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Si ce n’est pas de la corruption, cela y ressemble

samedi 14 septembre 2019 par Charles

Le pays vit une nouvelle affaire. Il s’agit d’un autre cas, un cas de plus, de présomption de corruption d’élus.
A suivre les débats et déclarations dans la presse, le comportement de tous les sénateurs, ces derniers jours, salit tout le Grand Corps et jette un voile opaque sur le récent vote des députés.
Le Parlement n’a d’ennemis que ses élus, et ses élus ne servent pas au mieux la nation. Oyez !
Des accusations d’achat de vote sont venues de sénateurs de l’opposition. Comme on dit, cela a semblé de bonne guerre et rien de plus.
De nouveaux amis qui font flèche de tout bois pour abattre leurs anciens alliés, cela se voit tout le temps. Difficile de faire le tri entre la vérité et les affabulations.
L’affaire des cinq cent mille dollars américains distribués par le premier ministre nommé pour acheter le vote de sénateurs de son propre camp aurait pu s’arrêter là.
À chacun de croire ou de ne pas croire les sénateurs de l’opposition.
Puis sont venues les explications et les réfutations.
Le moins que l’on puisse dire, ce fut brouillon. Pas clair. Léger. Troublant.
Un sénateur affirme ne pas avoir reçu d’argent... mais un ministère.
Un autre sénateur confirme : « oui », quand on lui offre de l’argent, il le prend. Et si on lui en avait offert, il l’aurait accepté.
Un troisième « honorable » explique qu’il y a toujours distribution d’argent pour obtenir la ratification des premiers ministres et de leur gouvernement.
Quand le premier ministre nommé en personne apporte un démenti, c’est pour confirmer qu’il n’a parlé avec les sénateurs que de la répartition des fonds communaux et du déblocage des projets en suspens.
Cela fait beaucoup. Beaucoup trop.
La grande différence entre cette affaire de ratification et les autres qui ont déjà eu lieu par le passé, si l’on en croit l’expérimenté sénateur du Nord-Ouest, c’est que cette fois, le déballage est public. Les acteurs agissent et parlent à visage découvert.
Au minimum on se fait quelques dollars, au pire on se répartit les dépouilles de l’État, en petit comité, en échange de votes.
Dans la nomenclature mondiale des actes de corruption et de perception de la corruption, Haïti vient de décrocher une nouvelle étoile.
Et dans les espérances de bonne gouvernance, nous venons de reculer de plusieurs années lumières.
S’il faut soudoyer ses alliés pour qu’ils acceptent de vous laisser gouverner avec eux, comment va-t-on faire pour gouverner le pays entier sans leur accord ?
En politique, la première chose à conserver jalousement est sa réputation. La dernière chose à perdre est sa réputation. Nos chefs n’en ont cure, visiblement.
Frantz Duval

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