monétaire. « Le financement monétaire consiste à demander à la Banque centrale d’injecter des billets dans l’économie afin de couvrir des dépenses pour lesquelles il n’existe pas de ressources appropriées », a expliqué Ronald Décembre, précisant que quand il n’y a pas de ressources disponibles pour couvrir les dépenses, c’est la banque centrale qui intervient. « Quand il y a des déséquilibres budgétaire et fiscal qui renvoient à des injections de gourdes, les résultats ne sont autres que l’inflation et la dépréciation de la monnaie locale », a ajouté le ministre.
En réponse à un sénateur soulignant une explosion du financement monétaire qui, seulement durant les trois derniers mois de l’exercice fiscal écoulé, se chiffrait à 13 milliards de gourdes, Ronald Décembre a contredit ce montant. Pour lui, le niveau de financement monétaire pour le trimestre en question était autour de 11 à 12 milliards de gourdes. Pour expliquer cette augmentation du financement monétaire pour la période citée, le ministre a fait référence, entre autres, aux dépenses de fonctionnement de l’administration, à la prise en charge des missions diplomatiques et consulaires, au paiement des policiers.
Le financement monétaire implique la création de monnaie et une augmentation de la masse monétaire en circulation. « La surliquidité en gourdes dans le système a un effet sur le taux de change. Quand les gens disposent d’une quantité de gourdes importantes en main, ils partent à la recherche du dollar », a soutenu le ministre. Le ministre a fait savoir que la BRH dispose des instruments pour sécher la surliquidité dans le système et pourrait aussi procéder à des injections de dollars sur le marché de change. Toutefois, il a précisé que les injections de dollars exigent obligatoirement de puiser dans les réserves et pourraient provoquer d’autres problèmes.
Pour éviter d’être dans l’obligation de recourir au financement monétaire, le ministre préconise la discipline budgétaire et la discipline fiscale qui entretiennent des liens avec la politique économique et la politique monétaire.

Gérard Junior Jeanty
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