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Le frère de George Floyd au Congrès américain : « Je vous demande de mettre un terme à notre épuisement »

jeudi 11 juin 2020 par Charles

Philonise Floyd a demandé aux élus de changer le fonctionnement des forces de l’ordre américaines après la mort de son frère lors de son interpellation à Minneapolis, qui a causé une vague de protestation.
Le Monde avec AFP Publié hier à 19h22, mis à jour hier à 23h00

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Le frère de George Floyd, Philonise Floyd, mercredi 10 juin lors de son audition par la commission judiciaire de la Chambre des représentants, à Washington. Greg Nash / AP
Le frère de George Floyd a lancé, mercredi 10 juin, un vibrant appel devant le Congrès des Etats-unis, implorant les élus de « mettre un terme à la souffrance » des Afro-Américains et d’adopter des réformes significatives des forces de police.
Au lendemain de l’inhumation de George Floyd, tué le 25 mai à Minneapolis par un policier blanc, son frère Philonise Floyd était auditionné par la commission judiciaire de la Chambre des représentants, à majorité démocrate.

Très ému, il a expliqué « ne pas pouvoir décrire la douleur » ressentie en regardant la vidéo du calvaire de son frère, asphyxié par l’agent Derek Chauvin qui est resté agenouillé sur son cou pendant près de neuf minutes. « Je suis ici pour vous demander de mettre un terme à la souffrance, de mettre un terme à notre épuisement », a-t-il lancé aux élus.

« S’il vous plaît, écoutez mon appel, écoutez les appels de ma famille, les appels qui montent de la rue dans le monde entier », a-t-il ajouté en référence aux manifestations qui ont suivi le drame, les plus importantes depuis le mouvement des droits civiques dans les années 1960.

Une proposition de loi démocrate
« Honorez-les et adoptez les réformes nécessaires pour faire en sorte que les forces de l’ordre soient la solution et non le problème », a supplié le quadragénaire. « Faites en sorte qu’elles rendent des comptes quand elles agissent mal, apprenez-leur à traiter les gens avec empathie et respect et apprenez-leur qu’une force létale ne doit être appliquée que quand une vie est en jeu », a-t-il énuméré.
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Son audition, aux côtés de représentants de la police et la société civile, a été organisée pour appuyer une proposition de loi présentée en début de semaine par des élus démocrates, et qui vise à « changer la culture » au sein de la police des Etats-Unis.
« Nous ne pouvons pas fermer les yeux face au racisme et à l’injustice qui imprègnent trop de nos forces de police », a déclaré Jerry Nadler, le chef de la commission, en ouvrant la réunion. « La nation exige que nous agissions pour obtenir des changements significatifs. »
18 000 services de police différents dans le pays
Les forces de l’ordre sont sur la sellette depuis la mort de George Floyd. Des foules de manifestants sont descendues dans les rues du pays – et même sur d’autres continents – pour réclamer justice et de profondes réformes au sein des quelque 18 000 services de police qui coexistent aux Etats-unis (police municipale, shérifs des comtés, patrouille des Etats…).
Face à la colère de la rue, certaines agences ont annoncé de premières mesures : la police de Houston va renoncer à la pratique controversée des « prises d’étranglement » lors d’arrestations de suspects, celle de Minneapolis sera démantelée pour être remise à plat, celle de Washington ne fera plus de place aux syndicats dans les procédures disciplinaires…

Un mémorial pour George Floyd dans le quartier de son enfance, The Third Ward, à Houston, dans l’Etat du Texas, le 1er juin. JOHANNES EISELE / AFP
Au Congrès fédéral, le Justice and Policing Act, soutenu par plus de 200 élus essentiellement démocrates, entend, entre autres, créer un registre national pour les policiers commettant des bavures, faciliter les poursuites judiciaires contre les agents et repenser leur recrutement ainsi que leur formation.
Mais l’avenir de ce texte est très compromis au Sénat, à majorité républicaine.
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Face à cette mobilisation sans précédent depuis le mouvement de lutte pour les droits civiques dans les années 1960, le chef de la majorité à la chambre haute, Mitch McConnell, a toutefois annoncé mardi qu’il chargeait le seul sénateur républicain noir, Tim Scott, de mener la réflexion pour le parti du président sur ce sujet.
Après avoir dénoncé une mort « triste et tragique », Donald Trump, qui est en campagne pour sa réélection, a mis l’accent sur un discours sécuritaire, insistant sur les violences commises en marge des manifestations.
Mercredi, il s’est dit catégoriquement opposé à l’idée de rebaptiser des bases militaires honorant des généraux confédérés, une hypothèse envisagée par le Pentagone. « Certains ont suggéré de renommer jusqu’à dix bases militaires légendaires », a tweeté le président américain, au moment où les manifestations contre le racisme à travers les Etats-Unis ont relancé le débat sur le passé esclavagiste du pays. Soulignant que ces bases faisaient désormais partie de « l’héritage américain », il a martelé que son gouvernement n’étudierait « même pas » cette éventualité.
La guerre de Sécession, qui a déchiré la nation de 1861 à 1865, principalement autour de la question de l’esclavage, a opposé les Etats du Nord et les Etats confédérés qui firent sécession.


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