MosaikHub Magazine

Mort de George Floyd : poignante cérémonie d’hommage à Minneapolis, les manifestations se poursuivent

vendredi 5 juin 2020 par Charles

Huit minutes et 46 secondes de silence ont été observées, jeudi, lors de la cérémonie en hommage à George Floyd. C’est le temps qu’a passé, agenouillé sur lui, le policier blanc qui l’a tué.

Plusieurs centaines de personnes ont participé, jeudi 4 juin, à une cérémonie à Minneapolis (Minnesota) en hommage à George Floyd, l’homme noir de 46 ans dont la mort après son arrestation par la police le 25 mai a déclenché de vastes manifestations émaillées de violences et réveillé le débat sur les questions raciales aux Etats-Unis.
Des manifestations se poursuivaient dans le calme à travers le pays, notamment à Minneapolis, Washington, New York ou Los Angeles.
« Tu as changé le monde » : poignante cérémonie d’hommage à Minneapolis
« Tu as changé le monde George » : le leader américain des droits civiques Al Sharpton a prononcé jeudi, lors d’une cérémonie en hommage à George Floyd, un émouvant éloge funèbre, aux accents politiques empreints de tristesse mais également d’espoir pour un monde meilleur, avec la promesse de « continuer le combat ».

Les participants à la cérémonie, dont des membres de la famille de George Floyd, s’embrassent lors des hommages, le 4 juin 2020, à Minneapolis, dans le Minnesota. KEREM YUCEL / AFP
Famille, responsables religieux ou politiques et célébrités étaient rassemblés à l’université chrétienne North Central de Minneapolis pour honorer sa mémoire. La cérémonie, en présence de personnalités noires comme le rappeur T.I. ou le comique Kevin Hart, a commencé par une émouvante interprétation de « Amazing Grace » après que le maire, blanc, de Minneapolis s’est agenouillé en pleurs devant le cercueil.

Elle a notamment été marquée par une période de silence de 8 minutes et 46 secondes, le temps pendant lequel le policier Derek Chauvin est resté agenouillé sur le cou de George Floyd malgré ses supplications. Prenant la parole, le frère du défunt, Philonise Floyd, a dénoncé sous les applaudissements « la pandémie de racisme et de discrimination » qui l’a emporté.
Lire aussi Première cérémonie d’hommage à George Floyd à Minneapolis, Donald Trump joue la fermeté
Le révérend Al Sharpton, figure du mouvement de défense des droits civiques, a prononcé un éloge funèbre très politique. Voyant dans le genou qui a écrasé le cou de George Floyd le symbole de l’oppression des Afro-Américains aux Etats-Unis, il a déclaré :
« George Floyd ne devrait pas être parmi les morts. Il n’est pas mort d’un problème de santé commun. Il est mort d’un dysfonctionnement commun du système judiciaire américain. »
Appelant la police à rendre des comptes, le révérend a lancé :
« Ce qui est arrivé à Floyd arrive tous les jours dans ce pays, dans les secteurs de l’éducation, des services de santé et dans tous les aspects de la vie américaine. Il est temps pour nous de nous lever en hommage à George et de dire ’Enlevez vos genoux de nos cous’. »
A Donald Trump, qui a fait évacuer manu militari les abords de la Maison Blanche lundi soir pour poser devant une église, bible à la main, le pasteur baptiste de 65 ans a conseillé d’« ouvrir la bible ». « Je prêche depuis mon plus jeune âge, et je n’ai jamais vu quelqu’un tenir une bible comme ça, mais passons », a-t-il dit.
Lire aussi La mort de George Floyd mobilise le monde du sport au-delà des Etats-Unis
Nouvelles manifestations massives, dans le calme
Au même moment, à Minneapolis, devant le mausolée improvisé dressé à l’endroit où George Floyd a été tué, les messages du révérend étaient parfaitement compris par les manifestants. « Il y a un genou sur le cou de l’Amérique noir, a déclaré à l’Agence France-Presse Kayla Peterson, une responsable des ressources humaines de la banlieue de la ville. Nous n’avons jamais été réellement libres. »
Article réservé à nos abonnés
Lire aussi Mort de George Floyd : Minneapolis, la ville aux deux visages
Jeudi, les manifestations se poursuivaient à travers le pays et les couvre-feux nocturnes, décrété ces derniers jours par plusieurs grandes villes américaines pour tenter de contenir les débordements, ont été levés à Los Angeles et Washington

Des manifestants s’agenouillent, lors d’un rassemblement à la mémoire de George Floyd à proximité de la Maison Blanche, à Washington, le 4 juin. Evan Vucci / AP
Dans ces deux villes, des milliers de manifestants, toutes origines confondues, manifestaient pacifiquement dans le centre-ville.
A New York, le maire a été hué par des manifestants qui lui reprochent de tolérer des interventions policières de plus en plus musclées.
Mais après plus d’une semaine de débordements – la police a procédé au total ces derniers jours à près de 10 000 arrestations dans le pays, selon une estimation reprise par les médias américains –, la situation semblait se calmer dans l’ensemble.
La caution des ex-policiers fixée entre 750 000 et 1 million de dollars chacun
Les manifestants avaient obtenu mercredi une première « victoire » sur le plan judiciaire. Comme ils le réclamaient, le procureur enquêtant sur la mort de George Floyd à Minneapolis a requalifié les faits en homicide volontaire, inculpant Derek Chauvin de « meurtre non prémédité » – un chef passible de 40 années de réclusion – et de complicité les trois autres agents présents. Jeudi, Ces derniers ont comparu au tribunal pour que leur caution soit fixée : entre 750 000 et 1 million de dollars chacun.
Donald Trump joue, toujours, la fermeté
Accusé par l’opposition démocrate d’avoir jeté de l’huile sur le feu en menaçant d’avoir recours à l’armée pour mater la rue, Donald Trump continue à vouloir se montrer ferme.

« L’ORDRE PUBLIC ! », a-t-il encore tweeté jeudi au petit matin en lettres capitales dans ce qui sera certainement l’un des thèmes de sa campagne de réélection jusqu’à la présidentielle du 3 novembre.
Article réservé à nos abonnés
Lire aussi Mort de George Floyd : Donald Trump se revendique « président de la loi et l’ordre »
Plainte contre Trump après la dispersion de manifestants devant la Maison Blanche
Une plainte a été déposée contre Donald Trump après la dispersion violente lundi de manifestants pour permettre au président de poser, une bible à la main, devant une église toute proche de la Maison Blanche, a annoncé jeudi la puissante organisation de défense des droits civiques ACLU. Les ministres américains de la justice et de la défense, ainsi que d’autres hauts responsables sont également visés par cette plainte, déposée par l’ACLU et d’autres organisations des droits civiques pour le compte de la branche de Washington du mouvement Black Lives Matter et d’autres manifestants.
« Ce qui est arrivé à nos membres lundi soir, dans la capitale de la nation, était un affront allant à l’encontre de tous nos droits », a déclaré April Goggans, de Black Lives Matter DC, citée dans le communiqué de l’ACLU. « Nous ne serons pas réduits au silence par les gaz lacrymogènes et les balles en caoutchouc. C’est le moment d’être entendus. »
Le Monde avec AFP


Accueil | Contact | Plan du site | |

Creative Commons License

Promouvoir & Vulgariser la Technologie