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Un passé qui traîne

dimanche 27 octobre 2019 par Charles

Jovenel Moïse nous a coûté, nous coûte beaucoup d’argent. Lui-même. Ses proches. Sa suite. Ses hommes de main. Son parti. Sa majorité parlementaire. Ses partenaires « en affaires ». Ses propagandistes. (Il en reste quelques-uns, ridicules et vils). Et maintenant des mercenaires étrangers pour assurer sa protection.
Jovenel Moïse nous a habitués à tant d’actes, sujets d’indignité et de révulsion, que nous oublions parfois de réagir à ces actes avec la vigueur qu’ils méritent. Pousser l’indignité jusqu’à faire assurer sa protection par des étrangers un 17 octobre ! Ce n’est pas assez que de transformer certains agents de la police nationale, peut-être certains corps de l’institution, en exécuteurs de la répression politique sur les foules et les militants de l’opposition. Il lui manquait des « Blancs ». Sur les dérives au sein de la police, la direction de l’institution devra les freiner et répondre à la nation. Quand des gens meurent, on n’a pas le luxe de ne pas poser les questions essentielles : la police nationale est-elle au service de Jovenel Moïse ou est-elle là pour servir le pays, la nation ? On entend la grogne des agents qui sont fatigués de la répression qu’on leur demande d’exercer sur des voisins de quartier, des citoyens d’origine modeste comme eux. Il y a des jeunes gens qui ont choisi une profession, un métier, pour servir un pays et gagner honnêtement leur vie. Ils exercent ce métier dans des conditions difficiles et partagent les revendications de la population. Et voilà qu’en réponse à ces revendications, on veut faire d’eux des bourreaux et des assassins. Encore une indignité. La direction de la police est-elle complice ? Si elle ne l’est pas, qu’elle nous le montre.
Jovenel Moïse veut aujourd’hui nous faire perdre du temps, en plus de l’argent qu’il nous coûte et de l’indignité dans laquelle il veut nous plonger. Un temps perdu sur le chemin de la reconstruction, du soulagement des souffrances quotidiennes du gros de la ppulation, et de l’établissement d’une direction politique allant dans le sens de la transformation des rapports entre l’État et la nation, et de la transformation de l’organisation sociale en faveur de plus de justice, d’équité et d’égalité.
Jovenel Moïse veut nous faire perdre notre temps. Mais le pays a compris que l’urgence est de concilier les principales propositions pour la constitution d’une autorité de transition. Le pays est là et on veut croire que tous les acteurs ont conscience de l’urgence.
Jovenel Moïse n’est plus un acteur historique à cette phase du jeu. Il recule, retarde. Plutôt que de nous dire de suivre son regard, il devrait aujourd’hui, pour ses propres intérêts, suivre le regard du pays. S’il le faisait, il réaliserait que le pays avance vers autre chose et qu’il est déjà loin derrière.
Jovenel Moïse, après avoir été entrepreneur fictif, ingénieur auto-proclamé, président fantoche, est aujourd’hui un boulet, une relique semi-nomade protégée par une force obscure.
Jovenel Moïse est déjà le passé, même s’il parvient à tenir encore un peu de temps.
Il ne signifie plus rien, et on ne parle de lui que comme un problème. Il a réconcilié pasteurs et curés, entrepreneurs et peuple des villes, idéologies et formations politiques sur un point : il n’est plus qu’un problème que le pays a résolu sur le plan de la pensée mais pas encore sur le plan concret.
Jovenel Moïse est un passé qui traîne. Si la police nationale ne corrige pas ses erreurs qui font qu’on commence à la dénoncer (mais c’est injuste envers un grand nombre de policiers, victimes eux aussi de la calamité PHTK) comme étant devenue ou en train de devenir une force de répression politique au service de Jovenel Moïse, elle sera sa dernière victime, au moins sur le plan symbolique.

Antoine Lyonel Trouillot
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