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Bloc-notes Tout le pays…

dimanche 16 juin 2019 par Charles

L’appel d’un groupe d’écrivains à la démission du président de la République a d’intéressant qu’il témoigne d’une conscience citoyenne à l’égard de la cité de la part de personnes engagées dans la production du discours. La pauvreté, l’injustice, la violence répressive… Il y aurait une certaine indignité à ne pas dire non. On se souvient du « remords » d’Eluard devant cette « malheureuse qui resta sur le pavé ».
Le consensus est fait. La majorité des structures associatives, les formations politiques, la rue, le simple citoyen réclament le départ du président. On ne peut demander à la seule rue, donc à ceux qui sont dans des situations extrêmes de précarité, de porter la pression. On ne peut s’asseoir tranquilles et attendre qu’ils montent des barricades, encombrent les carrefours de pneus enflammés, pour ensuite se faire traiter de casseurs et subir la répression aveugle de la part de membres des forces de police o de partisans armés de Martelly-Moïse-PHTK.
Les déclarations du chef de la police sont correctes, et tous les policiers ne se comportent pas comme des brutes. Il reste cependant vrai que la répression est terrible sur ces anonymes des quartiers populaires et sur des militants politiques. On ne peut pas accepter leur sort dans l’indifférence. On ne peut pas non plus souhaiter que la violence soit le chemin, car nous en serions tous les otages plus tard.
Si le consensus est réel, il faut que tous, j’entends par là tous les secteurs de la vie nationale, contribuent à mettre la pression pour obtenir ce que le pays veut. S’il faut le sacrifice de quelques jours, que tous y participent. On ne peut vouloir ce changement auquel nous aspirons et refuser de contribuer à son avènement. Oui, tous les secteurs de la vie nationale doivent s’entendre sur une action commune. C’est la seule façon d’accélérer le processus, sinon nous risquons de traîner encore longtemps dans le pourrissement. C’est la seule façon aussi de s’assurer que la société, dans son ensemble, aura son mot à dire sur les termes, les objectifs et la nature de la transition. C’est encore la meilleure façon de faire entendre à « l’international » qu’il s’agit bien d’une volonté nationale. Même si l’on a du mal à comprendre que qui que ce soit puisse encore soutenir la présidence Jovenel Moïse. (Personnellement, je prends pour une fausse rumeur, qu’il bénéficierait encore du soutien d’une ambassade européenne, celle-là même qui nous avait vendu le mythe de l’exportateur dynamique.)
La situation n’appelle ni au dandysme ni aux petis calculs mesquins. Et quelle bêtise que de vouloir tirer une satisfaction personnelle en misant sur une fausse normalité. Rien n’est normal. La norme est le pourrissement. Seul un vrai sursaut collectif nous en sortira. Ne demandons pas aux jeunes qui sont dans les rues, les uns à marcher pacifiquement, les autres à élever des barricades d’être les acteurs du changement. Nou pa mande yo lòk peyi a pou nou.

Antoine Lyonel Trouillot
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