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Durée des mandats : « On ne guérit pas un mal par un mal », selon Rosny Desroches

vendredi 22 janvier 2021 par Charles

Si pour les partis de l’opposition le président Jovenel Moïse doit partir le 7 février prochain parce que son mandat est arrivé à expiration, pour le secrétaire exécutif de l’Initiative de la société civile (l’ISC), le chef de l’État a encore un an à passer au pouvoir. « Le président a été installé en principe en 2017. Si on y ajoute cinq ans, cela donne 2022. C’est ma lecture de la Constitution. C’est ce que dit la Constitution », déclare Rosny Desroches lundi sur Magik 9. Tout ce débat autour de la fin du mandat du chef de l’État résulte de sa décision de mettre fin prématurément au mandat de dix sénateurs le 13 janvier de l’année dernière. « Le problème, c’est que le président Moïse a empêché une dizaine de sénateurs qui avaient encore deux années de mandat de siéger », analyse Rosny Desroches. Ça a été, pour lui, la grande faute politique du président de la République qui, en prenant cette décision, avait créé un « précédent ».

C’est la décision de renvoyer dix sénateurs qui avaient encore deux années de mandat qui fragilise le mandat du chef de l’État, croit Rosny Desroches. L’opposition est en train de demander au chef de l’État d’appliquer à sa personne ce qu’il avait fait aux sénateurs.

En dépit du fait qu’il reconnaît que le chef de l’État avait mis fin illégalement au mandat des sénateurs, Rosny Desroches ne croit pas que Jovenel Moïse doit subir le même sort. « On ne guérit pas un mal par un mal », lance-t-il. M. Desroches affirme qu’il n’est pas dans « la logique de l’œil pour œil, dent pour dent » qui a prévalu pendant des siècles dans l’histoire de l’humanité. « Nous avons dépassé ce stade, nous les êtres humains », prêche Rosny Desroches, qui dit s’opposer à toute idée de remplacer le régime en place par un pouvoir de transition ou encore un gouvernement provisoire. « Là n’est pas la solution », à en croire l’ancien ministre de l’Éducation nationale. Il faut que ce soit un élu qui remplace un élu, exige Rosny Desroches, qui dit avoir des « convictions démocratiques très fermes ». Si nous voulons redresser la situation économique et sécuritaire du pays, il faut que nous ayons un gouvernement légitime, voté par le peuple, insiste le secrétaire exécutif de l’ISC, qui dit ne rien attendre d’un gouvernement de transition.

Le président Jovenel Moïse doit rester en poste jusqu’au 7 février 2022 propose M. Desroches. Toutefois pour les sénateurs qui avaient été renvoyés, Rosny Desroches réclame pour eux un an après des « réparations » ou des « compensations » à travers des négociations. Il conseille les partis de l’opposition qui sont compatibles entre eux et qui dégagent plus ou moins une même vision de se mettre ensemble pour faire face au PHTK et au gouvernement en place.

Le 6 juin 2016, dans un extrait d’une vidéo devenue virale depuis quelques jours, le président du Conseil électoral provisoire à l’époque avait informé de l’adoption d’une résolution dont l’un des points concerne la reprise du premier tour de l’élection présidentielle dans le cadre du même processus électoral. Les candidats devaient seulement confirmer leur candidature. « Il a parlé de la reprise du même processus électoral. On peut se demander ce que signifie ’’reprise’’ », souligne Rosny Desroches. Pour lui, la reprise d’un processus peut vouloir dire reprendre le processus là où il s’était arrêté tout comme il peut vouloir dire reprendre le processus à zéro. C’est un autre premier tour qui a été organisé, poursuit Rosny Desroches à propos des élections qui ont amené Jovenel Moïse au pouvoir.

Rosny Desroches affirme plus loin qu’il n’entend pas défendre le président Jovenel Moïse qui a commis des « fautes graves ». Il l’accuse d’avoir violé la Constitution à plusieurs reprises. De son côté l’opposition ne fait pas mieux. « L’opposition fait la même chose. Ceux qui étaient au Sénat ont fait la même chose. La classe politique ne s’est pas montrée respectueuse de la Constitution non plus », rappelle Rosny Desroches qui plaide en faveur d’un accord politique entre les acteurs. Cet accord est une façon de sortir de l’inconstitutionnalité, précise le numéro un de l’ISC.

Danio Darius


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