MosaikHub Magazine

Quand diriger n’est pas prévoir

mercredi 15 juillet 2020 par Charles

La décision de l’exécutif de remplacer les cartels municipaux, arrivés en fin de mandat au cours du mois de juillet, par des agents exécutifs intérimaires est comme jeter de l’huile sur le feu dans plusieurs communes du pays.
A Tabarre, depuis l’annonce du maintien de la mairesse Nice Simon à son poste, la population de la commune et tous ceux qui doivent la traverser pour vaquer à leurs activités perdent leur quiétude d’esprit. Des hommes lourdement armés font la loi à Croix-des-Missions, à Fleuriot et dans d’autres coins de Tabarre. La police, trop occupée à trouver le meilleur moyen d’empêcher le prochain sit-in pacifique, les laisse faire. On signale aussi des protestations violentes contre d’autres commissions communales dans plusieurs autres communes. Des mairies auraient même été incendiées.
Ayant résisté aux évènements des 6, 7 juillet 2018 et aux épisodes de "peyi lòk", les contestations relatives aux commissions communales nommées peuvent ne pas ébranler le président Jovenel Moïse. Les cris des citoyens qui veulent vaquer librement à leurs occupations risquent de tomber dans des oreilles en béton. Nous avons devant nous l’exemple des affrontements armés à Martissant, la multiplication des gangs dans l’Artibonite et dans d’autres régions du pays. Le pouvoir a laissé le champ libre aux bandes armées au point qu’elles se regroupent aujourd’hui. Fort de cela, on a raison de craindre que Tabarre devienne le prochain quartier de non-droit de la zone métropolitaine.
Les mouvements violents contre la décision de l’exécutif de remplacer les maires par des agents exécutifs intérimaires viennent renforcer le climat d’insécurité, de peur et d’inquiétude sur fond d’une crise économique causée par une gouvernance catastrophique de Jovenel Moïse. En temps normal, ce sont des élus qui remplacent des élus. Cela éviterait au pays ces scènes de violence qui se déroulent dans certaines communes aujourd’hui.
Ici où diriger n’est pas prévoir, les évènements nous surprennent à chaque fois. Pourtant, le pays se donne une Constitution pour éviter que le pouvoir se concentre entre les mains d’une seule autorité comme aujourd’hui. C’est le non-respect de la loi-mère qui nous conduit dans cette situation où le président de la République nomme des agents exécutifs intérimaires et des groupes armés les contestent. Ce qui se dessine dans les rues aujourd’hui nous donne une idée de ce qui nous attend demain pour les élections des prochains sénateurs, députés et même du président de la République. Sauf si nos autorités choisissent de rétablir l’autorité de l’Etat et de respecter nos lois.

Jean Pharès Jérôme
Auteur


Accueil | Contact | Plan du site | |

Creative Commons License

Promouvoir & Vulgariser la Technologie