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Aux Etats-Unis, les taux bas font le bonheur des riches

mercredi 20 novembre 2019 par Charles

La valeur des 400 premières fortunes a été multipliée par 2,3 en dix ans. La politique de l’argent gratuit n’y est pas pour rien, de même que pour 55 millions d’Américains dont la retraite est investie en fonds de pension.

Sans doute anticonstitutionnel, sans majorité pour le voter et rapportant beaucoup moins qu’escompté : Larry Summers, ancien secrétaire au Trésor de Bill Clinton, n’a pas eu de mots assez durs, le 17 octobre, au think tank Peterson Institute de Washington, pour critiquer l’impôt sur la fortune (ISF), produit importé de France par les économistes Gabriel Zucman et Emmanuel Saez et adopté par la candidate à l’investiture démocrate Elizabeth Warren (2 % au-delà de 50 millions de dollars – 45 millions d’euros –, 6 % au-delà de 1 milliard).
Pourtant, il y a urgence, à regarder la fortune des Forbes 400 – la liste des 400 plus grosses fortunes américaines publiée par le magazine –, qui sont à l’Amérique ce qu’étaient les « deux cents familles » accusées de contrôler la France des années 1930.
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Selon le compteur arrêté en septembre, la richesse des 400 a frôlé les 3 000 milliards de dollars. Une fortune multipliée par 2,3 en dix ans, depuis le plus bas atteint, en 2009, au cœur de la crise financière. La raison de leur richesse ? Donald Trump, bien sûr. C’est en tout cas la théorie répandue : la ploutocratie américaine a mis l’un des siens au pouvoir (avec 3,1 milliards de dollars de fortune estimée, le président des Etats-Unis figure au 275e rang du classement), qui s’est empressé de réduire leurs impôts. Les 400 ont un taux d’imposition désormais inférieur à celui des Américains, accusent Zucman et Saez. Le remède semble évident : l’impôt.
Un système dopé à l’argent facile
Le sujet mérite d’être creusé. D’abord, l’ami des riches, c’est Barack Obama. La fortune des 400 a certes crû de 23 % sous Trump (depuis septembre 2016), mais elle avait progressé de 53 % sous Obama (89 % entre le creux de 2009 et 2016). Et le faiseur de riches, c’est la Réserve fédérale (Fed, banque centrale américaine) et sa politique de taux bas menée depuis la récession. L’argent gratuit, c’est la fête de ceux qui ont des biens : on le constate en France, avec l’envolée de l’immobilier ; on le voit à Wall Street, qui bat record sur record. En dix ans, l’indice Standard & Poors a été multiplié par 2,8 et la richesse des milliardaires a suivi.
Dans le détail, l’envolée des actions s’explique par celle des profits des entreprises, qui ont doublé en dix ans (notamment grâce à la cartellisation de l’économie) et par la baisse des taux. Ce second facteur peut apparaître mineur, les titres en Bourse s’achètent aujourd’hui 23 fois les bénéfices attendus des entreprises, un prix relativement stable par rapport à l’année 2010 et bien inférieur à 1999 (33 fois les résultats), en pleine bulle Internet.


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