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Économie Coronavirus et pandémie de Covid-19 Coronavirus : les Etats-Unis divisés sur le renflouement de leur économie

mardi 24 mars 2020 par Charles

Donald Trump veut faire envoyer un chèque à chaque Américain et sauver les compagnies aériennes. Mais le chemin est étroit : il s’agit de pallier les conséquences dramatiques du coronavirus, tout en évitant les effets d’aubaine.

Le président des Etats-Unis, Donald Trump (à gauche), aux côtés du secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin, le 17 mars à la Maison Blanche, à Washington. Evan Vucci / AP
Il y a un côté insubmersible chez Boeing. C’est ce que croyaient les opérateurs boursiers jusqu’en février. Et tant pis pour les malheurs du biréacteur 737 MAX, qui s’éternisaient ! L’action du géant aéronautique américain continuait de coter plus de 340 dollars (307 euros), pas si loin de son plus haut niveau historique de 400 dollars. Enfin, la vérité des prix est tombée, avec une action à 100 dollars, mardi 17 mars. Alors, insubmersible ? Oui, parce que l’entreprise stratégique sera renflouée si nécessaire, comme l’a expliqué Donald Trump, quelques heures plus tard à la Maison Blanche, faisant rebondir l’action à 124 dollars.
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« Nous devons protéger Boeing. Nous allons aider Boeing », a déclaré le président des Etats-Unis. L’entreprise de Chicago avait sécurisé au début de l’hiver une ligne de crédit de 13,8 milliards de dollars, mais elle n’en finit pas de consommer des liquidités : pour produire ses 737 MAX invendus, pour indemniser les compagnies aériennes pénalisées par l’immobilisation au sol de leurs appareils, phénomène auquel s’ajoute le non-versement d’acomptes pour les commandes futures, qui se raréfient. La dette de la firme a un classement BBB et se rapproche de celui des junk bonds, ces « obligations pourries » à risque. Les modalités d’un soutien n’ont pas été précisées, mais ce fleuron militaro-industriel sera sans nul doute sauvé.
Donald Trump compte aussi soutenir les compagnies aériennes, qui réclament 50 milliards de dollars d’aide : « Nous allons aider les compagnies à 100 % », a-t-il assuré. Celles-ci prétendaient, il y a une semaine encore, être capables de surmonter la crise, mais vont vite se trouver à court de liquidités. « Nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre de l’aide trop longtemps », a déclaré Airlines for America, leur association professionnelle.
Un tel sauvetage, sous la forme de liquidités et de garanties de prêts, avait déjà eu lieu dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001 pour des sommes atteignant 15 milliards de dollars. Le montant demandé aujourd’hui est inférieur au plan de renflouement de l’industrie automobile américaine de 2009, qui avait mobilisé 80 milliards de dollars pour sauver notamment General Motors. Cela fait débat.
Contreparties exigées
« Les actionnaires des compagnies aériennes n’ont pas besoin d’être renfloués », tranche l’économiste Thomas Philippon, professeur à la New York University. A la fin du XXe siècle, elles ont très bien fonctionné en restant des années sous la loi de protection contre les faillites. Elles n’auraient qu’à s’en prendre à elles-mêmes, à lire la représentante démocrate Alexandria Ocasio-Cortez, qui déplore que les cinq premières compagnies aériennes aient utilisé depuis dix ans 96 % de leur cash-flow pour racheter leurs propres actions.


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