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René Préval, pas René Garcia Préval et autres inexactitudes

lundi 13 mars 2017

Selon ses proches, Garcia ne figure pas sur son acte de naissance. Il n’a jamais signé aucun acte de ce deuxième prénom inventé pour lui. Garcia ne figure pas dans son annonce de décès. Mais le Garcia a une histoire. Sa mère l’appelait de ce sobriquet. « Je n’ai jamais dit Naje pou soti ».

C’est René Préval lui-même qui en a fait la révélation au Nouvelliste. « Personne n’a jamais pu me faire avoir l’enregistrement où il y a cette phrase prononcée par moi », insistait l’ancien président, moins d’un mois avant son décès, lors d’un entretien accordé au journal dans le cadre d’une série de conversations.

« J’aurais pu dire « Naje pou soti », mais je n’ai pas souvenir de l’avoir fait. La première fois que l’on m’en a parlé, j’étais dans l’Artibonite quand un paysan m’a approché pour me demander qu’elle en fut la signification. Je ne savais pas de quoi il me parlait », a poursuivi l’homme de Marmelade.

Autre sujet incrusté dans la légende de René Préval, il serait porté sur la bouteille et vouerait un amour immodéré pour les alcools forts. Là encore, René Préval met tout le monde au défi : « Qui m’a déjà vu saoul ? », « Qui m’a déjà vu vidant verre après verre ? » Personne.

Le président avouera au Nouvelliste que c’est Wikileaks qui lui fit découvrir la meilleure citation faite à son sujet sur la question de la boisson. Elle est de Janet Sanderson, ambassadeur américain en Haïti. Selon un des câbles de Wikileaks, elle a écrit dans un rapport au Département d’État : « On dit qu’il (Préval) boit beaucoup. Je ne l’ai jamais vu boire. Je ne l’ai jamais vu saoul. »

Selon l’ex-président, la réputation d’alcoolique lui a été accolée lors du naufrage du bateau Fierté Gonavienne. Au troisième jour de récupération des corps des centaines de passagers péris noyés, il a soif et on lui offre à boire. Il demande une bière. On lui apporte une Presidente. Un cameraman le voit boire, fixe l’image, fait un zoom sur la bière importée de la République dominicaine. La diffusion du reportage le fait passer pour un insouciant et un alcoolique. La bière, il l’avait réclamée, dit-il, car il était incommodé par la chaleur et l’odeur de la morgue à ciel ouvert qui tenait lieu de chapelle ardente. Une bière. Rien de plus ce jour-là, insiste-t-il.

Il n’aime pas parler, disait-on de lui. Au contraire, il adorait parler, avait toujours une blague, une anecdote, une histoire. Dans certaines occasions il monopolisait la parole. Il avait tant à dire. Cependant, il savait qu’en politique haïtienne le silence est d’or. Il abusait du silence, sans jamais cesser de tenir des réunions, des rencontres, et parlait plus que la moyenne.

Un maniaque de la ponctualité. René Préval ne badinait pas avec l’exactitude. Il était toujours à l’heure à ses rendez-vous et exigeait la pareille de ses invités. Pour éviter des reproches à ses convives il appelait, il rappelait pour souligner l’heure des rendez-vous. On ne compte plus les ministres qui n’ont pu accéder au Conseil des ministres pendant ses deux mandats. La porte de la salle du Conseil leur était fermée après l’heure convenue.

Ce même Préval empêchait les ministres et les chefs de tout poil, pendant ses mandats, d’user de sirène, de gyrophares et de vitres teintées. Etre comme la population était une exigence en son temps. Conduisant souvent lui-même, il s’est retrouvé plus d’une fois en mauvaise posture quand des patrouilles de la Minustah le stoppait et que le policier ou le militaire en service ne comprenait pas que ce barbu, frêle et sans escorte, était le président d’Haïti.

- Préval racontait de bon cœur un épisode qui faillit tourner au drame quand, de bonne heure, voulant se rendre à Marmelade, il avait pris le volant seul, dans une simple Land Cruiser « Zo Reken ». Stoppé à l’entrée de St-Marc, les policiers haïtiens eurent toutes les difficultés du monde à convaincre les militaires de l’ONU qu’il était bien un ancien président d’Haïti.

Cette simplicité a marqué tout le monde depuis qu’il est mort. Préval est parti sans faire de bruit, même si sa mort a provoqué le concert d’éloges le plus unanime reçu par un ex-chef d’État haïtien depuis des décennies. Préval, qui se méfiait du protocole, a dû se dire qu’encore une fois, les spécialistes en courbettes et salamalecs ont raté leur coup pour le mettre dans un carcan. Le deuil national, décrété en retard et sans communication explicative par le gouvernement ou par les services du protocole du palais, n’a pas été respecté.

En l’honneur de René Préval, le bon vivant, les boîtes de nuit et les orchestres ont joué même sur les places publiques pour la nuit de sa veillée et les fêtes s’annoncent plus grandioses encore ce samedi, jour de ses funérailles nationales.

Port-au-Prince, le pays ne pleurent pas le départ de René Préval, ils se rappellent son passage comme celui de l’un des moins mauvais présidents haïtiens et cela est une victoire pour le président Préval.

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