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Au Venezuela, l’armée détient la clé de la crise politique

samedi 26 janvier 2019 par Charles

Après que l’opposant Juan Guaido s’est déclaré chef de l’Etat « par intérim », le général Padrino a redit sa loyauté au « président légitime », Nicolas Maduro.

Le ministre de la défense vénézuélien, le général Vladimir Padrino, a donné une conférence de presse, jeudi 24 janvier, pour réaffirmer sa loyauté au « président légitime » du pays, Nicolas Maduro. STRINGER / REUTERS
C’est entouré du haut commandement militaire que le ministre de la défense vénézuélien, le général Vladimir Padrino, est apparu à la télévision, jeudi 24 janvier, pour réaffirmer sa loyauté au « président légitime » du pays, Nicolas Maduro. La veille, à l’occasion d’une manifestation de l’opposition, le président de l’Assemblée nationale, Juan Guaido, 35 ans, s’était proclamé « président par intérim ». Le général Padrino a dénoncé une « tentative d’instaurer un gouvernement de facto au Venezuela ».
« Nous serions indignes de porter l’uniforme si nous ne défendions pas la Constitution, notre indépendance et notre souveraineté. Nous avons promis de mourir pour la patrie et nous allons le faire », a précisé le ministre, ajoutant : « Nous remercions la volonté des gouvernements qui veulent favoriser une solution constitutionnelle. C’est sur elle que nous misons. »
Personne ne doute que le coup de force du jeune député a reçu l’accord, voire l’appui, de Washington. La question de savoir si l’opposition a concerté son action avec les militaires vénézuéliens se pose. « Sans appui de la force armée sur la scène intérieure, la transition est partie pour durer », considère le politologue Luis Vicente Leon.
« Le diable rôde dans les casernes »
Le président autoproclamé a été immédiatement reconnu légitime par le gouvernement de Donald Trump et le secrétaire général de l’Organisation des Etats américains, l’Uruguayen Luis Almagro. Mais seuls 16 des 32 pays de l’organisation ont reconnu la légitimité de M. Guaido au cours d’une session d’urgence, jeudi.
Washington ne cache pas son désir d’en finir avec le gouvernement de Nicolas Maduro. Jeudi, interrogé sur ses intentions au Venezuela, le président Trump a répondu : « Nous n’avons rien décidé, toutes les options sont sur la table. » Il avait déjà usé de la formule l’an passé. Mais une intervention militaire américaine ne semble pas à l’ordre du jour. Les Américains envisagent de renforcer les sanctions économiques. Le conseiller à la sécurité nationale, John Bolton, a indiqué que le gouvernement américain étudie comment « déconnecter le régime illégitime de Nicolas Maduro de ses sources de revenus ».
Lire aussi Venezuela : qui soutient Juan Guaido ? qui soutient Nicolas Maduro ?
Depuis des années, l’opposition guette le moindre signe de fissure au sein des forces armées. Jeudi, celles-ci semblaient encore faire bloc. Mais depuis plusieurs mois, l’exécutif multiplie les appels à l’unité et à la discipline des militaires. « Les soldats sont choyés par le pouvoir, mais leurs familles souffrent les conséquences de la crise, des pénuries d’aliments et de médicaments, de l’insécurité, comme toutes les familles du pays », résume Rocio San Miguel, présidente de Control Ciudadano. Selon ce petit centre d’étude des questions militaires, plus de 4 000 gardes nationaux ont déserté en 2018, las de leurs mauvaises conditions de vie.


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