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Nouvelle manifestation violente de policiers

mercredi 11 mars 2020 par Charles

Policiers et militants ont une nouvelle fois gagné les rues à Delmas, le lundi 9 mars. La manifestation, qui a démarré au carrefour de l’aéroport, a été émaillée d’actes de violence. Cette dernière est l’initiative de la branche « Fantôme 509 », un groupe de policiers qui disent vouloir venger la disparition des agents morts dans l’exercice de leurs fonctions. Les manifestants ont exigé la réintégration des 5 policiers révoqués, la reconnaissance par le haut état-major du syndicat et de meilleures conditions de travail.
Une vive tension a régné à Delmas en début d’après-midi au passage des manifestants. Ces derniers ont utilisé des véhicules privés et publics pour obstruer les artères. Ils s’en s’ont également pris à plusieurs bâtiments où sont logés des institutions publiques telles que l’ONA, le FAES, les Archives nationales, le ministère de l’Éducation nationale, etc. Les policiers protestataires ont bombardé ces locaux de gaz lacrymogène afin de contraindre les employés à vider les lieux.
Le véhicule de fonction du magistrat Durin Duret Junior pris pour cible
Alors qu’il se trouvait à l’angle de Delmas 40 b et Delmas 49, Durin Duret Junior, juge à la cour d’appel et membre du CSPJ, a vécu un mauvais moment. Le véhicule de marque Toyota immatriculé OF 00672 a été pris pour cible par les manifestants. « Des policiers pour la plupart habillés ont tiré sur le véhicule au moment où je m’y trouvais. Ils l’ont frappé avec fracas, crevé les pneus et saisi les clés. Ils m’ont identifié après. Se rendant compte qu’il s’agissait de moi, l’arrogance a diminué », a-t-il raconté.
Le magistrat Duret s’étonne de l’action des policiers en uniforme qui sont censés protéger la population. « Je ne suis pas contre leur revendication. La Constitution accorde à tout le monde le droit de revendiquer. Cependant, il y a une manière de le faire. Tirer sur un véhicule parce qu’il est immatriculé Officiel est irréfléchi, c’est un excès. Ce sont des comportements qu’on ne doit pas tolérer dans un État démocratique », estime-t-il.
Après la route de Delmas, les policiers se sont rendus à la résidence officielle du Premier ministre à Musseau. L’un d’entre eux a fait savoir qu’ils étaient venus chercher le PM Joseph Jouthe qui a déclaré être le premier des policiers. « L’État agit contre nous, en retour nous réagissons », a-t-il soutenu.
Un autre agent encagoulé, a qualifié de show médiatique les dernières annonces faites par l’exécutif pour améliorer les conditions de vie des policiers. « Ces promesses sont de la poudre aux yeux pour faire de la diversion. Ils veulent nous berner. Je suis dans la rue aujourd’hui parce que je suis révolté. Nous sommes révoltés. Nous exigeons la reconnaissance du syndicat et la réintégration des policiers révoqués. Au niveau de Fantôme 509, nous parlons peu. Nous avons des armes et du gaz. Si rien n’est fait, nous allons tirer et brûler », prévient-il.
Cette manifestation survient alors que l’Office de la protection du citoyen, qui sert de médiateur entre les policiers et le haut état-major, recommande une réévaluation du dossier des policiers révoqués. Dans cette lettre adressée au directeur de la PNH Rameau Normil, le protecteur du citoyen souligne que la décision prise contre les 5 policiers constitue une atteinte grave à la liberté syndicale consacrée par la Constitution de 1987 en son article 35. 3, aux dispositions de la convention #87 de l’Organisation internationale du travail (OIT) et bien d’autres instruments ratifiés par Haïti, notamment la Convention américaine relative aux droits de l’homme », fait remarquer Renand Hédouville.
« Le Protecteur du citoyen recommande au haut commandement de procéder à une réévaluation du dossier de révocation des 5 policiers (Yanick Joseph, Jean Elder Lundi, Alberson Gros-Nègre et Gédéon Mombrun), dans le cadre d’un recours gracieux (conforme aux règlements de la PNH) et à la direction générale de reconnaître la démarche des policiers visant à s’organiser en syndicat avec bien évidemment des restrictions spéciales liées au fonctionnement de la PNH comme service d’utilité publique », peut-on lire dans cette correspondance.

Jean Daniel Sénat
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