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Louis de Funès, « clown de génie » à sa juste démesure à la Cinémathèque française

vendredi 17 juillet 2020 par Charles

Le temple de la cinéphilie accueille l’icône de la comédie populaire à la française, avec une rétrospective de trente-cinq films.
Par Philippe Ridet Publié hier à 00h13, mis à jour hier à 13h04

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Pour l’état civil, Louis de Funès de Galarza est né à Courbevoie (aujourd’hui dans les Hauts-de-Seine), le 31 juillet 1914. Le monde allait s’arrêter de rigoler pour entrer dans un conflit sanglant. Il est mort couvert d’honneurs et de richesses le 27 janvier 1983 à Nantes. Mais l’acteur, lui, est réellement né au fond d’une cave en 1956 sous le nom de Jambier, épicier parisien de son état, vivant rue Poliveau de marché noir et de trafic de cochon.
C’est dans cette cave, face à Jean Gabin et à Bourvil, déjà monstres sacrés, que de Funès, alors tâcheron du cinéma français, s’impose en quelques minutes en égal de ses partenaires et accède à la lumière de la célébrité. Au moment de La Traversée de Paris, de Claude Autant-Lara, il a déjà plus de 40 ans, et des dizaines de panouilles à son actif. Cette naissance tardive expliquera sans doute pour les psychanalystes une inextinguible soif de reconnaissance.
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Cette cave en noir et blanc, sorte de grotte de Bethléem, occupe le cœur de l’exposition que La Cinémathèque de Paris consacre pour sa réouverture, le 15 juillet, à l’acteur le plus populaire que la France ait connu.
Elle est l’axe autour duquel s’articule sa scénographie. Du noir et blanc des vaches maigres à l’explosion des couleurs du succès. Des cachetons dans des petits rôles aux ponts d’or dans des comédies triomphales. Des cabarets où il joue du piano pour joindre les deux bouts au château de Clermont (Loire-Atlantique) qui fut sa dernière résidence, en passant par les Branquignols, la troupe de théâtre de Robert Dhéry qui le fit remarquer.
Deux vies
Ainsi se déclinent chromatiquement, chronologiquement et symboliquement les deux vies de l’acteur. La première, qui le voit attraper tous les rôles passant à la portée d’un physique qui n’est pas celui d’un jeune premier, tant s’en faut ; la seconde, où, en dépit de scénarios rarement impeccables, il impose sa petite taille, son gros pif et son invraisemblable vitalité comme le sommet indépassable du comique français.
Après avoir conquis le public populaire de la comédie, il finira par séduire également les intellectuels grâce notamment à l’essayiste et homme de théâtre franco-suisse Valère Novarina, qui publia Pour Louis de Funès en 1986 aux éditions Actes Sud.
Initialement programmée pour le 1er avril, cette exposition, qui s’accompagne d’une rétrospective de trente-cinq films, devrait permettre de vérifier une fois de plus à quel point l’acteur est devenu, de son vivant et près de quarante ans après sa mort, une icône devant laquelle tout le monde est comme forcé de s’incliner. « Il y a une histoire à percer, un clown de génie à observer en détail, et une autre histoire du cinéma français à raconter », écrit Fréderic Bonnaud, le directeur de La Cinémathèque, en préface du catalogue. Même s’il ajoute, à juste titre, que de Funès fut « un acteur majeur mais auteur mineur de films ineptes », cette commémoration illustre à sa manière la reddition de la cinéphilie dont La Cinémathèque est le temple devant le cinéma populaire.
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