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Coronavirus : aux États-Unis, la déferlante n’en finit pas

samedi 25 juillet 2020 par Charles

VIDÉO. Le nombre de cas de Covid continue à grimper, surtout dans l’Ouest et le Sud, alors que certains gouverneurs rechignent à prendre des mesures drastiques. De notre correspondante à Washington, Hélène Vissière

Le 15 juillet, les compteurs s’affolent en Géorgie. On compte ce jour-là près de 4 000 nouveaux cas de Covid, quelque 2 800 personnes hospitalisées, et le nombre de malades ne cesse d’augmenter. Le gouverneur républicain Brian Kemp décide alors de frapper un grand coup. Il promulgue un décret qui empêche les municipalités et les comtés d’imposer le port du masque en public ! Il avait précédemment au printemps interdit aux élus locaux de prendre des mesures plus restrictives que celles diligentées par l’État. Mais le décret du 15 juillet est beaucoup plus spécifique. Il annule ainsi les règles édictées dans plusieurs grandes villes comme Atlanta, Savannah, Athens…
Le lendemain, Brian Kemp va encore plus loin. Il lance une action en justice contre la maire démocrate d’Atlanta, l’accusant d’outrepasser ses pouvoirs, car elle continue à imposer le masque. Dans une conférence de presse, il l’accuse de mener « des politiques désastreuses qui menacent la vie de nos citoyens ». « Nous sommes tous d’accord sur le fait que porter un masque est efficace, j’ai confiance dans le fait que les Géorgiens n’ont pas besoin qu’on leur donne des directives pour bien se comporter », annonce-t-il. Sa « grande inquiétude », ajoute-t-il, c’est que les gens attendent trop que l’État leur dise quoi faire.

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Brian Kemp, trumpiste convaincu, a l’habitude de calquer ses décisions sur les positions du président. Au printemps, comme Trump, il minimise le danger et fait l’autruche, malgré la hausse du nombre de malades du Covid. Il finit, contraint et forcé, par décréter un confinement début avril qui va durer… trois semaines ! La Géorgie est le premier État à redémarrer son économie. Il n’est pas le seul. La majorité des gouverneurs des États conservateurs rechignent à imposer des mesures restrictives. Mais cette approche devient de plus en plus intenable. Ces dernières semaines, la pandémie a ravagé les États-Unis, particulièrement le Sud et l’Ouest. Quelque 4 millions d’Américains ont été testés positifs depuis le début de la pandémie. Plus de 144 000 sont morts et le nombre d’hospitalisés atteint le pic du 15 avril quand la crise était largement concentrée à New York.

Une Amérique coupée en deux
La bonne nouvelle, c’est que le rythme d’infections semble ralentir. Le nombre de nouveaux cas augmentait de 20 % par semaine le mois dernier. Cette semaine, il a augmenté de seulement 7 %. La situation ne s’améliore pas pour autant : le pays a enregistré dans la journée de mercredi près de 70 000 nouveaux cas, deux fois plus qu’il y a un mois. Et pour la première fois depuis le 29 mai, on a dépassé cette semaine le millier de morts quotidien. La Californie est l’État le plus touché, avec près de 13 000 nouveaux cas enregistrés le seul 21 juillet, un nouveau record.
Ces jours-ci, on se retrouve avec une Amérique coupée en deux, entre le Sud et l’Ouest, nouvel épicentre de la pandémie, et le Nord-Est plus épargné. Si les cas de Covid sont moindres du Delaware au Maine, c’est que ses États ont été dévastés en mars et avril et que les leaders politiques ont pris des mesures drastiques de confinement qui ont été largement suivies. Les résidents de l’Ouest et du Sud cependant sont beaucoup plus méfiants à l’égard du gouvernement fédéral à qui ils ne font pas confiance et semblent plus réticents à suivre les consignes sanitaires, notamment le port du masque.
Il faut dire que les messages contradictoires de l’administration n’ont pas aidé. Donald Trump n’a cessé de dire que le virus allait disparaître, que c’était une vulgaire grippe… Il a encouragé à déconfiner au plus vite, une erreur monumentale, et a contredit constamment ses spécialistes de la santé tout en vantant des traitements farfelus. Pas étonnant donc que beaucoup d’Américains soient persuadés que l’ampleur de la pandémie est exagérée ou doutent même de son existence.

Plus grave, il a laissé la responsabilité de la crise sanitaire aux États. La réponse est donc fragmentée et inégale, un patchwork de mesures qui dépend plus des opinions politiques du gouverneur que de la santé publique.
Situation incontrôlée
Signe que la situation s’aggrave, Donald Trump s’est exhibé avec un masque et a appelé les Américains à en porter un. Il a aussi admis lors d’un briefing que la pandémie « allait probablement empirer malheureusement avant de s’améliorer ». Et il vient d’annuler la Convention républicaine qui devait avoir lieu fin août en Floride.
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Face à une épidémie de plus en plus incontrôlée, les gouverneurs, même les plus trumpistes, sont donc obligés de réagir. Dans l’Alabama, l’Arkansas et l’Indiana, États farouchement conservateurs, les gouverneurs viennent d’ordonner le port du masque obligatoire. Au Texas, Greg Abbott, qui avait empêché les municipalités de l’imposer, a fait machine arrière début juillet. Il a aussi fermé les bars et limité l’occupation des restaurants à 50 %. Mais il refuse d’annoncer des mesures plus restrictives quand bien même les cas explosent dans son État. Au sud du Texas, dans la vallée du Rio Grande, des juges dans des comtés très touchés par le Covid ont décrété le confinement, limitant les déplacements et les rassemblements. Mais sans effet. Ils ne peuvent pas faire respecter ces règles car le gouverneur refuse de leur accorder ce pouvoir. Rétablir un confinement « forcerait les Texans à la pauvreté », a-t-il déclaré. Selon lui, les autorités locales devraient commencer à faire respecter sérieusement le port du masque et la distance sociale, avant d’imposer des mesures plus draconiennes. Pour la seule journée du 23 juillet, on comptait au Texas plus de 9 500 nouveaux cas et 173 morts.
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