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Football - Transfert : Falcao met Monaco à poil’’

mardi 2 septembre 2014

La star colombienne quitte le Rocher pour rejoindre Manchester United en prêt. Un transfert qui met un terme définitif aux grandes ambitions monégasques.

Falcao n’aime pas la Ligue des champions. Il avait quitté il y a près d’un an l’Atlético Madrid, fraîchement qualifié en C1, au profit de l’AS Monaco, un club riche mais promu et donc privé de Coupe d’Europe. Il délaisse le club monégasque aujourd’hui, qui est en lice cette fois-ci sur la scène continentale, pour rejoindre Manchester United, qui, lui, est exceptionnellement non présent à ce niveau cette saison. L’attaquant colombien vient de s’engager en faveur des Red Devils via un prêt payant de 10 millions d’euros d’un an assorti d’une option d’achat automatique de 55 millions d’euros à l’issue de ce prêt.

Pourquoi un prêt, et non pas un transfert simple ? La faute au fair-play financier qui contraint les clubs européens à une comptabilité équilibrée. Or, Manchester United ne profitera pas cette année des retombées économiques de la Ligue des champions. Repousser le versement de la majeure partie du montant du transfert, en misant sur une qualification européenne dans un an, éviterait donc les sanctions liées à une trésorerie négative.

Même chose pour Monaco qui s’est déjà mis à l’abri pour les obligations du fair-play financier cette saison avec le transfert de James Rodriguez. Une rentrée d’argent ultérieure de 55 millions d’euros pour le prochain exercice ne serait pas négligeable pour être en règle. Mais les choses semblent néanmoins tourner au vinaigre sur le Rocher qui a perdu ses deux fleurons colombiens en un seul mercato.

Paris n’a plus de rival

Il y a un an, l’AS Monaco (ASM) pouvait légitimement se présenter comme le rival numéro un du PSG. Falcao, James Rodriguez, Moutinho, Kondogbia débarquaient en Principauté via des transferts faramineux reléguant presque au second plan le mercato parisien alimenté par les fonds qataris. Paris lançait une salve avec des rumeurs sur une possible venue de Cavani, Monaco répondait au bazooka en faisant signer Falcao.

Une bataille de Transformers que n’avait jamais connue le football français qui pouvait être aussi rassuré. Paris n’allait pas régner en tyran absolu susceptible de confisquer tous les trophées et récompenses. Pas de tiers état massif composé de clubs de Ligue 1 en pleine régression sportive et incapables de se développer face à un ogre francilien qui aurait pris le trône du septuple champion lyonnais. Non, Monaco pouvait forcer le PSG à un duel qui arracherait des plumes aux deux rivaux et rendre ainsi toute la compétition plus passionnante.

Sauf que la folie des grandeurs n’est aujourd’hui plus en odeur de sainteté sur le Rocher. Plusieurs événements ont conduit le président Dmitri Rybolovlev à changer son fusil d’épaule. Ce dernier a connu un printemps assez agité avec un divorce qui lui a coûté 4 milliards d’euros et une sérieuse aggravation de son état de santé. Les autorités de la Principauté lui ont aussi refusé récemment le passeport monégasque. Un sésame administratif qui faisait office de principale motivation dans la volonté de l’homme d’affaires d’investir dans le ballon rond à Monaco.

Le symbole Valère Germain

Autant dire que le magnat russe ne fait pas vraiment du football sa priorité à l’heure actuelle et a tout délégué à son bras droit Vadim Vasilyev. Celui-ci, avec le Portugais Luis Campos, conduit une stratégie nouvelle qui vise surtout pour l’instant à faire rentrer de l’argent. Falcao, James Rodriguez, Rivière sont partis en échange de juteuses indemnités de transfert. Du côté des arrivées, on constate le prêt du gardien néerlandais Stekelenburg (Roma) et de Bernardo Silva et les venues d’Alain Traoré (Lorient) et Bakayoko (Rennes). On est bien loin des rêves de dream team monégasque de la saison dernière.

L’évolution du statut de Valère Germain est tout un symbole, à l’image du départ de Falcao, de la grosse baisse d’ambition de Monaco. Beaucoup estimaient il y a un an que ce jeune attaquant talentueux devait quitter le Rocher, car il n’aurait même pas l’occasion d’être remplaçant sur le banc monégasque au regard de la concurrence. Il est aujourd’hui un cadre de l’équipe et a même parfois porté le brassard de capitaine.

Le faramineux projet de l’ASM s’apparente donc désormais à une vaste supercherie. Falcao, principale tête d’affiche de ce blockbuster version ballon rond, quitte la vitrine laissant un fonds de commerce pour le club bien dérisoire au regard des ambitions annoncées. Certes, l’AS Monaco n’est pas redevenu une équipe candidate à la descente en Ligue 2.

Un vestiaire démobilisé ?

Mais le club ne peut en aucun cas se proclamer dorénavant rival du PSG. Paris peine également à être aussi pharaonique qu’au départ avec les transferts pour cause de fair-play financier (comme pour Di Maria qu’il était impossible de faire venir pour ensuite présenter un bilan comptable acceptable), mais parvient à oeuvrer dans la continuité en bonifiant son effectif de saison en saison. Pire, le club de la Principauté risque même de se faire dépasser à ce rythme par des équipes comme l’OM ou Bordeaux. Des hypothèses qui étaient également impensables il y a quelques mois.

L’incertitude, c’est donc la valeur montante sur le Rocher. Beaucoup de supporteurs s’interrogent aussi sur le départ de l’ex-coach Ranieri et la volonté des dirigeants, et surtout de Luis Campos, de rendre plus lusophone le staff avec l’embauche de l’entraîneur portugais Leonardo Jardim qui n’a pas obtenu pour le moment de résultats probants (une victoire, un nul et deux défaites après quatre journées de Ligue 1).

Le départ de la star colombienne embrume davantage un ensemble déjà bien flou. Comment vont réagir au transfert de Falcao des joueurs comme Toulalan, Moutinho, Berbatov ou Kondogbia ? Vont-ils se sentir dupés par les promesses monégasques ? L’équipe va-t-elle réellement profiter de son tirage plutôt gentil en C1 (Benfica, Zenith, Leverkusen) ou n’est-elle plus suffisamment armée ? Des questions que Falcao ne se pose plus. Pour lui, la C1, ce n’est pas encore cette année...

Par Alexandre Borde


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