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Les Brésiliens aux urnes pour départager Lula et Bolsonaro

dimanche 2 octobre 2022 par Charles Sterlin

Les bureaux de vote ont fermé dimanche soir pour ce premier tour de la présidentielle qui oppose Lula le revenant – et favori – au sortant Jair Bolsonaro.

International
Les Brésiliens aux urnes pour départager Lula et Bolsonaro
Les bureaux de vote ont fermé dimanche soir pour ce premier tour de la présidentielle qui oppose Lula le revenant – et favori – au sortant Jair Bolsonaro.

Source AFP
Le Bresil doit choisir son nouveau president ce dimanche. Plusieurs candidats se sont presentes, mais le choix devra se faire entre Bolsonaro, qui brigue un second mandat, et Lula, le revenant.
Le Brésil doit choisir son nouveau président ce dimanche. Plusieurs candidats se sont présentés, mais le choix devra se faire entre Bolsonaro, qui brigue un second mandat, et Lula, le revenant.
© MIGUEL SCHINCARIOL / AFP
Publié le 02/10/2022 à 16h05 - Modifié le 02/10/2022 à 22h24
Temps de lecture : 4 min

Les 156 millions d’électeurs brésiliens ont commencé à voter dimanche pour une présidentielle tendue qui pourrait voir l’ancien président de gauche Lula être élu dès le premier tour et le chef d’État sortant d’extrême droite, Jair Bolsonaro, refuser le verdict des urnes. « Suspense jusqu’à la fin » barrait la une du grand quotidien O Globo qui soulignait aussi « l’instabilité qui a marqué toute la campagne » électorale.

Parmi les premiers électeurs qui commençaient à voter à 8 heures, heure locale (11 heures GMT), Edmilson Dias da Silva, un retraité de 72 ans, a déjà choisi Bolsonaro, pour son « bon gouvernement ». Mais ajoute-t-il prudemment, « on va attendre que l’arbitre siffle la fin de la partie ». Pour cette élection cruciale pour l’avenir de la jeune démocratie au Brésil, le choc au sommet entre Jair Bolsonaro, 67 ans, et Luiz Inacio Lula da Silva, 76 ans, a relégué les neuf autres candidats au rang de figurants.

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L’ex-président Lula (2003-2010) était toujours le grand favori dans le dernier sondage Datafolha samedi soir, avec 50 % contre 36 % à Bolsonaro. « La question est de savoir s’il y aura un second tour ou non, et c’est impossible à prédire », déclare à l’Agence France-Presse Adriano Laureno, analyste chez les consultants Prospectiva. L’autre question était de savoir si Bolsonaro respecterait le verdict des urnes. Les bureaux de vote ont fermé dimanche à 17h00 dans tout le Brésil, où 156 millions d’électeurs étaient appelés à élire leur prochain président, mais aussi leurs gouverneurs, un tiers des sénateurs et les députés fédéraux et des 27 Etats.

Une victoire de Lula, qui a marqué la vie politique brésilienne depuis un demi-siècle et concourt à sa sixième présidentielle, signerait un come-back inespéré, quatre ans après son incarcération controversée pour des soupçons de corruption. Le dernier débat présidentiel jeudi a illustré le degré de haine entre les deux favoris qui se sont étrillés, s’accusant d’être « menteur » ou « corrompu ».

La campagne, menée en gilet pare-balles par les candidats, a elle aussi été tendue. Elle a charrié des tombereaux d’attaques personnelles, livré peu de projets pour le Brésil et s’est déroulée dans un climat délétère. Ainsi, pour de nombreux Brésiliens, l’élection de Lula dès le premier tour permettrait d’« en finir » et d’échapper à quatre semaines supplémentaires de campagne à couteaux tirés jusqu’à un second tour, le 30 octobre.

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Bolsonaro menace déjà de contester les résultats
Mais un second tour pourrait permettre à Bolsonaro de galvaniser ses troupes et de trouver un nouvel élan. Sur son compte Twitter, il a publié les messages de soutien de ses rares alliés : l’ancien président américain Donald Trump qui appelle les Brésiliens à « réélire l’un des plus grands présidents d’aucun pays dans le monde », de même que l’ex-Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou ou le Premier ministre hongrois Viktor Orban.

Mais espérant une victoire dès le premier tour, l’équipe de Lula a fait campagne pour le « vote utile », lorgnant du côté des électeurs de Ciro Gomes (centre gauche), 4e dans les sondages avec 5 % des intentions de vote. Jair Bolsonaro a affirmé qu’il serait « anormal » qu’il n’obtienne pas au moins 60 % des voix dimanche et rejette les sondages « mensongers ». « Je pense qu’il va contester le résultat s’il perd, dit Adriano Laureno, mais cela ne veut pas dire qu’il va réussir. La communauté internationale va reconnaître le résultat rapidement ».

L’ex-capitaine de l’armée a lancé des attaques innombrables contre la fiabilité des urnes électroniques, laissant planer la menace d’un remake brésilien de l’assaut du Capitole à Washington en 2021 après la défaite de Trump. L’armée n’a donné aucun signe d’agitation et les États-Unis ont indiqué qu’ils allaient « suivre de près » l’élection.
« Démocratie contre fascisme »
Lula, le chef du Parti des travailleurs (PT), a réuni une vaste coalition de dix partis allant jusqu’au centre droit de son colistier, l’ex-gouverneur de São Paulo Geraldo Alckmin, choisi pour rassurer les milieux économiques. Il a voté tôt dimanche au premier tour, souhaitant voir le Brésil « revenir à la normalité » après quatre ans de mandat du président d’extrême droite. Vêtu d’un costume marine, il a voté à São Bernardo do Campo, une banlieue ouvrière de São Paulo. « Nous ne voulons plus de haine, de discorde. Nous voulons un pays en paix », a-t-il dit en référence aux fractures du pays.

Bolsonaro se présente sous l’étiquette du petit Parti libéral (PL) et bénéficie du soutien enthousiaste des évangéliques, du lobby de l’agronégoce et des proarmes, et de l’appui, plus réservé, du patronat. Il a, lui, voté à Rio de Janeiro, vêtu du maillot jaune et vert de l’équipe nationale de football sous lequel il portait un gilet pare-balles, et a encore laissé planer le doute sur une éventuelle contestation du résultat. « Si les élections sont propres, aucun problème. Que le meilleur gagne ! » a déclaré le chef de l’État. La majorité des Brésiliens attend de leur président qu’il lutte contre la faim dont souffrent 30 millions d’entre eux, l’inflation et le chômage qui ont renforcé la précarité et la corruption.


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