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François Bayrou met en garde contre une chute de la démographie, danger pour le modèle social français

dimanche 16 mai 2021 par Charles

Il manquerait 40 à 50.000 naissances par an pour assurer le renouvellement des générations », prévient une note remise par le haut-commissaire au Plan, qui formule des propositions.

Par Le Figaro avec AFP

François Bayrou à Paris le 22 septembre 2020. MARTIN BUREAU / AFP
« Avoir plus d’enfants » mais aussi « accueillir des personnes d’autres pays » : le haut-commissaire au Plan, François Bayrou, plaide dans une note transmise à l’AFP pour un « pacte national pour la démographie » afin de sauver le modèle social français. Avec la crise du Covid-19, « l’impensable étant survenu, il ne devient plus impensable. Dès lors, un climat pessimiste pourrait peser sur le désir d’enfant de nos concitoyens » mais « il faut se ressaisir », lit-on dans la note obtenue par l’AFP.

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« La France a sans doute plus besoin encore que ses voisins d’une démographie dynamique car son modèle social repose, pour beaucoup, sur la solidarité entre les générations », notamment à travers le système de financement par répartition des retraites et, au-delà, de l’action sociale et de tous les services publics. Ce modèle est une « singularité française » fondée sur le principe du « tous pour chacun », et « la démographie devient la clé même de la durabilité et de la générosité du contrat social », écrit François Bayrou.

Alors que la France connaissait depuis plusieurs années « une réelle dynamique démographique », des signes « très préoccupants » d’un « dérèglement » apparaissent. « L’indice de fécondité se tasse » - de 2,02 enfants par femme en 2010 à 1,83 en 2019 - et « le nombre de naissances baisse année après année » : 753.000 en 2019 contre 818.000 en 2014. « Il manquerait 40 à 50.000 naissances par an pour assurer le renouvellement des générations », lit-on dans la note du haut-commissariat. Dans le contexte du Covid-19, « on constate une baisse tangible en 2020 » des naissances (-7% par rapport à décembre 2019). En janvier 2021, la baisse a été de 13% par rapport à l’année précédente.

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Maintenir la cohésion
« Assurer notre avenir démographique » passe par « deux voies : avoir plus d’enfants ou accueillir des personnes d’autres pays », écrit l’ancien ministre, pour qui « la France devra jouer des deux leviers dans des proportions raisonnables qui garantissent le maintien de la cohésion nationale ». Débat miné en période électorale, l’apport migratoire n’est « pas une solution d’évidence », explique à l’AFP M. Bayrou. « D’abord parce que l’impact sur la démographie n’est pas immédiat et ensuite parce que cela présente des difficultés sociale et culturelle ».

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Sa note souligne qu’en 2019, 6,7 millions d’immigrés vivent en France, soit 9,9% de la population totale, parmi lesquels 37% (2,5 millions) ont acquis la nationalité française. « Pour 2020, le solde migratoire est estimé de manière provisoire (à) +87.000 personnes », un chiffre à comparer avec le solde naturel (les naissances moins les décès) qui était de 149.000 en 2018 et 140.000 en 2019. En 2020, année marquée par le Covid-19, le solde naturel est estimé à 67.000.

« Contrairement à une idée reçue ou véhiculée, l’immigration n’est pas la cause de notre relative dynamique démographique », écrit le haut-commissaire, qui s’appuie sur l’Institut national des études démographiques (Ined) pour noter que « la croissance démographique est due pour les trois quarts au solde naturel ». « L’apport des migrations peut aider à améliorer le rapport actifs-retraités, et donc la capacité de financement de nos systèmes sociaux », ajoute François Bayrou, qui insiste : « Il faut accepter qu’elle y prenne sa part, mais celle-ci ne sera acceptée que si parallèlement les conditions sont réunies pour maintenir une ambition démographique dans notre pays ».

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« Il faut une politique familiale qui permette aux gens d’avoir le nombre d’enfants qu’ils souhaitent », déclare à l’AFP François Bayrou, rappelant que « la dégradation de la natalité en France a été concomitante des mesures fiscales touchant notamment le quotient familial ». Cela passe par l’amélioration de l’accueil de la petite enfance, la politique du logement, « le soutien aux mères de famille pour que leur carrière ne soit pas affectée par le fait qu’elles ont des enfants », insiste-t-il.

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