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Président Trump, an IV : la loi du virus Chronique

dimanche 29 mars 2020 par Charles

Gilles Paris
Washington, correspondant
Confronté à la crise du coronavirus, le président américain piétine, tentant d’imposer son rythme et ses méthodes à un « ennemi invisible ».

Donald Trump et son secrétaire à la défense, Mark Esper, regardent le navire hôpital « USNS Comfort » à Norfolk (Virginie), le 28 mars. JIM WATSON / AFP
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eudi 26 mars, l’immunologiste en chef des Etats-Unis, Anthony Fauci, a prononcé une phrase à la fois évidente et terrible. « Vous devez être réaliste, et vous devez comprendre que vous ne dictez pas la chronologie, c’est le virus qui le fait », a-t-il assuré. Deux jours plus tôt, Donald Trump avait émis le souhait d’un retour à la normale pour Pâques, le 12 avril, une échéance spectaculairement brève à l’échelle de la vague qui s’abat sur le pays.
La bonne fortune politique du milliardaire a toujours reposé sur sa capacité à imposer son rythme et ses thèmes. Sa science instinctive de la controverse lui a permis d’affoler la meute chaque fois qu’il était nécessaire pour rester au centre de toute chose.
Mais ce qui a presque toujours fonctionné avec les hommes se heurte aujourd’hui au SARS-CoV-2, indifférent à ses humeurs, soulignant les traits de caractères du président les moins adaptés à la situation extraordinaire à laquelle il est confronté.
Donald Trump a fini par endosser des habits de « président pour temps de guerre », le 18 mars, de commandant en chef face à la guérilla menée par « l’ennemi invisible », mais il s’est vite lassé de la posture guerrière. Pressé de célébrer la victoire, il a voulu voir « la lumière au bout du tunnel » moins d’une semaine plus tard.
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Samedi, assistant en Virginie au départ du navire-hôpital dépêché de toute urgence dans la baie de New York, il a assuré que « cette guerre » sera gagnée « rapidement, avec le moins de morts possibles ». Objectif aussi louable qu’encore insaisissable.
Inconstance et inconsistance
La réalité est que l’épidémie progresse et que le président piétine. Il suggère Pâques, puis n’en parle plus. Il peste le jeudi contre les besoins des Etats en appareils d’assistance respiratoire, jugeant que les demandes de celui de New York, l’épicentre actuel de la crise, sont déraisonnables. Puis il tance le lendemain le constructeur automobile General Motor, accusé de lambiner dans sa reconversion en producteur de cet instrument devenu stratégique.
Il suggère brusquement le samedi qu’il pourrait imposer une quarantaine au gigantesque foyer d’infection new-yorkais, avant de faire machine arrière quelques heures plus tard. Sans jamais parvenir à imposer le récit espéré d’un homme d’action efficace et déterminé.
Face à l’ennemi dépourvu de compte Twitter, au côté d’un vice-président, Mike Pence, autrement plus équanime, Donald Trump oscille entre inconstance et inconsistance, ou s’en prend par défaut aux gouverneurs démocrates en première ligne, sommés vendredi de se montrer « reconnaissants » envers l’Etat fédéral évidemment parfait dans l’épreuve. Son avocat personnel, Rudy Giuliani, y est allé de son conseil aux concernés : « Quand vous jouez au golf avec votre patron, parfois c’est mieux de ne pas gagner. »


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