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Une propagande de bas niveau

dimanche 17 mars 2019 par Charles

Si l’une des mesures de l’indigence, de l’incompétence et de l’état de déliquescence d’un pouvoir est la qualité de sa propagande, nous avons atteint le pire et sommes dans la vase.

National -

Pour être précis, les propagandistes du pouvoir s’enlisent dans la vase. Attaques personnelles. Arguments fallacieux. Ridicules. C’est le mot d’ordre de pays locked qui fait que les fonctionnaires n’ont pas reçu leurs salaires, alors que des arriérés portent sur plusieurs mois. Qu’attendre de mieux, quand les porteurs du discours ont défendu tous les gouvernements qu’ils ont connus durant leur âge adulte ! Celui qui me paye a toujours raison. Lavalas aujourd’hui, jovenéliste demain.
Cela tourne à la farce. Un gros comique selon lequel c’est toujours la faute aux autres, et ne pouvant se réclamer d’aucune éthique puisque l’argumentaire est fondé sur la désolidarisation avec les discours revendicatifs. Quelle éthique que de dire je ne suis pas médecin, ce n’est pas mon souci s’il manque de soins de santé. C’est aussi bête que vulgaire et inhumain. Il faut croire en écoutant de pareilles âneries que seuls les médecins tombent malades.
Dans le service de propagande, permanents et contractuels, artistes désœuvrés, faux sages disent des choses très profondes (au sens de creuses) dans lesquelles il y a toujours de la place pour plus d’avilissement. Tout y passe : le vodou, l’art, l’économie, la démocratie. Rien ne sort avec dignité de ce type de discours. Ses porteurs les premiers. Mais ils ont fait leur choix. Que doivent en dire leurs parents, leurs enfants, leurs proches, ceux qui doivent bien aujourd’hui se rendre compte que c’est à tort qu’ils leur avaient supposé une humanité, une intégrité, une dignité ?
La flagrance du crime de sang, du vol, de la corruption est une chose. Mais la flagrance de la malhonnêteté du discours d’accompagnement et de légitimation de ce type de pratique est une chose bien pire. La preuve symbolique que cette société produit des monstres est moins la violence à laquelle la pauvreté, la désocialisation a réduit une partie de la jeunesse urbaine. Ce ne sont pas ces enfants devenus chefs de gangs qui témoignent de ce que nous avons fait de pire. Ce sont de préférence ces hommes de main de bouche, juristes-artistes-communiquants prêts à tout dire. Alors que, dans une société fondée sur l’inégalité, ils ont eu droit à une éducation, des revenus relativement stables, et même à la notoriété. Les réseaux sociaux ne les ratent pas, mais au-delà de la moquerie et du mépris qu’ils suscitent, on peut aussi se demander comment cette société a pu en arriver là.

Antoine Lyonel Trouillot
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