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Le sénateur Willot Joseph détaille le partage des institutions entre élus

mardi 19 février 2019 par Charles

Le sénateur Willot Joseph est contre le départ de Jovenel Moïse. Il ne s’en cache pas et le dit à qui veut l’entendre.

National -

Il critique certains de ses collègues qui exigent la démission de Jovenel Moïse alors que ces derniers contrôlent certaines institutions clés du pays. Le chef de l’État ne serait donc pas seul dans la détérioration des conditions de vie de la population, selon Willot Joseph qui intervenait jeudi sur Magik 9. Ce lavage étalage de linge sale en public survient au moment où certains élus qui appuiyaient le président Moïse le lâchent.
« C’est le sénateur Jean Renel Sénatus qui a recommandé le ministre des Sports. Aujourd’hui, il exige le départ du chef de l’État », dénonce Willot Joseph.
Soulignant que le sénateur Youri Latortue était à la tête de l’une des branches des manifestations du 13 février visant à obtenir le départ du chef de l’État qui est arrivé il y a deux ans au pouvoir, Willot Joseph a expliqué que le parti politique de son collègue, AAA, contrôle des organismes juteux.
« L’Office national d’assurance-vieillesse (ONA), principal fonds de pension du pays, est contrôlé par Youri Latortue et Cholzer Chancy, tous deux dirigeants du parti Ayiti an aksyon (AAA). La Caisse d’assistance sociale (CAS) est entre les mains du sénateur Gracia Delva, également membre de AAA », révèle le sénateur du Centre connu pour son franc parler au Parlement.
Willot Joseph confirme que le Fonds d’assistance économique et sociale (FAES), organisme public au budget de plusieurs dizaines de millions de dollars, est sous le contrôle des sénateurs Carl Murat Cantave et Onondieu Louis.
« Le ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle revient au sénateur Kedlaire Augustin », confie-t-il.
Le président de la Chambre basse, le député Gary Bodeau, et le sénateur Rony Célestin ne sont pas en reste. « Ils ont le Bureau de monétisation des programmes d’aide au développement (BMPAD) », ajoute-t-il. Le BMPAD gère plus d’un milliard de dollars par an. En plus du monopole de l’importation des produits pétroliers, l’organisme public transforme pour le compte de l’État haïtien les aides reçus en nature en espèces.
Willot Joseph précise plus loin que le député de Delmas n’a pas que ça. « Le Service national de gestion des résidus solides (SNGRS), l’ancien SMCRS, est entre ses mains », révèle le sénateur Joseph. Le SNGRS est chargé de la collecte des détritus sur tout le territoire national.
L’Autorité portuaire nationale (APN), la Société nationale des parcs industriels (SONAPI) et le ministère du Commerce et de l’Industrie sont respectivement en la possession des sénateurs Hervé Fourcand, Wanique Pierre et Saurel Jacynthe, selon le sénateur et membre du bureau du Sénat haïtien Willot Joseph.
Mais il n’y a pas que les parlementaires qui se partagent les institutions. Willot Joseph a pointé du doigt Reynold Deeb, des entreprises Bongù, et le sénateur Rony Célestin qui avaient la haute main sur l’Administration générale des douanes (AGD). « Ils ne l’ont plus, mais Rony Célestin garde le contrôle sur les postes de douane sur à frontière », souligne le sénateur Joseph.
C’est ce même Rony Célestin qui détient le contrat estimé à plus de 60 millions de dollars américains pour approvisionner l’État haïtien en mazout, a confié le parlementaire.
« Aujourd’hui, il ne faut pas rendre Jovenel Moïse responsable de tous les problèmes. Le Parlement a aussi sa part de responsabilité », précise Willot Joseph, laissant entendre qu’il avait sollicité la direction générale du ministère des Travaux publics, Transports et Communication (MTPTC) qu’il n’a malheureusement pas obtenue.
Certaines sources affirment cependant que le sénateur Joseph exerce une très grande influence au sein du ministère de l’Intérieur et des Collectivités territoriales (MICT). « Je suis sénateur de la République, je peux aller chercher un service dans une institution publique ou trouver un emploi dans une institution publique pour certaines personnes », répond le sénateur en signe de justification.
« En dépit de sa bonne foi, le président Jovenel Moïse a les mains liées à cause de ces voleurs qui accaparent toutes les institutions », a déclaré Willot Joseph dans une interview accordée à une autre station de radio sur le même sujet et dont l’extrait circule sur les réseaux sociaux. Le problème du pays, selon le parlementaire, ne saurait se réduire au président Jovenel Moïse.
C’est la première fois qu’un élu, sénateur de la République, détaille avec autant de noms la fâcheuse pratique en cours au sein de l’État haïtien qui consiste à placer des ministères ou des organismes publics sou le contrôle de particuliers, surtout des élus.
Cette pratique soustrait ces ministères et organismes à l’autorité du Premier ministre, des ministres et des conseils d’administration quand il en existe. Dans certains cas, même le président de la République ne fait qu’assister au dépeçage des biens publics.
Pour le moment, aucune des personnalités citées par le sénateur Willot Joseph n’a réagi à ses propos.

Danio Darius
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