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L’armée israélienne frappe l’immeuble d’Al-Jazira et d’Associated Press

samedi 15 mai 2021 par Charles

« Le monde sera moins informé sur ce qui se passe à Gaza à cause de ce qui s’est passé aujourd’hui », a déclaré le patron de l’agence de presse américaine.

Source AFP
Publié le 15/05/2021 à 14h09 - Modifié le 15/05/2021 à 22h15
Le bâtiment s’est effondré dans un immense fracas. L’armée israélienne a bombardé samedi l’immeuble d’une dizaine d’étages abritant les locaux de la chaîne de télévision qatarie Al-Jazira et l’agence de presse américaine Associated Press (AP) dans la bande de Gaza. « L’armée a prévenu le propriétaire de la tour dans laquelle Associated Press a ses locaux qu’elle serait ciblée » par une frappe, avait écrit sur Twitter un journaliste de l’agence AP peu de temps avant. L’immeuble venait d’être évacué quand il a été visé par la frappe aérienne de Tsahal.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’est entretenu à ce sujet par téléphone avec le président américain Joe Biden et lui a confirmé que l’évacuation des personnes de l’immeuble, « où se trouvaient des cibles terroristes », avait été organisée en amont. Netanyahu a également souligné au cours de cet échange qu’Israël « faisait tout pour éviter de s’en prendre à des personnes non impliquées » dans le conflit. « Nous avons dit directement aux Israéliens que garantir la sécurité des journalistes et des médias indépendants était une responsabilité d’une importance capitale », avait tweeté plus tôt Jen Psaki, la porte-parole de l’exécutif américain.

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Al-Jazira dénonce un « crime de guerre »
Le directeur d’Al-Jazeera a dénoncé un « crime de guerre » et une tentative de « faire taire les médias » après que l’armée israélienne a bombardé samedi à Gaza l’immeuble abritant les locaux de la chaîne de télévision qatarie et d’autres médias. « La destruction des bureaux d’Al-Jazira et de ceux d’autres médias dans la tour Al-Jalaa à Gaza est une violation flagrante des droits humains et est considérée internationalement comme un crime de guerre », a ainsi dénoncé Mostafa Souag, le directeur général par intérim du groupe qatari.

« C’est une chose terrible, très triste, de cibler le bureau d’Al-Jazira et les bureaux de presse », a déclaré à l’Agence France-Presse Wael Aldahdouh, chef du bureau de la chaîne qatarie sur place. L’agence de presse américaine AP s’est dite « choquée et horrifiée. » « C’est un développement incroyablement inquiétant. Nous avons évité de justesse de terribles pertes humaines », a dit dans un communiqué le patron de l’agence, Gary Pruitt. « Le monde sera moins informé sur ce qui se passe à Gaza à cause de ce qui s’est passé aujourd’hui », a-t-il ajouté.

Dans un communiqué, les forces israéliennes ont confirmé la frappe sur ce bâtiment qui abritait, selon elles, « des entités appartenant au renseignement militaire de l’organisation terroriste Hamas » et ont accusé l’organisation islamiste de « délibérément installer des cibles militaires dans des zones ultra-peuplées », se servant, selon elle, des civils comme « boucliers humains ».

Une famille décimée
Près de 300 roquettes ont fr nouveau été lancées dans la nuit de vendredi à samedi depuis Gaza en direction d’Israël, selon l’armée israélienne, qui a poursuivi ses raids, certains meurtriers, sur plusieurs sites dans l’enclave côtière sous blocus.

Dix Palestiniens, parmi lesquels deux femmes et huit enfants, membres de deux familles cousines, ont ainsi été tués à l’aube dans l’une de ces frappes dans le camp de réfugiés d’Al Shati, situé dans la capitale de l’enclave, où vivent sous blocus israélien 2 millions de Palestiniens. Le Hamas a répliqué en tirant une salve de roquettes sur le centre d’Israël pour venger la frappe « contre des femmes et des enfants ». Un Israélien de 50 ans, au volant de sa voiture, a été tué par ces tirs dans la banlieue de Tel-Aviv, selon la police et les secours israéliens.

Alors que la flambée de violence entre Israël et les militants du Hamas à Gaza ne montre aucun signe d’accalmie après cinq jours, le dernier bilan des autorités palestiniennes fait état de 139 morts, parmi lesquels 39 enfants et 1 000 blessés dans les bombardements israéliens sur l’enclave palestinienne depuis le début.

Cette opération militaire israélienne, la plus importante depuis la guerre de 2014 avec le mouvement islamiste à Gaza, a commencé lundi, en réponse à un barrage de roquettes du Hamas sur Israël, tirées en « solidarité » avec le soulèvement palestinien sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est. Depuis, plus de 2 300 roquettes ont été lancées sur le territoire israélien, tuant 10 personnes, parmi lesquelles un enfant et un soldat, et faisant plus de 560 blessés. Selon l’armée, le bouclier antimissile Dôme de fer a intercepté plus de la moitié de ces missiles.

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Arrivée d’un émissaire américain
Le haut responsable du département d’État américain chargé des affaires israéliennes et palestiniennes Hady Amr doit rencontrer des dirigeants israéliens à Jérusalem dimanche et se rendre en Cisjordanie occupée pour des entretiens avec des responsables palestiniens.
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Malgré les appels internationaux à la désescalade, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a prévenu que son armée infligerait de « sérieux revers » au mouvement « terroriste » Hamas qui contrôle l’enclave palestinienne de Gaza. « Ce n’est pas encore fini », a-t-il souligné.

De nouvelles manifestations sont attendues samedi à travers la Cisjordanie occupée. Les Palestiniens commémorent tous les 15 mai la nakba, la « catastrophe » qu’a représentée à leurs yeux la création d’Israël en 1948, « synonyme d’exode pour des centaines de milliers d’entre eux » et qui donne chaque année lieu à des échauffourées violentes avec l’armée ou les colons israéliens.

Et sur son territoire Israël est également confronté à une escalade inédite d’une violence intercommunautaire dans ses villes « mixtes », où vivent et se mélangent d’ordinaire Juifs et Arabes, notamment à Lod (centre), Jaffa, près de Tel-Aviv, ou encore Acre, dans le nord du pays. La journée de samedi, marquée par le repos hebdomadaire du shabbat, restait à ce titre l’une des plus calmes sur ce front depuis le début de la semaine.

Le Conseil de sécurité de l’ONU doit se réunir dimanche.


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