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Accord sur le nucléaire : l’Iran demande aux Européens de jouer les médiateurs avec Washington

mardi 2 février 2021 par Charles

Pour la première fois, Téhéran semble ouvrir la porte à un retour synchronisé avec les Etats-Unis dans l’accord de 2015.

Pour Mohammad Javad Zarif, le ministre iranien des affaires étrangères, l’Union européenne peut « chorégraphier les mesures » qui doivent être prises par les Etats-Unis et par l’Iran pour un retour dans l’accord sur le nucléaire. HANDOUT / AFP

Pour Mohammad Javad Zarif, le ministre iranien des affaires étrangères, l’Union européenne peut « chorégraphier les mesures » qui doivent être prises par les Etats-Unis et par l’Iran pour un retour dans l’accord sur le nucléaire.
Pour Mohammad Javad Zarif, le ministre iranien des affaires étrangères, l’Union européenne peut « chorégraphier les mesures » qui doivent être prises par les Etats-Unis et par l’Iran pour un retour dans l’accord sur le nucléaire. HANDOUT / AFP
C’est un appel du pied qui pourrait ouvrir des perspectives apaisées sur un dossier bouillant. Le ministre iranien des affaires étrangères a demandé, lundi 1er février, à l’Union européenne (UE) de jouer les médiateurs entre l’Iran et les Etats-Unis pour sauver l’accord sur le nucléaire iranien.

« Il peut clairement y avoir un mécanisme pour soit synchroniser » le retour des deux pays dans les clous de l’accord, « soit coordonner ce qui peut être fait », a dit Mohammad Javad Zarif sur la chaîne CNN International. Selon lui, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell peut « mettre sa casquette de coordinateur de la commission conjointe » de suivi de l’accord de 2015 « et chorégraphier les mesures qui doivent être prises par les Etats-Unis et les mesures qui doivent être prises par l’Iran ».

L’accord de Vienne signé par Téhéran avec les grandes puissances (Etats-Unis, Chine, Russie, Allemagne, France, Royaume-Uni) ainsi que l’UE visait à empêcher la République islamique de se doter de la bombe atomique, avec de strictes limites à son programme nucléaire censé demeurer exclusivement civil et pacifique. La communauté internationale avait en échange levé toutes ses sanctions économiques contre l’Iran.

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Les Américains doivent d’abord « démontrer leur bonne foi »
Mais l’ex-président américain Donald Trump, le jugeant insuffisant sur le front nucléaire et déplorant qu’il ne s’attaque pas au programme de missiles balistiques iraniens et aux autres activités « déstabilisatrices » de l’Iran au Moyen-Orient, en a retiré Washington en 2018, et a rétabli puis durci les sanctions américaines. Les Européens ont toujours dénoncé la décision du milliardaire républicain, et ont tout fait depuis trois ans pour tenter de sauver l’accord.

« L’UE tente de trouver les moyens pour que les Etats-Unis reviennent dans l’accord et pour que l’Iran respecte à nouveau pleinement ses engagements », a dit lundi un porte-parole de la Commission européenne, avant que le ministre iranien ne formule sa proposition.

Le nouveau président Joe Biden a promis de rejoindre à nouveau ce texte, mais à condition que Téhéran revienne au préalable dans les clous de ses restrictions nucléaires, dont il a commencé à s’affranchir en riposte aux sanctions des Etats-Unis.

Or la diplomatie iranienne avait jusqu’ici réclamé que l’administration Biden fasse le premier pas, en levant les sanctions avant toute chose. La proposition de Mohammad Javad Zarif semble ouvrir la porte pour la première fois à un processus « synchronisé », même s’il réaffirme que les Américains, qui ont quitté l’accord, doivent d’abord « démontrer leur bonne foi ».

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« Le timing n’est pas le problème »
Ces déclarations interviennent alors que le climat s’était tendu le 4 janvier quand Téhéran avait annoncé la reprise de son processus d’enrichissement d’uranium à 20 %. Une décision qui s’inscrivait dans une série d’entorses à ses engagements, amorcée en mai 2019, un an après le retrait unilatéral des Etats-Unis de l’accord.

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Dans un entretien avec la chaîne américaine NBC diffusé lundi, le nouveau secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a estimé qu’il faudrait « un certain temps » pour que l’Iran revienne dans les clous, puis encore « un certain temps » pour que les Etats-Unis « évaluent s’ils ont bien tenu leurs engagements ».

« Le timing n’est pas le problème », a répondu son homologue iranien. Selon lui, certaines limites peuvent être à nouveau respectées « en moins d’un jour », « d’autres peuvent prendre quelques jours ou semaines, mais cela ne prendra pas plus de temps qu’il faut aux Etats-Unis pour appliquer des décrets présidentiels nécessaires » pour lever les sanctions.


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