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Emmanuel Macron : « Le port du voile dans l’espace public n’est pas l’affaire de l’Etat »

dimanche 27 octobre 2019 par Charles

Le chef de l’Etat a rappelé le « devoir de neutralité » dans les services publics, mais « ce qui se passe dans l’espace public, ce n’est pas l’affaire du président ».

« Le port du voile dans l’espace public n’est pas l’affaire de l’Etat. » Jeudi 24 octobre, Emmanuel Macron a voulu clarifier sa position sur cette polémique qui depuis quinze jours divise au sein même du gouvernement, dont se sont emparées la droite et l’extrême droite.
En visite à La Réunion, le chef de l’Etat, que ses opposants comme ses partisans pressaient d’intervenir sur ce sujet sensible, a tranché, sur la chaîne Réunion La 1ère :
« Le port du voile dans l’espace public n’est pas mon affaire. Dans les services publics, à l’école, c’est mon affaire. Dans les services publics, il y a un devoir de neutralité. Quand on éduque nos enfants, on demande qu’il n’y ait pas de signe religieux ostentatoire. Après, ce qui se passe dans l’espace public, c’est pas l’affaire de l’Etat ou du président de la République. »
M. Macron n’a pas directement évoqué le cas des mères voilées accompagnant des sorties scolaires, que les partis Les Républicains (LR) et Rassemblement national (RN) veulent faire interdire. La loi les y autorise sans ambiguïté. Relancée par un élu RN qui s’en est pris à une accompagnatrice voilée dans une réunion publique, la question du voile enflamme les débats, au-delà de la problématique des sorties scolaires, et s’étend à la place du voile dans la société.

Majorité divisée
Emmanuel Macron a répondu jeudi d’abord à la présidente du RN, Marine Le Pen, qui demande l’interdiction du voile et des signes religieux ostentatoires dans « tout l’espace public ».

Et aussi à son ministre de l’éducation Jean-Michel Blanquer, qui a jugé que le voile n’était « pas souhaitable dans notre société », car contraire aux valeurs de l’égalité hommes-femmes. Une prise de position vivement critiquée par des députés macronistes et, indirectement, par la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye à qui le voile durant les sorties scolaires ne pose « pas de difficultés ».
Lire notre décryptage : Pourquoi une loi pour « interdire le voile » en France aurait peu de chances d’exister
La majorité est apparue encore plus divisée quand Aurore Bergé, porte-parole LRM, s’est dite prête à voter un texte de l’opposition LR, déclenchant un tollé d’autres élus macronistes. Le parti de droite a déposé une proposition de loi pour interdire le voile lors des sorties scolaires, qui sera examinée mardi au Sénat. Un texte qui risque d’alimenter la polémique alors qu’à la mi-octobre Edouard Philippe avait tenté de mettre un terme aux débats en précisant qu’il n’était pas question d’une nouvelle loi sur les accompagnateurs scolaires.

Macron s’en prend au « communautarisme »
Emmanuel Macron, qui a appelé à plusieurs reprises à ne pas faire d’amalgame et « stigmatiser » les musulmans, s’en est de nouveau pris jeudi avec virulence au « communautarisme », en allusion à l’islam politique, qu’il a plusieurs fois dénoncé ces dernières semaines. « Le voile est utilisé dans certaines circonstances, certains quartiers, par certains, comme instrument de revendication et de séparatisme dans la République, qu’on appelle communautarisme », a dit Emmanuel Macron.
Alors qu’il a renoncé juqu’ici à un grand discours sur la laïcité, Emmanuel Macron a fait de la lutte contre le communautarisme l’un de ses chevaux de bataille, à l’approche d’élections municipales où la majorité comme l’opposition de droite et les Verts craignent l’émergence de listes communautaires.
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« Il y a aujourd’hui des femmes et des hommes qui disent “de par ma religion je n’adhère plus aux valeurs de la République, je sors mon enfant de l’école, je refuse qu’il aille se baigner avec d’autres (…) et au nom de ma religion je porte un autre projet politique” ». « Et ça, c’est un problème pour moi, avec une revendication qui devient politique », a insisté le chef de l’Etat.
En avril, il avait déjà dénoncé le « communautarisme qui s’est installé dans certains quartiers de la République » et annoncé qu’il serait « intraitable » face à l’« islam politique qui veut faire sécession avec notre République ». Mais il a plaidé de nouveau contre la stigmatisation d’une seule religion, après avoir, ces derniers jours, craint une « coagulation » dans les esprits entre communautarisme et islam.


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