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Alarive Jovenel… Jovenel pa ka kenbe m…

vendredi 1er février 2019 par Charles

National -

« Nou pa vle Jovenel. Fòk Jovenel ale ! » Il y a quelque chose de triste à entendre des propos pareils. De la bouche d’enfants qu’on pourrait croire perdus dans quelque lune ou jouant à la toupie, mais qui exercent comme les adultes leur droit à la colère et à la lucidité. De la bouche de simples citoyennes, ménagères ou personnel de maison peu portées vers la politique. De la bouche de simples citoyens qui se battent plus souvent pour survivre que pour changer la société. Du conducteur de véhicule de transport public au boulanger, en passant par l’enseignant… Du petit fonctionnaire à l’éternel chômeur… Dans les villes et dans les campagnes. Du bord de mer aux terres intérieures… Du morne à la plaine… De jour comme de nuit.
Et c’est encore plus triste quand le prénom vire au diminutif, quand rancoeur, rage et ironie se joignant, Jovenel devient Jojo, la façon de nommer signifiant déjà une volonté de disqualifier.
Quelle doit être la solitude d’un homme politique que personne ne semble aimer, apprécier, à part des proches et des sbires, des collaborateurs obligés ? Et encore, ce qu’ils disent en public n’est pas forcément ce qu’ils disent en privé. Oui, on peut éprouver une profonde tristesse à écouter les foules gronder tandis qu’un homme très seul veut parler de réussite dont lui seul est témoin, maintenir des promesses auxquelles personne ne croit, inviter à un dialogue que, pour la majorité des invités, seule son absence rendrait possible.
L’impopularité du président Jovenel Moïse est aujourd’hui telle qu’elle tourne à l’indignité. En moqueries, injures, expressions de rejet et de défiance, il bat même les records de certains parlementaires rendus célèbres aussi bien par leurs forfanteries que par leurs déconcertantes prouesses langagières.
Loin de moi l’idée de l’abîmer. Je souligne juste que le mot « menteur » revient souvent, auquel s’ajoute le mot « traître » depuis le vote honteux à l’OEA. Et qu’on entend partout et de quasiment tous des phrases comme « si Jovenel rete p ap gen peyi ankò », « Fòk Jovenel ale ». Quand cela semble devenir le sentiment général ou pour le moins majoritaire, quelle est la solution ?
Pénurie, dévaluation de la gourde, hausse des prix, gabegie, insécurité, impunité, « mensonges » (oui, le mot revient souvent) voilà ce à quoi les gens disent s’attendre si le président Moïse reste au pouvoir. Vont-ils s’asseoir tranquillement et attendre que ce qu’ils considèrent comme le pire s’installe dans la permanence ? On peut en douter.
Le président Moïse et ses sbires mesurent-ils l’ampleur du rejet et du désavoeu ? Ils serait temps qu’ils descendent du nuage pour voir la réalité. Pour eux. Comme pour nous.

Antoine Lyonel Trouillot
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