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« La dernière fois où l’Amérique s’est trouvée à ce point divisée, la guerre de Sécession en a résulté »

mercredi 13 janvier 2021 par Charles

Au-delà de l’assaut du Capitole, l’écrivain américain Ron Rash s’inquiète, dans une tribune au « Monde », des élans totalitaires, à gauche comme à droite, qui enflent aux Etats-Unis. Contenir ces élans sera, selon lui, l’immense défi que Joe Biden aura à relever.

Des partisans du président Donald Trump prennent d’assaut le Capitole, à Washington, le 6 janvier. LEAH MILLIS / REUTERS
En 1968, j’avais 14 ans quand l’Amérique parut se désagréger. Nous étions au beau milieu d’une guerre qui avait divisé les Américains, souvent en fonction de leur âge et de leur classe sociale. Cet été-là, il y eut aussi des émeutes dans plusieurs grandes villes. Je me souviens de mes parents regardant CBS Evening News, le journal télévisé du soir présenté par Walter Cronkite. Nous voyions des images de villes en flammes, y compris de Washington. Des policiers casqués matraquant des manifestants à la convention démocrate.

Chaque soir nous étions tenus informés du nombre de soldats tués au Vietnam. La division était partout, jusque dans ma petite ville du sud des Etats-Unis. Un soir, alors que j’étais dans un snack, une bagarre éclata entre un garçon aux cheveux longs en âge d’être incorporé et un homme grisonnant d’une cinquantaine d’années à propos des paroles pacifistes d’une chanson sortant du juke-box.

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Un autre soir, après avoir vu à la télévision de nouvelles scènes de violence, ma mère fondit en larmes, persuadée que le pays ne s’en remettrait pas. Et pourtant, le pays a survécu.

L’abandon des électeurs de la classe ouvrière
Aujourd’hui, nous sommes au bord d’un autre précipice. Pour de nombreuses raisons, souvent complexes. Cependant il ne fait aucun doute que figurent parmi elles l’abandon des électeurs de la classe ouvrière par le Parti démocrate et l’exploitation cynique de cet abandon par le Parti républicain.

Il n’est pas surprenant, dans un pays où la Cour suprême a décidé que les sociétés commerciales sont désormais des personnes, que les deux partis soient trop souvent contrôlés par des intérêts liés aux entreprises. En cas de doute, il suffit de consulter la liste des dons en faveur des campagnes électorales. Le moment était venu pour Donald Trump – qui lui au moins prétendait s’intéresser aux préoccupations de la classe ouvrière – de tirer profit des circonstances.

Les commentateurs, aux Etats-Unis, ont trop souvent comparé Trump aux traîtres shakespeariens, mais il est loin d’être aussi intéressant ; il n’est pas plus complexe qu’un enfant gâté de 5 ans. C’est pourtant cette simplicité que j’ai toujours trouvé le plus effrayant chez lui, parce qu’elle en fait un homme capable de tout, parce que sa vision de la vie est anhistorique. Par là je ne veux pas simplement parler de son absence de curiosité intellectuelle, ni du fait qu’il n’a jamais ouvert un livre d’histoire ou témoigné le moindre intérêt pour tout ce qui est situé en dehors de sa sphère personnelle. Je veux avant tout dire que nier le passé est le propre de son caractère.

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