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Ketanji Brown Jackson, première juge afro-américaine à la Cour suprême

lundi 28 février 2022 par Charles Sterlin

Joe Biden a nommé une juriste de 51 ans au parcours atypique : diplômée de Harvard, elle a aussi travaillé au bureau des avocats commis d’office et à la commission chargée de réduire les inégalités raciales dans la justice.

En annonçant, vendredi 25 février, la nomination de la juge Ketanji Brown Jackson pour remplacer le juge Stephen Breyer à la Cour suprême, Joe Biden a justifié son choix par l’histoire, comme une forme de réparation des injustices. « Pendant trop longtemps, notre gouvernement, nos tribunaux n’ont pas ressemblé à l’Amérique, a-t-il souligné. Il est temps que la cour reflète tous les talents et la grandeur de notre pays. »

Sur un total de 115 juges en deux cent trente-deux ans, la Cour suprême des Etats-Unis n’a compté que deux Noirs (Thurgood Marshall et Clarence Thomas, qui y siège toujours). Si sa nomination est confirmée par le Sénat, Ketanji Brown Jackson, 51 ans, sera la troisième, et la première Afro-Américaine. Elle sera aussi la sixième femme. Sur neuf juges, quatre seront des femmes, une proportion impensable il y a quelques années.

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Annoncé à quelques jours de la fin du Black History Month, le mois qui célèbre l’histoire noire, inscrit depuis 1976 dans le calendrier national, et en présence de Kamala Harris, la première vice-présidente « de couleur » (selon l’expression américaine), le choix de Joe Biden a été salué comme historique. « Comparable à la nomination de Thurgood Marshall, en 1967, par Lyndon Johnson, a estimé le Southern Poverty Law Center, le centre de défense des Noirs installé à Montgomery, dans l’Alabama. Nul doute que, comme lui, elle laissera une marque indélébile non seulement sur le droit mais sur notre pays. »

Solide expérience de défense criminelle
Née à Washington en septembre 1970, Ketanji Brown a grandi à Miami dans un foyer d’enseignants du système public. Ses parents ont connu la ségrégation mais ont pu aller à l’université, et ils croyaient à la promesse des droits civiques. C’était l’époque du renouveau des racines africaines. Une tante, qui était membre du Peace Corps en Afrique de l’Ouest, leur avait envoyé une liste de prénoms. Ils ont choisi Ketanji Onyika (« celle qui est jolie »).

Elève brillante, Ketanji Brown a effectué le parcours classique des prétendants à la Cour suprême, sans se laisser distraire par les marques de racisme ou d’hostilité. Concours d’éloquence au lycée, faculté de droit à Harvard (1996), éditrice de la prestigieuse Harvard Law Review. En 1999-2000, elle fut clerc auprès d’un juge de la Cour suprême, en l’occurrence Stephen Breyer (1999-2000), le magistrat qui a annoncé sa retraite en janvier, et auquel elle est appelée à succéder. Ketanji Brown Jackson a aussi été juge au tribunal fédéral de Washington et venait d’être nommée à la cour d’appel du circuit du district de Columbia, le deuxième tribunal du pays en matière d’importance politique. Une position pour laquelle elle a été adoubée en 2021 au Sénat par 53 voix contre 44. Trois républicains l’avaient soutenue.

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