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Confinement : le Covid-19 s’abat et l’humanité en sabbat !

samedi 4 avril 2020 par Charles

Publié le 2020-04-03 | Le Nouvelliste
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Enfant, j’ai toujours rêvé d’être un oiseau. C’était, pour moi, le symbole de la liberté. L’oiseau ne fréquente pas les salles de classe durant la semaine, encore moins l’église, le dimanche. J’ai détesté l’école jusqu’au jour où je suis devenu enseignant. Et j’ai toujours trouvé la messe ennuyante jusqu’à l’âge où j’ai pu établir la différence entre le religieux et le spirituel.
Par ailleurs, je n’arrive toujours pas à admettre la répartition du temps de la semaine inéquitablement distribuée entre le travail et le répit. Qui a décidé de la valeur du temps ? Une question encore plus grave me tracasse : Comment profiter de la vie si tout est arrangé pour qu’on se tue à la tâche ?
Et pourtant la vie est si courte. Elle dure le temps d’une chanson, le déroulement d’un film, et si on est chanceux, l’espace d’un roman. Une seule constante, peu importe sa durée ; elle porte toujours en elle sa part de beauté et son lot de déception, selon son habileté à l’apprivoiser. Et, lorsqu’on réalise son côté éphémère, il est souvent tard.
Nous réalisons, alors, la chose la plus effroyable de l’existence. Traverser sa destinée, sans avoir eu le temps de la vivre. Avoir été figurant dans sa propre vie, quel scénario !
Le temps est souvent une allégorie de la vie. En ce sens, le confinement devient une récupération, un rattrapage, le repos du 7eme jour. La planète est en pause sante. Elle prend le temps de respirer.
Le confinement, c’est l’antithèse de la trépidance, c’est la vie à nue, sans parures qui la cachent au lieu de la dévoiler. Tous et toutes doivent avoir les moyens du confinement. C’est une question de logique et de morale.
Le confinement est un retour aux essentiels de la vie. Je désencombre mon existence de ses parasites et je fais taire le tumulte du monde pour revenir aux fondamentaux de la vie : l’épanouissement de soi.
Vivre au jour le jour, sans délai ni urgence, avec un double objectif : rester en vie et vivre en sante. Vivre confiné c’est esquiver la tourmente des embouteillages, la dictature des horaires, l’affrontement du quotidien. Sans penser à demain, le futur qui tue le présent. Faire comme l’oiseau !
Le confinement m’incite à ne plus considérer « ma vie en sante » comme un acquis, une frivolité du hasard, ou pire comme une banalité. Elle a un sens, d’abord celui que je lui donne. Mais, plus substantiellement, je réalise son essence divine ainsi que son sens réel et collectif. Notre existence se fond et se confond ! Mon comportement influence ta vie et à l’inverse ta négligence peut m’être fatale. Nous sommes, L’UN, indivisible !
Covid-19 unifie la planète. Evidemment, ce fusionnement n’est pas encore évidente dans les mentalités, il est encore trop tôt... Mais cette leçon d’humilité et de solidarité fera son chemin. Le confinement nous force à nous rappeler notre fragilité. La mutualité, la réciprocité, l’interdépendance et la cohésion deviendront, petit a petit, une méthode de survie,durant la crise.
Et pour ceux qui auront survécu, ce sera notre nouvelle manière de vivre. Bien sur l’égoïsme et la cupidité auront la vie dure et ne seront pas éradiqués demain matin. Avec optimisme, je garde espoir en la nature humaine. Elle est fondamentalement bonne. Seul son niveau de conscience l’empêche de se rappeler son altruisme.
Naturellement, ce temps de confinement, ce sabbat mondial, sera porteur de moments de solitude et de recueillement. L’absence de présence nous tourne irrémédiablement vers notre être. C’est par le chemin intérieur que nous atteignons notre âme, et la connexion à nos semblables et au créateur en sera facilitée.
Je crois que je suis devenu l’oiseau de mon enfance. Je me sens pour la première fois de ma vie libre et en vacances. Je voyage sur place. L’immobilisme me pousse à bouger par la pensée. Aucune frontière, aucune limite, je repousse les repères et les bornes. Internet, les réseaux sociaux, le cellulaire, média, qui me gardent en contact avec le Monde. Je différencie la proximité de l’intimité.
Je prends le temps de vivre…
Et cela me rappelle, 1969, le temps où je rêvais d’être un oiseau, un certain Georges Moustaki dont ma défunte mère écoutait, inlassablement, ses chansons. Il disait ceci…
« Nous prendrons le temps de vivre
D’être libres mon amour
Sans projets et sans habitudes
Nous pourrons rêver notre vie… »
« Tout est possible, tout est permis »
Aly Acacia

Aly Acacia
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