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Cinéma : vendre un film étranger aux Etats-Unis, tout un art

vendredi 5 septembre 2014

Sortir un film d’auteur en français, en norvégien, en chinois ou en japonais sur le territoire américain demande expertise et souvent beaucoup de patience selon les professionnels présents au Festival international du film de Toronto.

"Les distributeurs sont devenus plus frileux, les films moyens ne passent plus", résume un vendeur français interrogé par l’AFP.

"Si le film est suffisamment bon ainsi que les vendeurs, tout est possible !", s’exclame Stine Oppegaard, de l’Institut Norvégien du film.

Certes il y a un public américain qui accepte les sous-titres et va dans les circuits de salles art et essai, "le problème est d’aller au delà de ce public", relève Adeline Monzier, représentante pour les Etats-Unis d’Unifrance films.

La part de marché des films français outre-Atlantique varie selon les années entre 0,5 et 2,5%, pic historique lié aux succès de "The Artist" et "Intouchables", rappelle-t-elle. "C’est peu mais on est de loin le pays qui s’en sort le mieux !".

Ce marché se caractérise aussi par une distribution différente. Les professionnels misent d’abord sur une sortie new-yorkaise et les réactions de la presse avant de sortir à Los Angeles, puis dans d’autres villes ou des festivals.

Certains sortiront à la fois le film en salles et sur les plateformes internet. Comme le film franco-coréen "Snowpiercer" qui a fait "5 millions de dollars en salles et 6 en VOD", selon Adeline Monzier.

- Cinéma d’auteur -

"Il y a un public américain pour le cinéma d’auteur. Regardez les succès du film indien +The Lunchbox+, 5 millions de dollars au box-office ou du polonais +Ida+ près de 4 millions", explique Louis Balsan de la société française Funny Balloons.

Cette année, il est venu vendre "Near death experience", film ovni de Benoît Delepine et Gustave Kerven avec pour tout acteur l’écrivain Michel Houellebecq en plein burn-out. Parce que les deux réalisateurs "ont leur public" et Houellebecq "est l’écrivain français le plus publié à l’étranger non ?".

Dans son escarcelle également, "Pasolini", production française mais réalisateur et acteur principal américains, Abel Ferrara et Willem Dafoe, présenté à Venise, plus facile à vendre.

Bac films a profité du festival pour annoncer le lancement du nouveau film de Nicolas Saada, "Taj Mahal", un thriller d’après une histoire vraie, l’attaque d’un commando pakistanais qui a semé la terreur à Bombay et le célèbre hôtel pendant 4 jours en 2008. Il a pour héroïne la révélation de "Nymphomaniac" la jeune franco-britannique Stacy Martin.

Toronto où les achats se font plus sur des films finis, est aussi "un endroit parfait pour lancer des projets internationaux", assure Gilles Sousa, son directeur des ventes.

Un travail en amont qui se poursuivra en novembre au Marché américain du film (AFM), rendez-vous incontournable de la profession, qui se tient tous les ans en Californie.

Autre cas de figure, le remake. Bac Film croit dur comme fer au potentiel du film de Thomas Cailley "Les combattants", histoire de jeunes facilement transposable selon lui d’un pays à l’autre.

Steven Spielberg et Dreamworks ne travaillent-ils pas sur une adaptation du film japonais "Tel père, tel fils" de Hirokazu Kore-Eda, Grand prix du jury à Cannes en 2013 ?

Maigre consolation pour Kenta Fudesaka, directeur des relations internationale d’UniJapan, organisme de promotion du cinéma nippon.

En général "quand les gens pensent film japonais, ils pensent films d’action ou d’animation", souligne-t-il.

Et encore les studios Ghibli tirent leur épingle du jeu en trouvant toujours une distribution. Ainsi "Le conte de la princesse Kaguya" d’Isao Takahata va sortir aux Etats-Unis "doublé par des acteurs connus : Chloe Grace Moretz, Beau Bridges et James Caan", détaille-t-il.

Il garde cependant en mémoire le cas de "Departures" de Yojiro Takita, Oscar du meilleur film étranger 2009. "Généralement ce type d’Oscar marche là-bas mais pas celui-là".

L’humilité est de mise aussi sur le stand de la CFPI, organisme de promotion du cinéma chinois présent pour la première fois à Toronto. A son menu, des films d’animation, un thriller ou encore une comédie sentimentale.

Et un problème global pour vendre des films "de culture différente parfois difficiles à comprendre", relève Feng Yue, directrice de la zone Europe et Afrique.


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