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Insécurité/Gangs armés

Les groupes armés passent à une nouvelle phase de violence

mardi 9 avril 2019 par Charles

En plus des braquages, attaques à main armée, cambriolages, assassinats et vols de véhicules, les gangs armés s’institutionnalisent. Ils envoient maintenant des correspondances pour exiger de l’argent, détournent des camions transportant toutes sortes de produits et font des prises d’otages. Tout cela au vu et au su des autorités… Insécurité/Gangs armés
Les groupes armés passent à une nouvelle phase de violence
En plus des braquages, attaques à main armée, cambriolages, assassinats et vols de véhicules, les gangs armés s’institutionnalisent. Ils envoient maintenant des correspondances pour exiger de l’argent, détournent des camions transportant toutes sortes de produits et font des prises d’otages. Tout cela au vu et au su des autorités…

Ces derniers mois à Port-au-Prince et maintenant dans certaines villes de province, l’insécurité n’est pas seulement l’individu armé qui blesse et qui tue pour de l’argent. C’est aussi un groupe armé qui écrit à une ambassade, à une ONG, ou à un ministère pour exiger de l’argent sous peine d’empêcher l’exécution d’un projet. Le Nouvelliste a appris qu’un groupe de bandits armés ont en effet envoyé une correspondance au ministère de l’Agriculture pour exiger une enveloppe de 20 millions de gourdes afin de ne pas bloquer la réalisation d’un projet dans le département de l’Artibonite.
Ce projet réalisé en partenariat avec l’ambassade de Taïwan vise à produire des semences de riz pour les planteurs de la région.
Le journal a aussi appris que ce même groupe armé avait kidnappé la semaine dernière un cadre du ministère de l’Agriculture.
Toujours dans le département de l’Artibonite où le chef de gang nommé Arnel Joseph se retranche depuis un certain temps, une vingtaine d’individus lourdement armés font la pluie et le beau temps dans la zone de Savien. Pour fonctionner, les chauffeurs des transports en commun achètent de ces bandits leur laissez-passer. Les véhicules privés sont systématiquement attaqués par ces criminels.
Ce sont eux qui auraient attaqué un convoi de la police nationale jeudi dernier qui revenait d’une opération à Marchand-Dessalines. Au cours de cette attaque, un policier a été tué et un autre blessé. Les policiers étaient en train d’emmener un des leurs, un agent de l’unité du SWAT, à l’hôpital quand ils ont été pris dans une embuscade tendue par les hommes d’Arnel. C’est à ce moment que le policier a été tué, a confirmé Ronsard St-Cyr, secrétaire d’État à la Sécurité publique.
D’un autre côté, une équipe faisant partie d’une mission canadienne qui se rendait dans le département du Nord-Ouest a essuyé des tirs non loin de la localité de Pont-Sondé. L’un d’eux a été atteint d’un projectile.
Dans le même registre de cette nouvelle forme d’insécurité, des bandits armés ont attaqué, le mois dernier, une délégation diplomatique dans la commune de Croix-des-Bouquets. Alors qu’elle inspectait un projet de forage réalisé par la fondation America Solidaria dans la zone de Boutin, en partenariat avec la DINEPA, l’ambassadeur du Chili accrédité en Haïti a été victime d’une attaque armée.
C’est la première fois qu’un diplomate étranger a été attaqué en Haïti. « Nous étions à Boutin à 10 heures et nous avons démarré la visite à 11 heures environ. Soudain, une camionnette fit irruption ; cinq individus armés sont descendus et ont commencé à tirer immédiatement sans rien dire. Un des premiers tirs a atteint le chauffeur de l’America Solidaria ; il a été apparemment tué sur-le-champ et un autre chauffeur de l’ambassade a été blessé à la main…C’était très difficile… Nous avons été sauvés de justesse. À un certain moment, nous étions tous par terre sous les balles des bandits… », a raconté au Nouvelliste l’ambassadeur Patricio Utreras.
Au même moment et dans la même zone, des bandits ont pris 10 personnes en otage qui travaillaient pour la Fondation America Solidaria. Ils avaient exigé la rançon de 7 000 dollars pour leur libération.
Par ailleurs, dans l’aire métropolitaine, de nombreux commerçants sont obligés de payer tous les mois des groupes armés pour ne pas être attaqués et/ou pour protéger leur commerce.
Au Bicentenaire, à la sortie sud de Port-au-Prince, le gang armé ayant à sa tête Arnel Joseph détourne régulièrement des camions transportant des produits alimentaires qui devaient alimenter les habitants du grand Sud. La semaine dernière, des commerçants ont gagné les rues à Jacmel pour dénoncer cette situation et appelé les autorités à assumer leurs responsabilités.
« Les commerçants de la place ont voulu exprimer leur ras-le-bol d’abord par rapport au dollar qui ne cesse de se renforcer au détriment de la gourde et occasionne conséquemment une hausse des prix des produits... Maintenant le pire, c’est le désordre généralisé au pays. Les marchandises des commerçants sont détournées par des bandits », se plaint le président de la Chambre de commerce du Sud-Est, Friteau Marc.
Les commerçants de Jacmel avaient même menacé d’entrer en désobéissance civile pour forcer les autorités à rétablir l’ordre et la sécurité dans le pays.
Ces gangs armés qui sèment la terreur un peu partout à travers le pays sont bien équipés et bien organisés. Ils ont même mis en place leur propre service de renseignement sur le terrain et ont des agents au sein de la police nationale. À titre d’exemple, Gabriel Faveur Désir, inspecteur principal cantonné au commissariat de police de Delmas, a été interpellé par l’Inspection générale de la PNH la semaine dernière. Selon Ralph Stanley Jean Brice, patron de l’IGPNH, il a été prouvé que ce fonctionnaire de police était continuellement en contact avec Arnel Joseph, chef de gang et le criminel le plus recherché en Haïti.

Robenson Geffrard
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