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Elections américaines : « La course aux deux derniers sièges du Sénat promet d’être aussi formidable que la présidentielle »

lundi 16 novembre 2020 par Charles

Le cycle électoral américain est loin d’être clos. Deux sièges restent à pourvoir au Sénat, en Géorgie qui pourraient donner une majorité aux démocrates, analyse Didier Combeau, spécialiste des Etats-Unis, dans une tribune au « Monde »

TRIBUNE
Didier Combeau

Essayiste et spécialiste des États-Unis

Conformément à la Constitution, les sénateurs seront alors départagés par la voix de la vice-présidente. Une femme noire. » ROY SCOTT/IKON IMAGES / PHOTONONSTOP
Est-ce le vieux lion blessé qui rugit, ou l’enfant gâté qui nous fait une colère ? Le refus par Donald Trump d’admettre sa défaite à la présidentielle tient sûrement un peu des deux. Mais ce n’est pas seulement cela. Les responsables républicains, eux, dansent d’un pied sur l’autre sur l’attitude à adopter.

Certains, comme le sénateur Mitt Romney ou l’ancien président Bush, pensent qu’il devrait le faire ; d’autres, comme le leader du Sénat, Mitch McConnell, ou le chef de la minorité républicaine à la chambre, Kevin McCarthy, offrent à Trump un soutien modéré : « Tous les votes légaux doivent pris en compte. » Le message ressemble à une vérité de La Palice, mais il est en réalité codé. Le plus grand nombre observe une prudente réserve, alors que le site officiel du parti lance une souscription au fonds de défense de l’« intégrité des élections ».

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Cela peut paraître surprenant, car il n’y a pas d’enjeu pour la désignation du futur président. Les experts s’accordent à reconnaître qu’il est fort peu probable que les nombreux recours de Donald Trump aboutissent à un renversement du résultat, même si quelques irrégularités sont ici ou là mises au jour. Il faudrait qu’il y ait eu des fraudes massives, ce qui n’a jamais été constaté par le passé. Et l’Amérique n’est généralement pas tendre avec les perdants.

Un enjeu racial et arithmétique
Mais l’enjeu politique est élevé. Car la question de l’intégrité des élections, mise en avant par Donald Trump dès 2016, lorsqu’il clamait que les démocrates lui avaient « volé » la victoire dans plusieurs Etats, oppose de longue date républicains et démocrates. Cet enjeu est aussi racial qu’arithmétique.

Pour en comprendre les tenants et les aboutissants, il faut se souvenir qu’aux Etats-Unis le niveau d’abstention est traditionnellement élevé : d’après le Pew Research Center, ce pays-phare de la démocratie se situe au 26e rang des 32 pays de l’OCDE en termes de participation (Drew Desilver, « U.S. trails most developed countries in voter turnout », Pew Research Center, 21 mai 2018).

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Une élection ne se gagne pas tant en arrachant des voix au parti adverse qu’en mobilisant ses sympathisants. Or, les abstentionnistes sont plus nombreux parmi les catégories qui constituent le cœur de l’électorat démocrate : chez les jeunes, parmi les catégories défavorisées, et par-dessus tout parmi les Afro-Américains qui, lorsqu’ils s’expriment, votent démocrate à 90 %.

L’importance du vote par correspondance
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