MosaikHub Magazine
Conseil permanent de l’OEA

Haïti abandonne le Venezuela de Nicolas Maduro au profit des États-Unis

samedi 12 janvier 2019 par Charles

À l’issue d’une réunion extraordinaire du Conseil permanent de l’OEA jeudi sur la situation du Venezuela, Haïti et 18 autres pays ont voté une résolution qui ne reconnait pas le second mandat du président Nicolas Maduro à la tête de la République bolivarienne. Six autres États ont voté contre, huit ont fait abstention et la Grenade n’a pas pris part à la séance.

National -

« Haïti n’est pas disposée à abandonner un ami comme le Venezuela du jour au lendemain. » La déclaration du ministre haïtien des Affaires étrangères, Bocchit Edmond qui a fait miroiter aux autorités vénézuéliennes un vote de support de la part d’Haïti environ 48 heures avant la séance. Il n’en est rien, en effet. Les autorités haïtiennes ont spectaculairement tourné le dos à Nicolas Maduro.
Dans son intervention avant le vote, le représentant permanent d’Haïti à l’OEA, l’ambassadeur Léon Charles, a déclaré, nous citons : « Les divergences légitimes et compréhensives qui existent quant à l’interprétation d’une situation dans un pays donné doivent être pour nous l’opportunité de prioriser les initiatives diplomatiques en vue de trouver les voies et moyens susceptibles de satisfaire les différents protagonistes. »
Il a rappelé qu’Haïti faisait partie des pays membres de l’OEA qui avaient visité la frontière entre la Colombie et le Venezuela. « Visite qui nous a permis de constater l’amplitude de la crise humanitaire à la frontière. Au terme de cette visite, la délégation haïtienne est parvenue à la conclusion suivante : une grave crise humanitaire existe sur les frontières colombo-vénézuéliennes avec des conséquences sociales, économiques et sécuritaires », a expliqué l’ambassadeur Charles.
« À court terme, les États membres de l’OEA se doivent de trouver des mécanismes afin de faire face à cette crise humanitaire qui touche de nombreux pays de la région », a exhorté le représentant d’Haïti à l’OEA.
« La République d’Haïti croit fermement que le triomphe de la gouvernance démocratique demeure la voie royale en vue de faire face à cette situation », a-t-il affirmé.
Comme pour nuancer son discours, l’ambassadeur Léon Charles a déclaré qu’à la fin de la séance il ne devrait y avoir ni gagnant ni perdant. « Le seul grand vainqueur devra être la démocratie », a-t-il affirmé avant de voter la résolution qui ne reconnait pas la légitimité du second mandat de Nicolas Maduro.
Les 19 pays qui ont voté la résolution contre le président Nicolas Maduro : Argentine, Bahamas, Brésil, Canada, Chili, Colombie, Costa Rica, Équateur, Etats-Unis, Guatemala, Guyana, Haïti, Honduras, Jamaique, Panama, Paraguay, Pérou, République dominicaine, Sainte-Lucie.
Les six pays ayant voté contre : Bolivie, Dominique, Nicaragua, Saint-Vincent et-les Grenadines, Suriname, Venezuela.
Les huit ayant fait abstention : Antigua et Barbuda, Barbade, Bélize, Salvador, Mexique, Sainte-Kitts-et-Nevis, Trinidad et Tobago, Uruguay.
La Grenade n’avait pas participé à cette première réunion de l’Organisation des
États américains pour l’année 2019.
Des informations laissaient croire que des autorités américaines exerçaient des pressions sur les autorités haïtiennes avant le vote pour les forcer à se positionner contre le gouvernement de Maduro.
Alors qu’à Washington les États membres de l’OEA se réunissaient sur la situation du Venezuela, à Caracas le même jour, Nicolas Maduro a prêté serment pour un second mandat qui doit s’étendre jusqu’en 2025.
En effet, jeudi, une trentaine de délégations internationales étaient présentes à Caracas pour la cérémonie d’investiture. Les seuls chefs de l’État régionaux étaient les présidents bolivien, Evo Morales, nicaraguayen, Daniel Ortega, salvadorien, salvador Sanchez Cerén, et cubain, Miguel Diaz-Canel.
La Chine, la Turquie et la Russie avaient également envoyé des délégués, mais ni les États-Unis ni l’UE n’étaient représentés. Haïti s’était fait représenter par son ambassadeur, Lesly David.
Elu pour un second mandat le 22 mai 2018, le ministre haïtien des Affaires étrangères d’alors, Antonio Rodrigue, avait déclaré au Nouvelliste, nous citons : « Nous avons pris note de la tenue des élections dimanche dernier au Venezuela qui, selon le Conseil électoral national, ont été remportées par le président Maduro. Nous saluons la victoire du président Maduro et nous souhaitons qu’il puisse travailler au rétablissement économique et social du Venezuela pendant ce nouveau mandat. »
Le chef de l’État haïtien qui, généralement, utilise son compte Twitter pour se positionner sur certains dossiers nationaux ou internationaux, n’avait rien twitté sur la réélection de Nicolas Maduro. Jovenel Moïse avait préféré ne pas communiquer lui-même sur ce dossier.
La situation économique et politique est pour le moins chaotique au Venezuela, un pays de plus en plus isolé. La population fait face à des pénuries alimentaires, médicales. L’inflation a atteint 1 350 000 % en 2018. L’ONU estime que, depuis 2015, environ 2,3 millions de Vénézuéliens ont fui leur pays, et prévoit que ce chiffre grimpe à 5,3 millions en 2019 à cause de l’effondrement de l’économie du pays.
Le Venezuela, ami de vieille date d’Haïti, est le seul pays qui a accepté de prêter de l’argent à Haïti. À travers le programme PetroCaribe, plusieurs milliards de dollars sous la forme de prêt ont été injectés dans l’économie haïtienne. La mauvaise gestion de ce fonds par les administrations de Préval, de Martelly et même de Privert pousse la population à demander des comptes.
Il faut rappeler que le 28 mars 2017, lors d’une rencontre de l’Organisation des États américains, Haïti avait déjà apporté son soutien inconditionnel au peuple vénézuélien, dénonçant le rapport du secrétaire général de l’OEA qui appelait à la suspension de la République bolivarienne de l’organisation et à des élections anticipées au Venezuela. Aujourd’hui, Haïti a tourné le dos au régime de Maduro, héritier de feu Hugo Chavez, grand ami d’Haïti.

Robenson Geffrard
Auteur


Accueil | Contact | Plan du site | |

Creative Commons License

Promouvoir & Vulgariser la Technologie