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Léon Charles, Sauveur ou agneau immolé ?

mercredi 18 novembre 2020 par Charles

Le 27 Aout 2019, en cédant sa place à Normil Rameau à la tête de la direction générale de la Police Nationale d’Haïti, le commissaire Michel-Ange Gédéon avait déclaré que les vrais bandits à craindre n’étaient pas ceux connus de tous, mais ceux qui circulent en costume et chemise blanche roulant dans de grosses cylindrées.

Cette phrase a été prononcée parmi d’autres alors que le concerné faisait état des obstacles auxquels il avait dû faire face dans l’accomplissement de ses missions.

A l’époque, Michel-Ange Gédéon était critiqué car il n’avait pas su apporter des réponses à la terreur qui régnait à l’entrée Sud de la Capitale. Le commissaire Normil Rameau incarnait l’espoir, notamment à cause notamment de sa performance à la tête de la Direction Centrale de la Police Judiciaire, DCPJ. Présenté comme un fin stratège, le nouveau DG avait reçu ses premières instructions de l’ancien premier ministre Jean Michel Lapin qui l’avait également assuré de la confiance du président Jovenel Moise. 14 mois après, la police est à genou, la capacité du commissaire Rameau est remise en question, l’insécurité prend de l’ampleur, change de forme et devient plus préoccupante chaque jour un peu plus.

Et encore une fois, un messie doit être né, un sauveur doit venir. Léon Charles a donc fait le saut du siège de l’OEA à Washington où il représentait Haïti en tant qu’ambassadeur jusqu’à la direction générale de la PNH à Pétion-Ville.

Mais rappelons le, Léon Charles avait déjà dirigé la police entre 2004 et 2005 ; c’est d’ailleurs lui que le commissaire Mario Andresol avait remplacé. Il avait été muté parce qu’à l’époque, le pouvoir de transition estimait qu’il n’était pas assez efficace dans sa stratégie pour mater « l’opération Bagdad » lancée suite au départ de l’ancien président Jean Bertrand Aristide. Si à ce moment les tensions entre groupes armés étaient circonscrites dans des zones précises, aujourd’hui c’est le pays qui semble gangstérisé ; les groupes armés sont plus puissants, la société est plus passive et la police est très divisée.

Fondées ou pas, les rumeurs sur des connections entre bandits et pouvoir, bandits et leaders politiques, bandits et hommes d’affaires sont persistantes et ne peuvent pas être négligées, d’ailleurs tout le monde s’accorde à reconnaitre que la plupart de ceux qui font la loi aujourd’hui ne peuvent pas se payer ces armes de calibre qu’ils utilisent. Donc Léon Charles, pourra-t-il faire face à ces obstacles, va-t-il avoir les moyens de sa politique pour agir librement ? Le gouvernement prendra-t-il enfin ses responsabilités envers ces quartiers populeux où des gens qui manquent de tout sont prêts à protéger un chef de gang parce qu’il fait du social dans la zone ? La justice sera-t-elle assez forte pour garder en prison les bandits appréhendés au prix de grands sacrifices ? Les politiques accepteront-ils de laisser la PNH faire son travail technique ?

Alors Léon Charles sera-t-il ce messie qui devait venir ou un autre agneau qui sera immolé sur la buche de la passivité de la société, de l’insouciance ou des intérêts mesquins des dirigeants ?

Luckner GARRAUD Journaliste Radio/Télé Métropole


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