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La goutte d’eau qui a causé la chute de Rameau Normil

mardi 17 novembre 2020 par Charles

Le Premier ministre Joseph Jouthe, en interview avec Le Nouvelliste, lundi 16 novembre, n’a pas fait mystère de la mesure qui a provoqué le limogeage de Rameau Normil du poste de directeur général de la Police nationale d’Haïti.

Selon les explications du Premier ministre, sans consultations et après un premier refus, le DG a.i. Rameau Normil a tenté de faire passer les frais accordés aux plus de quatorze mille policiers de 10 à 20 000 gourdes, a révélé Joseph Jouthe.

« Il a pris une décision politique », a estimé le chef du CSPN, qui avoue ne pas connaitre les « motivations » de Rameau Normil. Il a voulu utiliser la ligne 110 du budget pour alimenter les « ti kat », cette fameuse carte de débit remise à chaque policier. « Cela fait 1,8 milliard de gourdes. Dans trois mois, l’État n’aurait pas pu payer les policiers », a poursuivi Joseph Jouthe, soulignant qu’il n’y avait pas de prévisions budgétaires en ce sens.

« Cette augmentation pour les policiers aurait provoqué un effet domino. Toute l’administration aurait demandé une augmentation de ti kat », a-t-il dit, sans masquer une préférence, celle de donner une augmentation de salaire directe à la place des frais.

« Cette affaire de ti kat au sein de l’administration publique est une source de corruption. Vous n’avez aucun contrôle dessus », a indiqué Joseph Jouthe qui déplore que le ministre de l’Economie et des Finances Michel Patrick Boisvert ait été présenté à tort comme celui qui a bloqué l’augmentation à 20 000 gourdes.

Des policiers ont fait pression et ont menacé le ministre des Finances disant qu’il ne veut pas octroyer l’augmentation alors que l’argent n’est pas inscrit dans le budget, a expliqué le Premier ministre Joseph Jouthe qui, en août dernier, avait descendu en flammes Rameau Normil, lors du dialogue communautaire, au palais national, en présence du président Jovenel Moïse.

« Je ne suis pas satisfait de la performance de la Police nationale », avait-il indiqué. Selon le Premier ministre Joseph Jouthe, à chaque fois qu’il passe des instructions aux responsables de la PNH, on lui répond qu’il n’y a pas de véhicules blindés pour les exécuter. « La sécurité et la police ne sont pas l’affaire des enfants. Nomination, révocation, démission, moi j’attends des résultats », avait menacé le chef du Conseil supérieur de la Police nationale en s’adressant au directeur général de la Police nationale.

« Il y a un problème au niveau de la police. Yon moun se oubyen ou chèf, oubyen ou pa chèf. Un chef doit prendre ses responsabilités, quand vous passez un ordre, il doit être exécuté…. Moi, je suis fatigué… Si on me révoque pour autre chose, d’accord, mais si on me révoque pour incompétence, je ne pourrai pas l’accepter », avait lancé le Premier ministre, s’adressant encore une fois au chef de la police.

Rameau Normil, installé en août 2019, en remplacement de Michel Ange Gédéon, n’a pas su répondre aux aspirations de la population qui paie le prix fort du renforcement des gangs en divers points du territoire.

Roberson Alphonse


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