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Nouveau gouvernement : le processus de ratification s’enrhume, des ministres « à problèmes » devraient quitter le navire…

dimanche 18 août 2019 par Charles

Le Premier ministre Fritz William Michel et son cabinet sont éclipsés de l’actualité politique, l’énoncé de sa politique générale, reléguée au second plan par la séance de mise en accusation du président Jovenel Moïse en deux fois mise en continuation à la Chambre des députés. Entre-temps, en plus du rhume du processus de ratification sur fond d’aggravation de la situation socioéconomique du pays, des ministres « à problèmes », choisis sans un screaning rigoureux pourraient quitter le gouvernement de Michel…

Si tout est allé très vite le 22 juillet dernier, entre la démission du Premier ministre Jean-Michel Lapin et la nomination de son remplaçant, Fritz William Michel, le processus pour doter le pays d’un nouveau gouvernement s’est quelque peu enrhumé. Au point que, ces temps-ci, dans les allées du pouvoir, on ne fait pas mystère sur la forte probabilité que des ministres « à problèmes » quittent le cabinet. « C’est un cabinet qui a des problèmes. Il y a des ministres qui sont dans une situation qui laisse à désirer. L’exécutif réfléchit à la décision à prendre », a confié une source au Palais national qui n’est pas entrée dans les détails, le mercredi 13 août 2019.
Le journal, dans la foulée, a appris qu’au moins trois ministres de ce cabinet, anciens ordonnateurs de fonds publics, doivent obtenir décharge de leur gestion par la CSC/CA. La situation de l’un de ces ministres, une femme, est sans appel. Le ministère concerné n’a envoyé les boîtes de documents relatifs à sa gestion qu’après sa nomination. Cela complique sa situation. Il est matériellement impossible de faire ce travail. D’autant que les tribunaux sont en vacances jusqu’au début d’octobre, a indiqué une source à la CSC/CA.
Deux autres ministres suscitent l’attention de la commission de la Chambre des députés chargée d’analyser les pièces des ministres, a révélé notre source. L’un, une homme, a des diplômes dont on ne trouve pas les traces et un autre, une femme, a peu de traces de son existence dans le pays et de rapports réguliers avec le fisc, avec l’administration sinon qu’un passeport émis en 2004, a expliqué notre source.
La CSC/CA devra, au début de la semaine prochaine, indiquer à la commission les ministres qui ont besoin ou non de décharge, a appris le journal. La semaine prochaine, le rapport de la commission chargée d’analyser les pièces des ministres remettra son rapport. En conférence des présidents, il sera décidé de la date de la séance de l’énoncé de politique générale du gouvernement, a ajouté une source à la Chambre des députés.
Cette source a expliqué que le non-dénouement, pour le moment, de la séance de mise en accusation du président de la République montre comment les hommes politiques d’ici sont des artistes dotés d’une extraordinaire capacité à faire passer le temps. « Tout le monde veut faire passer le temps. Et n’allez pas croire que c’est une situation qui déplaît forcément au président Jovenel Moïse », a confié un député, soulignant que « Jovenel Moïse est confortable avec le Premier ministre Lapin ». Il a gagné du temps, manœuvré pour faire baisser la pression des Américains qui n’ont pas voulu Lapin et loin d’être enthousiastes après le choix de M. Fritz William Michel qui n’imprime pas, qui n’a pas l’expérience nécessaire pour gérer la situation, a poursuivi une autre source à la Chambre des députés.
Cependant, pour un député proche du pouvoir, la mise à pied de plusieurs ministres peut offrir au président Jovenel Moïse de nouvelles cartes dans ses négociations pour faciliter la ratification du gouvernement. « Au Parlement, tout se négocie », a poursuivi ce député. Il reconnaît pourtant qu’au Sénat, le président Jovenel Moïse compte des alliés, d’anciens alliés déçus, des opposants et de farouches adversaires. Si Fritz Michel William Michel passe le cap de la Chambre des députés, dans les tranchées, au Sénat, le camp de l’opposition pourrait compter au moins huit sénateurs intraitables et trois ou quatre déçus, a poursuivi notre source qui a pris le soin de souligner que la politique est un jeu d’intérêt qui a sa dynamique et ses réalités.
Parallèlement au petit jeu des pronostics qui voient Fritz Michel William franchir le cap de la Chambre des députés et passer le test de sa vie au Sénat de la Répuplique, le président Moïse ne dispose plus d’une majorité confortable, complètement acquise et disciplinée, Les prochaines semaines sont potentiellement anxiogènes. La rentrée des classes va certainement générer une certaine tension, mettre un terme au calme, au vacuum dont bénéficie le président Moïse, non inquiété par une opposition affaiblie et en panne de recettes pour rassembler et peser ces dernières semaines.
Il n’y a pas que ça. Sur le marché pétrolier, c’est l’aggravation du problème de trésorerie des compagnies dont certaines sont passées en mode rationnement afin de pouvoir alimenter que leurs stations. Si, d’ici fin août, l’État, incapable, pour des raisons politiques, d’ajuster les prix des produits pétroliers, ne parvient pas à payer graduellement environ 5 milliards de gourdes de dettes aux compagnies pétrolières, le mois de septembre pourrait être moins tranquille pour les utilisateurs de produits pétroliers. Le pays, aussi, avance, semaine après semaine, vers septembre, octobre, vers la phase active de la saison cyclonique.
Sans budget régulièrement voté au Parlement, sans argent frais des partenaires de développement, sans lisibilité sur la réalité objective de la dette publique, sur le financement budgétaire, pas uniquement sur une base caisse, sans argent frais, avant octobre, le président Moïse, dans un contexte de bataille rangée à venir, pas avec des politiques, devra confirmer à leurs postes ou remplacer le gouverneur de la banque centrale, le conseil de la Banque nationale de crédit et le directeur général de la PNH, Michel-Ange Gédéon.
À coté de ces échéances, fin septembre 2019, le président Jovenel Moïse est attendu à l’assemblée générale annuelle de l’ONU avec de bonne nouvelle sur la lutte contre la corruption et des avancées dans le cadre du dossier Petrocaribe ; avec des nouvelles sur les suites judiciaires données au massacre de La Saline dans le cadre duquel, son délégué, son représentant dans l’Ouest et le directeur du ministère de l’Intérieur sont ciblés par la justice et font objet d’interdiction de laisser le pays.
D’ici là, il reste à voir si le président Jovenel Moïse aura repris la main définitivement, s’il s’est effectivement donné les moyens de gouverner ou s’il règne seul, par décret, plus isolé, plus fragilisé qu’avant sur une Haïti qui pourrait ètre sa descente aux enfers…

Roberson Alphonse
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