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L’administration Moïse-Céant s’engage à se...

lundi 4 février 2019 par Charles

L’État vit au-dessus de ses rentrées, laisse filer le déficit budgétaire parce qu’il a recours au financement monétaire de la Banque de la République d’Haïti (BRH). L’économie casque, paie les conséquences des inconséquences de l’Exécutif de Jovenel Moïse qui, après avoir annoncé le cash management et bouclé le précédent exercice avec un niveau de déficit record, 24 milliards de gourdes, a signé avec la BRH un pacte de gouvernance économique et financière pour une gestion efficace des finances publiques

National -

L’Etat dépense plus qu’il ne rentre, a recours à la BRH pour financer monétairement son déficit de 24 milliards de gourdes pendant le dernier exercice. L’injection de plus de gourdes en Haïti où deux monnaies sont en circulation a généré de la volatilité sur le marché des changes. L’illustration est la dépréciation accélérée de la gourde par rapport au dollar, 15,8 % entre septembre et janvier. Le billet vert s’échange contre 82 gourdes et les prix s’envolent, 15,1 % d’inflation en décembre dernier. Ne pas agir, c’est entrer dans le mur. Ne pas agir, c’est « prendre le risque d’un dérapage du change que nous ne pourrons plus contrôler », a campé l’analyse du ministre de l’Économie et des Finances Ronald G Décembre, qui a rapporté l’importance accordée à la situation économique « préoccupante » par l’exécutif. Pour l’administration du président Moïse, incapable de tenir la promesse de mars 2017, avec Jack Guy Lafontant, de faire du cash management, la solution « structurelle » consiste à contenir le déficit budgétaire pour calmer la dépréciation et faire baisser l’inflation.
Pour ce gouvernement pas des plus populaires, l’action prend la forme d’un pacte. Le ministre de l’Économie et des Finances Ronald G. Décembre et le gouverneur de la BRH, Jean Baden Dubois, ont signé un « pacte de gouvernance économique et financière », au MEF, le vendredi 1er février 2019. L’État, à travers ce pacte, s’engage à assurer une gestion efficace des dépenses publiques et des moyens de règlement des factures pétrolières, a expliqué le ministre de l’Économie et des Finances. Le MEF, dans le cadre du pacte, s’engage aussi à veiller au maintien d’une bonne adéquation entre les ressources disponibles et les dépenses de l’administration centrale. Lorsque les ressources disponibles sont insuffisantes, le MEF ne pourra solliciter de la BRH qu’une avance, sur une base mensuelle, strictement estimée au montant des fonds nécessaires pour couvrir les dépenses essentielles, principalement les dépenses du personnel. La BRH est autorisée à ne pas honorer les autres dépenses ordonnancées sous forme de chèque ou de virement. À la fin de chaque trimestre, le total des avances doit être compatible avec le niveau du financement monétaire au 31 janvier 2019. Toutefois, quand les circonstances l’exigent, des avances supplémentaires sont autorisées sur une base temporaire consentie par la BRH aux taux du marché, lesquelles devront être remboursées avant la fin de l’exercice. Le MEF s’engage à établir un plan de trésorerie sur la base d’une programmation trimestrielle des dépenses élaborées de concert avec les autres ministères conformément aux dispositions de l’article 59 de la loi du 4 mai 2016 abrogeant le décret du 16 février 2005 sur l’élaboration et l’exécution des lois de finances, selon le protocole d’accord qui lie la BRH au MEF dans ces engagements pour une durée de 8 mois. La signature de ce pacte exprime une vision plus large de bonne gestion des finances publiques. Il va au-delà du cash management. « C’est une décision prise de concert avec le président de la République, le Premier ministre et l’ensemble du gouvernement », a insisté le ministre de l’Économie et des Finances Ronald G Décembre. Des garde-fous sont mis en place pour que ce pacte soit respecté. « Je n’ai pas d’inquiétude. Nous ne pouvons ne pas respecter ce pacte », a-t-il poursuivi, interrogé sur les promesses non tenues faites sous le gouvernement Moïse/Lafontant.

« Quand le problème est bien posé, on se rapproche de la solution », a estimé le gouverneur Jean Baden Dubois qui se réjouit de la décision de l’État de se serrer la ceinture, de s’imposer une discipline fiscale, de faire de l’austérité. La BRH, en charge de la politique monétaire, ne peut pas ramener l’équilibre quand l’État est en situation de déficit budgétaire financé monétairement. L’arrêt du financement du déficit permettra à la BRH d’être plus efficace, a soutenu Jean Baden Dubois, qui s’est dit peiné quand il est obligé de recourir à des mesures comme l’augmentation du coefficient de réserves obligatoires afin de réduire la quantité de gourdes en circulation pour éviter l’appréciation du dollar. Ces mesures réduisent le volume du crédit privé disponible et engendrent la hausse des taux d’intérêt, a détaillé le gouverneur Dubois. Il croit dans le succès de ce pacte de gouvernance économique et financière. Pour le numéro 1 de la BRH, on a tiré la leçon de l’échec de la dernière expérience de cash management.

Aucune annonce n’a été faite sur la réduction graduelle des subventions à l’Ed’H, aux produits pétroliers qui tournent annuellement autour des 400 millions de dollars us. Le changement de l’ADN de l’administration publique n’est pas encore dans l’actualité.
C’est dans les prochaines semaines seulement que les administrations, sur demande du Premier ministre Jean-Henry Céant, vont acheminer leurs inventaires au ministère de l’Économie, a informé le ministre de l’Économie et des Finances. Pourtant, lors des deux précédents exercices, les allocations dans la rubrique Biens et Services ont représenté plus de 50 milliards de gourdes.

Roberson Alphonse
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