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Pasteur Grégory Toussaint... Exception ou miroir de notre société sans repère ?

dimanche 16 août 2020 par Charles

« Pale mal, se lapriyè jouda », « Jou w mouri, yon sèkèy pou ou, youn pou lang ou ». Autant de dictons qui relatent la pratique de la médisance, de la calomnie et de la diffamation dans nos pratiques. Évidemment, ce n’est pas propre aux Haïtiens, mais ces pratiques se sont répandues de manière exagérée, chez nous, et deviennent une limite à l’harmonie sociale. Ces normes de comportement créent des rapports conflictuels entre nous et désagrègent le tissu social.
L’orientation et le développement d’une société sont tributaires des valeurs qui y sont véhiculées. La Chine a quitté la féodalité pour aspirer à la modernité, à partir d’un consensus intellectuel autour de valeurs sociales clés. Avant l’argent, les ressources du sous-sol, la position géographique avantageuse viennent les idées qui sont portées par les humains qui forment la société et habitent le pays.
À travers la saga du pasteur Grégory et de l’icône Shoubou, ce sont des valeurs négatives de la société haïtienne qui sont mises au grand jour. Calomnie, médisance, comportements qui émanent des relations sociales accumulées au cours des siècles, depuis l’esclavage. Elles se cristallisent au plus profond de notre conscience individuelle et collective.
Ainsi, par nos valeurs, nous construisons notre identité et notre idéologie, les deux définissant nos rapports des uns aux autres. Si nous voulons changer et progresser, nous devrions être conscients de nos valeurs et de qui nous sommes vraiment, pour aspirer à une version plus grandiose de l’être haïtien et par extension d’une société haïtienne plus démocratique et humaniste …
Pourquoi la médisance est-elle dangereuse du point de vue social ?
Un pasteur est censé être un gardien des valeurs religieuses dans une société. L’orsqu’il enfreint les règles mêmes de sa doctrine, nous assistons à une implosion éthique de l’Église et une explosion des repères. « TU NE FERAS PAS DE FAUX TEMOIGNAGES », préconise le huitième commandement dans la Bible qui interdit le parjure, le faux témoignage, la médisance, la diffamation, la calomnie détruisent la bonne réputation d’autrui. Le narcissisme du pasteur contredit la vocation de sa mission évangéliste.
Les réactions de condamnation furent unanimes. Certaines furent disproportionnées. À côté de prises de position fermes mais pondérées de certaines personnalités influentes, nous avons assisté à un rouleau compresseur d’injures, de menaces et… de médisance à rebours, à l’adresse du pasteur. On abhorrait le même comportement reproché au pasteur. Sous prétexte de venger notre idole Shoubou. oeil pour oeil, dit-on ! Curieux que le Shouchou ait eu plus de témoignages de sympathie dans cette situation qu’il y a quelques mois, lors de la célébration du cinquantième anniversaire de carrière avec Tabou Combo !
Ne serait-il pas intéressant, pendant que nous enlevions cette grosse paille des yeux du pasteur, d’en profiter pour scruter chacun nos poutres qui nous empêchent de voir clair dans nos propres pratiques. Sommes-nous en train d’immoler le pasteur en projetant sur lui ce que nous n’acceptons pas chez nous.
…Combien de fois avions-nous agi comme ce pasteur, entre amis, en privé ? Combien de fois avions-nous été témoins actifs ou passifs et que nous avions choisi le silence ?
Combien de fois à coups de déclarations d’intention vertueuses, nous avons dit des paroles médisantes qui ont eu des effets dévastateurs sur l’autre ? Combien de fois avions-nous choisi l’autre comme le bouc émissaire et nous comportant en loups avec notre meute, nous mettant à hurler en cœur ?
La médisance, la calomnie, la diffamation sont des pratiques sociales destructrices. L’étendue de leurs dégâts est incommensurable sur l’estime de soi des victimes. Elles empêchent la confiance entre Haïtiens. Elles réduisent notre capacité d’établir des relations durables entre nous. Elles anéantissent les chances de succès des entreprises entre associés haïtiens.
Les calomniateurs et les médisants rabaissent les autres pour se donner de la hauteur. Le narcissisme du pasteur contredit la vocation altruiste de sa fonction. C’est un acte de haine qui provoque une énergie destructrice. Il est dicté par l’ego qui est un frein majeur à la démarche collaborative menant à la construction du vivre-ensemble.
Nous devons identifier les comportements qui freinent la concorde et travailler à leur mutation. La NATION est contraire à ce que nous avons construit jusqu’à présent. Elle est un vaste rassemblement humain où coexiste une population en solidarité et en harmonie. Cette cohésion est incompatible avec certaines pratiques… Nous avons eu gain de cause avec l’acte de repenti du pasteur. Ayons, maintenant, l’humilité de corriger en nous ce que nous condamnons avec véhémence chez autrui…

Aly Acacia


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