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Affaire des armes saisies à Saint Marc : un condamné aux États-Unis et le nom d’un sénateur dévoilé

lundi 4 février 2019 par Charles

La condamnation vendredi par un tribunal fédéral de Junior Joel Joseph, un ancien sergent du corps des marines des États Unis d’Amérique pour "conspiration" afin d’exporter délibérément et illégalement des armes et des munitions vers Haïti n’est pas une surprise.

National -

L’acte d’inculpation en béton armé laissait peu de place au doute. Au procès, le voile a cependant été levé sur l’identité du "politicien" haïtien ayant eu des contact avec Junior Joël Joseph lors de ses démarches pour faire dédouaner sans difficultés des armes et des munitions dissimulées dans un camion Mitsubishi, intercepté par les douanes haïtiennes, au port de St-Marc fin 2016. Ce politicien, selon les temps forts du procès rapportés par le Miami Herald, est Hervé Fourcand, sénateur du Sud membre du PHTK, le parti dans les rangs duquel sont sortis le président Jovenel Moïse et une kyrielle de sénateurs et de députés. Les textes message WhatsApp révélés par la poursuite montrent des conversations entre Junior Joel Joseph et le sénateur Hervé Fourcand, un frère du sénateur Fourcand et Edouard dont le sobriquet est "Dollar", un associé de l’ancien chef de la Police nationale d’Haïti Godson Orélus, lit-on dans le Miami Herald. « Ils étaient tous impliqués pour s’assurer que les armes arrivent en Haïti », a indiqué l’assistante du procureur, Adrienne Rabinowitz, citée par le Miami Herald.
Le 27 juin 2016, Junior Joël Joseph a négocié avec une personne en Haïti pour vendre les armes (166 fusils semi-automatiques et a reçu du sénateur Fourcand un message lui demandant des informations sur le camion et le nom du bateau, lit-on dans le Miami Herald. Junior Joël Joseph a agit ainsi bien qu’ayant été informé via email du Département d’Etat Américain, le 10 mai, ne pas avoir obtenu la licence d’exportation d’armes et de munitions pour sa compagnie Global Dynasty corps pour exporter des armes et des munitions en Haïti à cause l’embargo sur la vente d’armes vers Haiti mis en place par les États-Unis sur ces équipements après le coup d’état militaire contre Jean Bertrand Aristide en septembre 1991. " Avant même l’arrivée des armes et après le refus de lui délivrer les licences, Junior négociait avec le sénateur Fourcand concernant cet envoi (shipment)", lit-on dans le Miami Herald, citant Rabinowitz. Junior Joseph a donné des informations au sénateur en Haïti qui allait essayer de s’assurer que la « chose » (stuff) passe les douanes. Le sénateur Jean Hervé Fourcand n’est cependant pas inculpé dans ce dossier. Mais son nom ainsi que celui de l’ex-chef de la police, Godson Orélus, inculpé par la justice haïtienne en rapport à cette cargaison d’armes sont cités dans ce procès, lit-on dans le Miami Herald. L’avocat de Junior Joseph a jeté le blâme sur le frère du condamné, Jimmy Joseph le qualifiant de « serpent » ayant induit son client en erreur. Un précédent article du Miami Herald avait rapporté des informations sur une perquisition au local de l’entreprise de Junior Joel Joseph où des cartes du sénateur Hervé Fourcand et d’un autre gradé de la police ont été retrouvées. Anderson Sullivan, témoin du gouvernement des USA et investigateur de Homeland Security a témoigné au procès que Junior Joseph a partagé avec le sénateur Fourcand et son frère via whatsapp des documents de transport de la Mitsubishi contenant les armes et les munitions. Le dénommé Beary, ancien sheriff à Orange County et ancien investisseur à Point Blank, dans son témoignage au tribunal, a indiqué que Junior Joseph a mentionné qu’il a des contacts avec des gens occupant des positions de leadership en Haïti. Beary a témoigné avoir rencontré le sénateur Fourcand dans une église à Orlando sur requête de Junior Joseph. Ce dernier, a témoigné Beary, a parlé de la vente de gilets pare-balles et d’autres équipements de police en Haïti. Si le sénateur Fourcand n’est pas inculpé, il a cependant été interrogé par des investigateurs américains dans le cadre de ce dossier à l’aéroport international de Miami lors d’une visite aux États-Unis.
Le Nouvelliste a contacté le sénateur Hervé Fourcand pour recueillir son commentaire. Il n’a pas encore retourné l’appel ni répondu au texto du journal pour le moment. Mais une source proche du sénateur Hervé Fourcand s’est confié au journal.
« Junior Joseph a contacté
le sénateur mais il n’a pas levé le petit doigt pour aider au dédouanement du véhicule. Le sénateur n’était pas au courant des malpropretés que Junior Joseph avait dans le véhicule », a indiqué cette source. « Ce n’est pas la première que des gens contactent un sénateur pour les aider dans leurs démarches afin de payer moins à la douane. Je ne sais pas pourquoi c’est le sénateur Hervé Fourcand que l’on déteste ? », s’est interrogé cette source.

Quid du même dossier en Haïti… Le juge d’instruction de St-Marc, Luméran Dieunel, a rendu son ordonnance de clôture, lundi 3 décembre 2018, contre les inculpés en état, Godson Orélus, ex-chef de la police, et Sandra Thélusma, et les inculpés fugitifs Jimmy Joseph, directeur de Global Dynasty corps, de Junior Joel Joseph, Monplaisir Edouard, Ronald Nelson alias Roro Nelson, André Jonas Vladimir Paraison, haut gradé de la PNH, ex-coordonnateur de la sécurité générale du palais national, Durand Charles et Réginald Delva, ex-ministre de l’Intérieur et des Collectivités territoriales pour « trafic illicite transnational d’armes à feu et des munitions, contrebande, faux et usage de faux, blanchiment de capitaux et association de malfaiteurs ». Autour du 20 juin 2016 et du 6 août 2016, l’inculpé Jimmy Joseph, Junior Joseph et un complice « #2 » ont chargé 159 shotsguns, 5 AR 15, 2 Glock semi-automatiques et des boîtes de munitions dans un camion de marque Mitsubishi envoyé en Haïti autour du 6 août à travers le navire Monarch Shipping Lines via le port de Palm Beach. Avant la remise de l’ordonnance, deux résidences occupées par le juge d’instruction Dieunel Luméran ont essuyé des attaques armées.

Roberson Alphonse
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