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Le Venezuela donne soixante-douze heures à l’ambassadrice de l’Union européenne pour quitter le pays

jeudi 25 février 2021 par Charles

Cette décision survient quarante-huit heures après que l’UE a sanctionné 19 hauts fonctionnaires du régime de Nicolas Maduro pour leur rôle dans des actes portant atteinte à l’Etat de droit au Venezuela.

Le Monde avec AFP
Publié hier à 18h46, mis à jour à 01h28
Temps deLecture 3 min.

L’ambassadrice de l’Union européenne au Venezuela, Isabel Brilhante Pedrosa, reçoit une lettre « persona non grata » du ministre des affaires étrangères vénézuélien, Jorge Arreaza, dans son bureau de Caracas, mercredi 24 février 2021.
L’ambassadrice de l’Union européenne au Venezuela, Isabel Brilhante Pedrosa, reçoit une lettre « persona non grata » du ministre des affaires étrangères vénézuélien, Jorge Arreaza, dans son bureau de Caracas, mercredi 24 février 2021.
ARIANA CUBILLOS / AP

La réponse à la nouvelle salve de sanctions de l’Union européenne (UE) n’a pas tardé. Mercredi 24 février, le Venezuela a décidé l’expulsion de l’ambassadrice de l’UE à Caracas, a annoncé le ministre des affaires étrangères, Jorge Arreaza.

« Aujourd’hui, sur décision du président Nicolas Maduro nous avons remis en mains propres à Mme Isabel Brilhante (…) une déclaration de persona non grata », a déclaré M. Arreaza à la presse, après une réunion avec la diplomate. « Il lui a été donné un délai de soixante-douze heures pour quitter le territoire vénézuélien », a-t-il ajouté.

M. Arreaza a dénoncé des sanctions « illégales ». « Espérons que l’Union européenne réfléchisse, espérons que nous puissions reconstruire des ponts d’entente, de dialogue, espérons qu’ils apprennent à [nous] respecter », a-t-il ajouté.

L’Union européenne a demandé au gouvernement du Venezuela de « revenir sur cette décision qui va accentuer l’isolement du Venezuela », a déclaré Nabila Massrali, porte-parole du chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell. « Le Venezuela ne surmontera la crise actuelle que par la négociation et le dialogue. L’UE est prête à faciliter cela, mais une telle décision ne va pas aider », a insisté Mme Massrali.

Le président vénézuélien Nicolas Maduro s’est finalement exprimé, dans la soirée, lors d’une allocution à la télévision d’Etat :

« On n’avait pas envie de le faire, on le fait contre notre volonté parce qu’on voudrait avoir les meilleures relations qui soient avec l’Europe. Mais nous ne pouvons pas accepter que quelqu’un vienne attaquer le Venezuela, sanctionner le Venezuela. Soit vous rectifiez le tir, soit il n’y aura plus jamais d’accord de quelque nature que ce soit, plus de dialogue avec ces messieurs de l’Union européenne, pour que vous compreniez que le Venezuela est digne. »

Sanctions européennes
L’UE a sanctionné lundi 19 hauts fonctionnaires du régime de Nicolas Maduro pour leur rôle dans des actes et décisions portant, selon elle, atteinte à la démocratie et à l’Etat de droit au Venezuela. La décision, validée par les ministres des affaires étrangères des Vingt-Sept, porte à 55 le nombre total de responsables et hauts fonctionnaires du gouvernement vénézuéliens sanctionnés par l’UE (interdiction de voyager et gel des avoirs sur le territoire de l’Union).

L’UE a notamment sanctionné Omar José Prieto, gouverneur de l’Etat de Zulia, le commandant des forces armées, Remigio Ceballos Ichaso, trois responsables du Conseil électoral, dont sa présidente, Indira Maria Alfonzo Izaguirre, ainsi que deux députés.

L’UE avait annoncé en janvier être prête à adopter des mesures restrictives ciblées supplémentaires, compte tenu de la détérioration de la situation au Venezuela à la suite des élections législatives de décembre 2020. A l’issue de ce scrutin, boycotté par les principaux partis de l’opposition et dont les résultats n’ont pas été reconnus par les Etats-Unis, l’Union européenne et plusieurs pays d’Amérique latine, le parti du président Maduro et ses alliés ont remporté 256 des 277 sièges de l’Assemblée nationale.

Cette dernière avait été entre 2015 et 2020 la seule institution contrôlée par l’opposition, avec à sa tête l’opposant Juan Guaido, reconnu par plus d’une cinquantaine de pays comme président par intérim.

« L’arrogance du dictateur face à l’échec de la fraude [électorale] l’isole davantage du monde et entend entraîner le pays avec lui dans sa chute », a écrit M. Guaido sur Twitter.

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Un précédent en juin
Le 29 juin, après une précédente batterie de sanctions européennes, Nicolas Maduro avait déjà déclaré persona non grata Mme Brilhante Pedrosa, de nationalité portugaise, et lui avait donné soixante-douze heures pour quitter le pays. Toutefois, à l’expiration du délai, le gouvernement avait fait marche arrière, tout en demandant à l’UE « des gestes » en échange.

En 2017, le Venezuela était devenu le premier pays d’Amérique latine à être sanctionné par l’UE. Depuis trois ans, les Etats-Unis ont également multiplié les pressions diplomatiques et les sanctions économiques, dont un embargo sur le pétrole depuis 2019 pour évincer Nicolas Maduro du pouvoir.

L’ambassadeur des Etats-Unis au Venezuela, basé à Bogota, James Story, a estimé mercredi que « le régime est de plus en plus isolé ». Il dit « regretter que l’ambassadrice de l’UE fasse partie des près de 6 millions de personnes expulsées du Venezuela par le régime », en référence à la vague migratoire de Vénézuéliens fuyant la crise politique et économique


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