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Assassinat du président haïtien : des découvertes et des questions

dimanche 18 juillet 2021 par Charles Sterlin

L’enquête progresse sur l’assassinat de Jovenel Moïse, mais des zones d’ombre demeurent, notamment concernant le rôle de ses services de sécurité.

Source AFP
Publié le 16/07/2021 à 03h54
L’assassinat du président haïtien par un commando armé le 7 juillet a été planifié depuis la République dominicaine voisine, selon le chef de la police d’Haïti, qui a par ailleurs annoncé le placement à l’isolement de quatre responsables de la sécurité de Jovenel Moïse. Ces développements annoncés mercredi 14 juillet au soir par Léon Charles ne permettent de répondre que partiellement aux nombreuses questions qui continuent de se poser, notamment sur les commanditaires de l’attentat. Jovenel Moïse fut un président largement décrié pour sa dérive autoritaire, accompagnée d’une plongée dans la crise pour Haïti.

L’envoi de troupes américaines en Haïti n’est actuellement « pas à l’ordre du jour », a affirmé, jeudi, le président Joe Biden, même si le petit pays caribéen est au bord du chaos sécuritaire. Jeudi, des enquêteurs de la police fédérale américaine, qui apporte un appui technique aux investigations, ont été vus en train de sortir de la résidence du chef de l’État assassiné, emportant notamment un ordinateur, selon une photographe de l’AFP sur place.

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L’apparente facilité avec laquelle les assaillants sont parvenus à tuer en pleine nuit le chef de l’État haïtien, âgé de 53 ans, continue de susciter la suspicion des autorités. Jovenel Moïse a été touché par une douzaine de balles, avec une apparente absence de réaction des agents chargés de le protéger.

Photo virale
Dans le cadre de l’enquête diligentée par l’Inspection générale de la police haïtienne, le chef de la sécurité de Jovenel Moïse, Dimitri Hérard, et trois autres responsables ont été placés à l’isolement et 24 agents sont frappés de mesures conservatoires, a détaillé le chef policier Léon Charles. Convoqué mercredi par le parquet de Port-au-Prince, Dimitri Hérard ne s’est toutefois pas présenté au rendez-vous, tout comme le commissaire divisionnaire Jean Laguel Civil, un autre responsable de la sécurité du président.

L’enquête a également semblé progresser sur le volet international de l’affaire, dans lequel plusieurs pays sont cités, notamment les États-Unis et la Colombie. La police haïtienne a dit avoir arrêté une vingtaine de personnes, parmi lesquelles 18 Colombiens et 3 Haïtiens (deux d’entre eux ayant aussi la nationalité américaine). Trois autres Colombiens ont été tués.

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Sur une photo devenue virale sur les réseaux sociaux en Haïti, on peut voir deux des suspects déjà interpellés ainsi que l’ancien sénateur Joël John Joseph, objet d’un avis de recherche, participer côte à côte à une réunion. Selon le directeur général de la police nationale, ces personnes étaient en train de planifier l’assassinat de Jovenel Moïse en République dominicaine, pays qui se partage la même île qu’Haïti.

« Ils s’étaient réunis dans un hôtel à Saint-Domingue. Autour de la table, il y a les auteurs intellectuels, un groupe technique de recrutement et un groupe de financement », a déclaré Léon Charles. « Certains sur la photo ont déjà été appréhendés. C’est le cas du Dr Christian Emmanuel Sanon [et de] James Solages. Ce dernier a effectué les coordinations avec la firme de sécurité vénézuélienne CTU, basée à Miami », a-t-il ajouté.

« Le responsable de la firme, Antonio Emmanuel Intriago Valera, est sur la photo. Il est entré plusieurs fois en Haïti pour planifier l’assassinat. Il y a aussi sur le cliché le responsable de la compagnie Worldwide Capital Lending Group, Walter Veintemilla. Nous sommes en train d’enquêter sur cette entreprise qui aurait collecté des fonds pour financer l’exécution de l’acte criminel », a en outre expliqué Léon Charles. « Il y avait un groupe de quatre [mercenaires] qui étaient déjà présents au pays. Les autres sont entrés le 6 juin. Ils sont passés par la République dominicaine », a avancé le chef de la police.

La veuve blessée remercie
« Ce sont des anciens militaires des forces spéciales de la Colombie. Ce sont des experts, des criminels », a-t-il soutenu. Jeudi, le Pentagone a confirmé que certains de ces Colombiens avaient bénéficié de sessions de formation proposées par l’armée américaine, à l’époque où ils étaient engagés dans les forces colombiennes. Les mercenaires colombiens ont, eux, affirmé avoir été recrutés pour capturer Jovenel Moïse et le remettre à l’Agence antidrogue américaine (DEA), selon les autorités colombiennes, qui n’excluent pas qu’ils aient été trompés.

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Le plan, selon la version de ces mercenaires, était « d’organiser l’arrestation du président et de le mettre à la disposition, c’est ce qu’ils disent […], de la DEA », a déclaré, jeudi, le général Jorge Vargas, chef de la police colombienne. De son côté, la veuve du président assassiné, elle-même blessée dans l’attentat et évacuée en Floride, a remercié les personnes qui l’ont soignée. Martine Moïse a tweeté deux photos d’elle depuis son lit d’hôpital, les traits tirés et le bras droit entièrement recouvert d’un bandage.


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