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Des seins nus qui ne dérangent plus ?

vendredi 31 décembre 2021 par Charles Sterlin

En allant seins nus sur une plage isolée et peu fréquentée de Saint-Boniface, l’été dernier, Claudine Lacroix ne se doutait pas qu’elle serait plongée au cœur d’un débat de société. Une citoyenne qui passait par là s’est offusquée de sa poitrine dévêtue et l’altercation qui s’en est suivie a fait couler beaucoup d’encre.

La jeune femme reviendra sur « l’affaire » à l’occasion d’une conférence CreativeMornings ayant pour thème « Libre », le 21 janvier, à Trois-Rivières.

« Je suis fière d’être dans une société qui est ouverte au débat », lance la future conférencière. Bien qu’elle considère que le corps de la femme demeure objet de sexualisation, Claudine Lacroix estime que son « aventure » a eu le mérite de définir certaines balises.

Des avis légaux ont été rédigés [en anglais seulement], statuant que la baignade torse nu est permise pour tous et pour toutes, se félicite-t-elle.

Au cours de sa conférence, Mme Lacroix entend « revenir sur les événements » en les abordant de manière personnelle, en se penchant sur l’aspect plus « sociétal », et « en adressant un message aux petites féministes de ce monde » [ce sont ses mots].

« Ça a soulevé beaucoup de questions dans ma famille », confie la Trifluvienne.

De la conception du corps de la femme aux enjeux de violence sous toutes leurs formes, ses sorties publiques répétées auront été l’occasion d’une prise de conscience pour ses proches, se réjouit-elle.

De façon plus large, Claudine Lacroix constate que « ce qui dérange une femme sur la plage, ce n’est pas son propre corps, mais le regard que les autres portent sur lui ».

Celle qui détient une maîtrise en philosophie et pratique la boxe à ses heures observe que le poids d’un costume de bain est parfois lourd à porter.

Ayant visiblement beaucoup réfléchi à la question, Mme Lacroix trace une ligne entre le désir et la sexualisation.

« Le regard de l’homme prime sur le confort et le bien-être de la femme, c’est là qu’elle est la sexualisation », soutient-elle.

Enfin, « aux petites féministes de ce monde », elle veut dire que « ça vaut toujours la peine de dire “non, je suis tanné”, même si c’est juste pour se baigner torse nu ». Sa prise de position, insiste-t-elle, vaut pour tous.

Pour ses amis trans, qui portent une poitrine parfois malgré eux, comme pour ses amis en surpoids, qui arborent aussi une poitrine.

« Il faut être patient », plaide celle qui ne revendique pas l’étiquette de militante.

« Ça ne prend pas un débat d’une semaine pour changer les pratiques d’une société au complet. Sauf qu’à moi, ça me prend juste ça pour que je change de perspective et que j’aie la certitude de mon droit », déclare-t-elle.

Briser les habitudes vient avec son lot d’inconfort, pointe encore Claudine Lacroix, que ce soit sur une plage ou ailleurs. « Les premières féministes qui ont choisi de s’inscrire à l’École polytechnique pour devenir ingénieures, ça se pouvait que durant leur première année d’étude elles aient à faire de gros compromis sur leur confort émotionnel pour pouvoir poursuivre dans ce qu’elles aimaient. C’est long changer et être considéré par les autres à sa juste valeur », conclut-elle.

La conférence de Mme Lacroix aura lieu de 21 janvier, en matinée. Aucun lieu n’a encore été annoncé. Il se pourrait d’ailleurs que l’événement soit tenu de manière virtuelle, compte tenu de l’évolution de la situation sanitaire, indique-t-on.


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