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« La Chine pourrait s’imposer comme la première puissance mondiale dès la fin de l’épidémie »

dimanche 12 avril 2020 par Charles

Tribune
Jean Dominique Seval
Directeur et fondateur du cabinet de conseil Soon Consulting, spécialiste du marché chinois
Le consultant Jean-Dominique Seval décrit, dans une tribune au « Monde », le scénario d’une sortie de crise qui donnerait la part belle à l’empire du Milieu.

Tribune. La Chine, qui peut revendiquer la place de seconde puissance mondiale, reste aussi une économie en développement, comme vient de nous le rappeler l’épidémie en cours. Il était question, après l’épidémie de SRAS de 2003, de réformer les systèmes de santé et de traçabilité alimentaire qui s’étaient avérés déficients. Cela n’a pas été le cas, et dix-sept ans plus tard, nous assistons à une terrible série de catastrophes sanitaires. La peste porcine, qui a conduit en 2019 à l’abattage de plus de 300 millions de bêtes dans toute la Chine, a pu être qualifiée de « plus grande épidémie animale jamais vue sur la planète » (The Guardian). Le coronavirus a pris la suite, en confinant déjà plus de 3 milliards d’êtres humains.
A ce stade, malgré tout, les scénarios restent ouverts entre un rebond rapide et un retour au statu quo ante, peut-être encore possible, et un bouleversement profond des équilibres géopolitiques et économiques, de plus en plus probable. Mais jusqu’à quel point ? Sachant que les faiblesses réelles de la Chine sont souvent sous-estimées, tandis que ses atouts sont parfois surestimés, il est cependant possible de formuler l’hypothèse selon laquelle l’empire du Milieu pourrait s’imposer, sans conteste, comme la première puissance mondiale dès la fin de l’épidémie.
Il y a quelques semaines à peine, beaucoup pensaient pourtant que la Chine avait mis un genou à terre. Les conjoncturistes estimaient, fin mars, que la croissance du produit intérieur brut (PIB) chinois serait de plus de 3 %, ce qui ramènerait le taux de croissance annuelle attendu pour 2020 de 6 % à 3 %. Du jamais-vu ! Notons que le gouvernement chinois communiquait au même moment sur un taux de croissance révisé de 6 % à 5 %, affichant comme à son habitude un résultat destiné à mobiliser les moyens économiques pour l’atteindre. Les Chinois savent déjà qu’après plus de deux mois de confinement, il leur faudra travailler sans relâche pour rattraper les heures perdues.
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On aurait pu aussi penser que cette crise mettrait un bémol aux ambitions chinoises de leadership mondial. D’autant qu’elle joue comme un révélateur de la place centrale de la Chine dans la mondialisation avec une trop forte dépendance de nos pays aux productions chinoises et une fragilité des chaînes d’approvisionnement.
Un modèle coercitif
De nouvelles stratégies de relocalisation des usines, de diversification des fournisseurs et de maîtrise des technologies-clés, qui étaient d’ailleurs déjà à l’étude en Europe et aux Etats-Unis, ont désormais rang de priorités absolues. La Chine se voit donc fragilisée au moment même où elle change de modèle de croissance et accélère sa mutation numérique pour devenir l’usine à valeur ajoutée du monde, et non plus seulement l’atelier de montage du monde.

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