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Un arrêté qui tue un mort et une dame qui réclame une rente

mardi 5 octobre 2021 par Charles Sterlin

Je n’applaudis pas à l’accord entre le Premier ministre de facto Ariel Henry et des formations politiques. Cela me semble un raccourci dont l’efficacité n’est pas garantie à un moment où, aux yeux de la majorité des citoyens, il s’agit de rompre et de repartir autrement. L’accord du Montana est dans l’idée d’une société qui se parle. Celui avec Ariel Henry ressemble plus à un partage de pouvoir entre une aile indéfinie de la mouvance PHTK et des formations politiques qui, pour un certain nombre, ne partent pas favorites pour gagner des élections honnêtes.

Je ne tiens pas pour preuve de bonne foi l’arrêté de renvoi du Conseil électoral. Ce Conseil était une aberration. Inconstitutionnel dans sa création même, inconstitutionnel quant à sa prétendue mission, n’ayant jamais bénéficié de la moindre crédibilité, dénoncé même par la « communauté internationale » qui est pourtant l’un des principaux acteurs de la catastrophe politique que vit le pays. Il est facile, et cela ne coûte rien de renvoyer par un procédé illégal un prétendu Conseil illégal et illégitime dont, de toutes les manières, personne ne voulait et qui n’avait aucune chance de convaincre, voire de convoquer.

Cet arrêté a tué un mort. Espérons, s’il faut lui trouver une valeur, qu’il mettra fin aux dépenses consenties par l’État pour les membres et les « activités » dudit Conseil. Espérons qu’on nous dira un jour ce que cette mascarade nous aura coûté de notre argent.

Ce Conseil n’était rien qu’une indignité devenue résiduelle. On s’attendait à ce que ses membres profitent de cette espèce de mise à pied pour se faire oublier en disant quelque chose comme : nous avons voulu servir mais comprenons la nécessité d’un consensus et décidons de nous retirer même si nous jugeons incorrecte la forme choisie par le Premier ministre de facto. Ils n’auraient convaincu personne en ce qui concerne leur « volonté de servir ». Quelques voix de la société auraient demandé des comptes sur les salaires et frais, l’utilisation des fonds alloués à l’institution. On aurait fait la somme de l’argent mal gagné sans doute sans aller jusqu’aux sanctions pénales. Ils auraient été mis un temps au ban et, leur crime pardonné dans une société qui place mal sa tolérance, ils essaieraient de refaire surface dans la vie publique afin de continuer à s’enrichir aux frais de la nation.

La lettre responsive à l’arrêté d’Ariel Henry signée par la vice-présidente pousse trop loin dans l’indignité. On banalisera l’ignorance du fait par la signataire que l’État n’a pas droit à la faute. Oui, oublions les délits de syntaxe et d’orthographe. Mais on ne peut banaliser l’outrecuidance de prétendre vouloir rester en poste pour servir et organiser des élections honnêtes. Madame, il n’a jamais été question pour ce CEP dont le local était vu comme un repaire d’organiser des élections honnêtes. On entend que vous vous voulez continuer à recevoir salaires, frais, avantages, alors que personne ne veut de vous, ni accord Ariel Henry, ni Montana, ni PEN, ni simples citoyens, ni même ambassades trop influentes. Pèsonn pa vle w. Quelle peut être la vraie raison pour laquelle vous voulez qu’on continue à vous verser salaires et frais ? Cela sonne comme un ayant droit qui pleure pour sa rente. Ce n’est ni beau ni sage. « Nous avons essayé de servir, mais en cette heure grave, nous ne voulons pas faire obstacle au processus de réconciliation ». C’eut été tellement plus beau. En privé on aurait dit : chat konnen, rat konnen… Mais au moins la nation vous aurait été reconnaissante d’admettre que la page est tournée.


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