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Petite révolution à la douane et à la DGI

mercredi 10 juillet 2019 par Charles

Il y a de cela un siècle, les Américains modernisèrent la collecte des impôts et des droits de douane en Haïti. Un siècle plus tard, ce sont encore les Américains qui sont à la manœuvre pour permettre à quatre institutions haïtiennes de pouvoir se parler en temps réel.

Grâce au projet IFMS (Integrated Financial Management System), la Direction générale des impôts (DGI), l’Administration générale des douanes (AGD), l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC) et le ministère de l’Économie et des Finances (MEF) vont pouvoir échanger en temps réel des données financières.
C’est une grande première dans la lutte pour la bonne gouvernance et contre la corruption. Ce pas, ce saut, cette révolution était souhaitée depuis des années par ceux qui constatent d’un simple coup d’œil sur les statistiques disponibles comment des hommes d’affaires, avec ou sans la complicité de fonctionnaires, détournent les taxes dues à l’État haïtien, sous-évaluent les rentrées déjà sous-facturées.
L’USAID a financé au bénéfice de l’État haïtien, à hauteur de plus de dix millions de dollars, la mise en place des mécanismes de ce système intégré de gestion financière (Integrated Financial Management System). Les objectifs annoncés visent à réduire la contrebande, à combattre l’évasion fiscale et aussi à mobiliser des ressources internes pour le développement d’Haïti. « C’est un pas essentiel dans la lutte contre la corruption », rapporte Martine Isaac, qui a écrit l’article du Nouvelliste relatant la cérémonie de clôture du projet le vendredi 5 juillet dernier.
« Lancé en 2014, sur une durée de trois ans avec une extension d’une année, le programme IFMS a permis au gouvernement haïtien de faire l’acquisition et l’installation de matériel informatique ainsi que des séances de formation pour ses cadres et son personnel spécialisés afin d’améliorer la gestion des finances publiques et proposer aux citoyens haïtiens un système fiable, transparent et efficient. »
Les équipements sont en place. Les hommes sont formés. Les lois existent. Reste que le miracle doit se produire : que les taxes perçues augmentent. Pour cela, il faudra la volonté de collecter au nom et pour l’État ce qui lui est dû.
De plus en plus, ces dernières années, nous avons assisté à la mise en place de mécanismes systématiques de détournement des recettes publiques ou de renonciation par l’État à ce qui lui est dû.
Il n’y aura pas de développement, ni d’aller-mieux, ni de situation moins pire en Haïti si l’État devient plus pauvre pendant que le produit intérieur brut augmente. Il n’y aura pas de réduction de la misère si les plus riches ne paient pas de taxes. Les Américains essaient de nous expliquer ce rapport de cause à effet depuis plus d’un siècle. Mais nous faisons à notre guise, avec les conséquences que l’on sait.

Frantz Duval
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