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S’aimer comme on se confine : « Trois semaines...

samedi 11 avril 2020 par Charles

S’aimer comme on se confine : « Trois semaines à se raconter nos vies. Nos envies. Nos corps »
L’amour a frappé alors même qu’ils ne pouvaient pas se rencontrer physiquement, en pleine pandémie due au coronavirus ; ils nous racontent leur histoire confinée. Cette semaine, A., 39 ans, directrice d’une agence de communication à Paris.
Par Eric Collier Publié hier à 14h32

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« C’était le 25 février. L’épidémie n’était alors pas encore une pandémie et notre quotidien pas encore empêché. Ce soir-là, devant ma télévision, un visage, une voix qui m’arrêtent. Il est là, face caméra, en reportage quelque part dans la région Grand-Est, là où tout commence à s’accélérer pour la France, et déjà mon esprit s’emballe.
Qui es-tu ?
Je le cherche sur les réseaux sociaux. Nous, les filles, quand on cherche, on trouve. On peut y passer des heures, des nuits, à chercher, à chercher quoi au juste, et pour quoi faire ? On ne sait même plus, mais on mène l’enquête. Scrupuleusement. Minutieusement. Je cherche. En une heure je sais tout de lui. Nom, prénom, date et lieu de naissance, adresse, parcours scolaire, fratrie, origine, drames familiaux. Une vraie psychopathe.
Ça y est, je recommence. S’il me reste un soupçon de lucidité, je sais parfaitement où cela me mène, mais c’est déjà trop tard. En une seconde, la raison a fait place à l’émoi. Eternellement fleur bleue, je rêve d’une relation amoureuse qui n’existe pas. J’ai déjà laissé mon numéro au dos des additions dans les bars, j’ai pris des avions et des trains pour rejoindre des amants que j’aimais plus que moi, j’attends un homme qui prendra soin de moi, mais je n’en laisse aucun s’approcher. L’idée d’un quotidien à deux m’est vulgaire, mais l’intimité est mon moteur.
« J’ai laissé mon numéro au dos des additions dans les bars, j’ai pris des trains pour rejoindre des amants que j’aimais plus que moi »
J’hésite une seconde à peine, et voilà je lui écris. Je parle avec cet homme que je ne connais pas. Mon cœur s’emballe. Je cherche bien. Je zoome sur la capture d’écran de ma télévision, je scrute les moindres détails. Il est mon genre. Grand. Doux. Baraqué. A l’aise. Ce qu’il m’inspire de force tranquille. Il m’attire follement.
Les premiers échanges sont timides mais sous tension. Chacun de nous deux sait de quoi il retourne, mais aucun de nous deux n’ose le dire. Et puis, au bout de quelques jours à vivre au rythme de ses messages, mon enquête s’effondre. Il m’annonce qu’il a quelqu’un dans sa vie. Mon moral en prend un coup. Je parle (façon de dire, tous nos échanges sont restés écrits) depuis une semaine avec un homme que je n’ai jamais vu, que je ne connais pas, et le fait de le savoir amoureux me porte le coup de grâce. Nos échanges s’arrêtent quelque temps.
Je me noie dans le travail. Nous ne sommes pas encore à l’arrêt, je suis sauvée. A 39 ans, Parisienne célibataire et accomplie, mon agence de communication ne connaît pas la crise, je marche vite sans croiser le regard des autres, téléphone vissé à l’oreille, je cours après mes e-mails, j’ai la satisfaction du travail bien fait. Ma vie amoureuse est en désordre, mais je continue à m’occuper de mes clients plutôt que de moi.
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